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"Physior est un concept d'élevage porcin alternatif prometteur"

Pierre Morfouace et ses deux salariés dressent un bilan très positif de leur élevage alternatif conçu selon le concept Physior développé par Le Gouessant. Ils sont cependant conscients des limites économiques et des freins psychologiques qu’engendre ce mode de production.

Initié en 2021 par la coopérative Le Gouessant et financé par la région Bretagne, le projet EPP (Élevage Porc Pilote) a développé et évalué un concept d’élevage alternatif avec liberté totale des truies, accès à l’extérieur permanent pour tous les animaux, surface augmentée, paille, zones de vie différenciées et arrêt de la coupe des queues.

Pour Pierre Morfouace, l’éleveur qui a investi dans cet élevage à Plestan dans les Côtes d’Armor, et ses salariés Jules Chaton et Noémie Studer, le concept Physior améliore significativement la qualité de vie au travail et le bien-être animal : « c’est l’avenir pour les animaux et le confort de l’éleveur. C’est beaucoup plus agréable de travailler dans ce type d’élevage », affirment-ils. Pour des raisons de conduite d’élevage et de marché, les éleveurs jugent préférable de le décliner ce concept à tous les stades physiologiques des animaux. D’après les nombreuses demandes de visite de jeunes en formation, le concept Physior apparaît comme une alternative prometteuse pour transformer l’image de l’élevage porcin et attirer une nouvelle génération d’éleveurs. Toutefois, sa généralisation devra surmonter deux obstacles : le coût économique et les freins psychologiques. Un contrat sécurisant économiquement a joué un rôle déterminant dans le succès de ce projet. Conclu entre Le Gouessant, Kerméné et l’éleveur, il garantit sur douze ans un prix indexé sur le coût de revient pour tous les kilos de porcs produits sur l’élevage.

"L’outil est transmissible"

L’éleveur et ses deux salariés se sont montrés dès le départ particulièrement motivés en raison de leur sensibilité aux évolutions sociétales sur le bien-être animal et de leur goût pour l’innovation. "J’ai aussi vu l’opportunité de redynamiser mon activité et de construire un outil d’avenir à transmettre", affirme Pierre Morfouace. L’enthousiasme est resté intact au fil des ans. "Nous apprécions le comportement et le bien-être des animaux, la relation homme-animal, le travail en plein air et dans des bâtiments spacieux, l’apprentissage constant et le défi". L’éleveur et ses salariés se distinguent par leur sérénité, rassurés par un taux de réussite de 94 % à l’insémination sur les premières bandes et un contrat sécurisant. La maîtrise de l’élevage a pris deux ans. Partant « d’une page blanche », ils ont expérimenté diverses techniques pour optimiser sa conduite. Leur expérience en conventionnel, combinée à des échanges avec d’autres éleveurs et des techniciens, a joué un rôle clé dans la prise en main. Aujourd’hui, les résultats se révèlent d’un très bon niveau, et réguliers. Bien que les animaux passent, en moyenne, la moitié de leur temps à l’extérieur, les performances, notamment l’indice de consommation, ne semblent pas impactés, comparés aux résultats des élevages naisseur-engraisseur bretons.

Deux fois plus de main-d’œuvre

Sur cet élevage de 265 truies, deux fois plus de personnes sont nécessaires qu’en conventionnel pour le même nombre d’animaux, en raison notamment des tâches de paillage - curage, d’observation (dedans/dehors) et de lavage (surface plus importante). Pour limiter la pénibilité et se consacrer à des tâches plus rentables, le lavage est partiellement sous-traité. Un robot de lavage a été testé mais les cases en engraissement sont trop profondes. Les tâches sont effectuées en binôme ou trinôme ce qui rend leur réalisation plus agréable et rapide et facilite les remplacements en cas d’absence. L’équipe a développé une forte cohésion, marquée par la bonne entente, la complémentarité et la confiance. L’implication et l’innovation de chacun sont encouragées. Outre savoir gérer la paille (quantité, qualité, distribution), cet élevage requiert spécifiquement un caractère animalier.

Le bruit et les émissions (ammoniac, poussière) ne posent pas de problèmes du fait des grands volumes de bâtiments, du temps passé à l’extérieur et de l’absence de fosse sous les bâtiments. Le principal risque est lié aux bousculades lors du tri des porcs charcutiers particulièrement vifs ou en maternité après la mise bas. Le point à améliorer est l’évacuation des déjections en gestantes. Elles sont trop solides à cause de la paille consommée et transportée par les truies qui bouche l’évacuation et nécessite de curer les préfosses. Le projet initial prévoyait des racleurs sous les caillebotis en gestantes, non installés pour raison budgétaire.

Christine Roguet, christine.roguet@ifip.asso.fr

Repères

Pour réaliser cette évaluation, des entretiens ont été menés par L’Ifip avec le chef d’exploitation et ses deux salariés afin d’évaluer l’impact de ce mode d’élevage innovant sur leurs conditions de travail :

en 2021, lors de la construction des bâtiments
en 2023, après une année de travail complète sur l’ensemble des stades physiologiques
en 2024, une fois que l’élevage avait trouvé son rythme de croisière.

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