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Quatre points clés pour sevrer plus de 33 porcelets par truie

Au Gaec de Loguivy à Tonquédec, Côtes-d’Armor, les truies Naïma 2.0 sevrent 33,7 porcelets par an. Pour cela, Stéphanie et Stéphane Kerleveo ont mis en place une conduite d’élevage rigoureuse de la quarantaine jusqu’à la réforme.

Trois chiffres traduisent le potentiel des truies (Naïma 2.0 de Choice Genetics) du Gaec de Loguivy : 15,4 porcelets nés totaux, 14,33 nés vivants et 13,13 sevrés par portée. À ces performances de portées s’ajoute un rythme de reproduction élevé lié à un sevrage à 21 jours et de bonnes venues en chaleur (voir tableau). Par ailleurs, le faible taux de renouvellement et le nombre important de portées par truie réformée démontrent que les truies supportent sans problème de sevrer tous leurs porcelets sans faire appel à l’adoption. Les deux éleveurs du Gaec, Stéphanie et Stéphane Kerleveo, mettent en avant, avec leur technicien Philippe Bergot du groupement Prestor, quatre points essentiels qui expliquent ces performances.

1 Une quarantaine longue pour bien préparer les cochettes

« Une quarantaine d’au moins neuf semaines est un préalable indispensable permettant d’optimiser les performances de reproduction », estime Philippe Bergot. Au Gaec de Loguivy, elle démarre par trois semaines d’adaptation, avec une vaccination SDRP dès le premier jour. Durant cette phase, les éleveurs apprivoisent les animaux. Ils entrent tous les jours dans la case pour remplir le nourrisseur placé volontairement à l’opposé de la porte. Durant la seconde phase qui dure entre 4 et 6 semaines, une coche de réforme est introduite dans la case. Les cochettes se contaminent aussi au microbisme de l’élevage par l’apport de déjections de truies du bloc saillies.

Pendant toute la quarantaine, les cochettes ne reçoivent que 2,3 kg par jour d’un aliment de gestation. « L’objectif est de casser leur croissance et d’éviter un dépôt trop important de muscle », explique Philippe Bergot. Ensuite, durant la phase de synchronisation des chaleurs, la ration monte à 2,6-2,7 kg afin de favoriser le dépôt de gras. « Cette augmentation optimise l’ovulation et permet un début de constitution des réserves corporelles nécessaires aux portées nombreuses. »

2 De la présence à la mise bas, mais peu d’interventions

Stéphanie est présente dans la maternité durant les jours de mise bas. Stéphane repasse en soirée si certaines mises bas se prolongent. « Nous faisons une injection de Planate aux truies le jour prévu des mises bas, et non pas la veille, afin d’avoir des porcelets vigoureux et d’être tranquilles le week-end », explique Stéphanie Kerleveo. Mais cette stratégie n’empêche pas les mises bas de nuit. Les fouilles sont plutôt rares. Les éleveurs n’interviennent que sur les vieilles truies. L’ocytocine est utilisée avec modération, « seulement à partir de 8-10 porcelets, si l’intervalle entre deux expulsions s’allonge ». Les deux éleveurs expliquent ce faible niveau d’intervention par la capacité naturelle de leurs truies à mettre bas facilement.

3 Un maximum de sevrés sous la mère

La conduite en quatre bandes interdit la pratique des doubles lactations. « Ce n’est pas gênant, puisque nos truies peuvent sevrer tous leurs porcelets à 21 jours », constate Stéphanie Kerleveo. Les adoptions à la mise bas sont limitées. « Les porcelets adoptés sont plus sensibles à la diarrhée. » Les plus petits sont rassemblés sous les secondes portées. Les cochettes sont préservées, en ne leur laissant que 13 à 14 porcelets dès le deuxième jour de lactation. « Au dixième jour de lactation, nous sevrons une seule portée sur les 55 de la bande, pour regrouper les plus petits sous cette truie. »

L’aliment de lactation est distribué en deux repas par jour la première semaine, et en trois repas par jour les deux semaines suivantes. La courbe d’alimentation est plafonnée à 8,3 kg pour les multipares, à 7,1 kg pour les cochettes. « Les truies consomment en moyenne 259 kg d’aliment de lactation par an, ce qui est relativement faible pour ce niveau de productivité », souligne Philippe Bergot.

Les bons critères de reproduction enregistrés en GTTT démontrent que les truies supportent bien leur niveau de productivité très élevé et le poids important des portées au sevrage (77,2 kg). Un poids favorisé par une consommation importante d’aliment préstarter distribué sous forme de bouillie sous la mère (200 grammes par porcelet).

4 "Soyez sympa avec vos truies, elles vous le rendront bien"

C’est le mot d’ordre de Stéphanie Kerleveo, qui estime que la confiance des truies vis-à-vis des éleveurs est un critère essentiel dans l’obtention de bonnes performances techniques. « Elles doivent se sentir bien en maternité. Non stressées, elles écrasent très peu de porcelets. Ici, pas besoin de cages ascenseur pour limiter les pertes. » Le bien-être des truies au Gaec de Loguivy se traduit également par un faible taux de réforme des jeunes reproducteurs, « 14,5 % seulement avant le rang 4 », souligne Philippe Bergot, et par des carrières longues, ce qui limite le taux de renouvellement annuel. « Le maintien d’un bon état corporel, l’absence de problèmes locomoteurs et de pépins sanitaires nous permet de prolonger la carrière des truies », conclut Stéphane Kerleveo.

Fiche d’identité

Gaec de Loguivy à Tonquédec (Côtes-d’Armor)

250 truies naisseur-engraisseur

Conduite en 4 bandes, sevrage à 21 jours

Groupement : Prestor

Génétique femelle : Naïma 2.0 (Choice Genetics)

La Naïma 2,0 confirme son potentiel génétique

Choice Genetics a entièrement redéfini et affiné les orientations de sélection de ses lignées femelles depuis 2014 (programme Naïma 2.0) en mettant l’accent sur la rusticité, l’autonomie et la qualité du porcelet sevré. « Faire naître des porcelets nombreux est une nécessité. Gérer les porcelets surnuméraires pour en sortir des porcs charcutiers supplémentaires est le but final », assure Arnaud Guérin, directeur commercial. Pour cela, l’OSP a intensifié sa sélection sur le nombre de tétines, les qualités laitières et maternelles des truies, la vitalité des porcelets et le poids de la portée. Cette nouvelle stratégie a permis en trois ans d’augmenter de plus de 40 % l’index global lignée femelle, un critère synthétique utilisé par Choice Genetics pour quantifier la valeur génétique de ses truies. Au niveau des critères de production, Choice Genetics met l’accent sur la croissance, l’indice de consommation et l’efficacité alimentaire, grâce à la mise en place d’appareils de mesures de la consommation et du comportement alimentaire dans les élevages de sélection des lignées femelles Gallia et Redone.

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