Maternité collective de Matessart en Vendée : près de 40 porcelets sevrés dès la première année
Le travail réalisé par l’équipe de salarié de la SAS Matessart avec les partenaires de la structure a permis d’atteindre des niveaux de productivité très élevés dès les premiers mois de fonctionnement de la maternité collective.
Le travail réalisé par l’équipe de salarié de la SAS Matessart avec les partenaires de la structure a permis d’atteindre des niveaux de productivité très élevés dès les premiers mois de fonctionnement de la maternité collective.




Depuis son inauguration le 22 mai 2024, la maternité collective de Matessart aux Essarts en Vendée tourne à plein régime.
Alors que les truies n’ont pas encore toutes réalisé leur seconde lactation, le nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an frôle déjà les 40 (16 sevrés par portée), et tous les principaux critères techniques sont au vert. Ces performances de haut niveau sont le fruit d’une combinaison réussie de points tous essentiels : une rénovation d’un site naisseur-engraisseur en maternité collective de 749 truies présente, et un partenariat intelligent entre les différents intervenants dans l’élevage (le groupement Porcineo, la génétique femelle Danbred, le fournisseur d’aliment Cavac, la firme service Provimi qui a investi dans des équipements permettant de faire des essais d’aliment, des éleveurs actionnaires représentés par Bertrand Bouhier, le gérant, et une équipe de trois salariés motivés et soudés, menés par leur chef d’élevage, Frédéric Lecherf).
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Une organisation du travail optimisée
« Nous avons conçu cet élevage pour une conduite en 7 bandes de 100 truies », explique-t-il. « Cette conduite à l’avantage de gérer les pointes de travail ensemble, ce qui permet l’intégration de salariés peu qualifiés ». Son principal critère d’embauche est la capacité d’écoute des personnes, avant leur expérience professionnelle. « Je peux ainsi leur déléguer du travail en toute confiance ». Les emplois du temps de chacun s’articulent autour de trois pics de travail :
Sevrage précoce pour gérer les grandes portées
Malgré 20,3 porcelets nés totaux et 18,8 nés vivants par portée sur les neuf premières bandes, la gestion des portées reste très simple. « Les porcelets accèdent aux tétines à tour de rôle. Les tétées alternées ne sont pas nécessaires » estime Frédéric Lecherf. « Un aliment péri mise bas contenant un hépato-protecteur, un acidifiant urinaire et un anti-inflammatoire intestinal est distribué pendant dix jours avant la mise bas à raison de 3,4 kg par jour. Il assure une lactation et un apport de colostrum suffisant pour tous ». Des adoptions réalisées entre 24 et 48 heures après la mise bas sont cependant indispensables pour homogénéiser les portées. Elles concernent 13 % des porcelets. Mais pour le chef d’élevage, le point essentiel de sa conduite consiste à sevrer précocement les plus gros porcelets à 14 jours de vie, pour ne laisser que 14 porcelets sous la mère. « Cette méthode est plus simple à appliquer que celle des doubles lactations avec des truies de la bande précédente », fait-il observer. " Elle laisse une bonne dizaine de jours aux porcelets les plus légers pour reprendre du poids avant le sevrage". La croissance des porcelets sevrés précocement cale un peu, mais ils reprennent vite du poids dès qu’ils consomment de l’aliment solide. " Nous obtenons ainsi des porcelets très homogènes au sevrage qui satisfont les éleveurs actionnaires."
Gérer le comportement des truies
Ces bons résultats sont également la résultante d’une conduite des truies efficace qui débute dès la quarantaine par la sociabilisation des cochettes. « La distribution de sirop de grenadine avant la période de synchronisation des chaleurs les met en confiance », constate Frédéric Lecherf. « Elles se laissent approcher plus facilement, et surtout il y a moins de chaleurs silencieuses. Elles craignent moins le verrat et l’humain et expriment plus facilement leur état physiologique ». Les salariés de l’élevage ont malgré tout été confrontés à des problèmes de conflits entre truies à la mise en groupes de huit à dix animaux dans le bâtiment gestante. Pour atténuer l’agressivité des animaux, Frédéric Lecherf a testé une alimentation poussée à quatre kilos par jour pendant une semaine afin d’atteindre le niveau de satiété, mais sans véritables effets. « Nous avons aussi essayé différents masquants d’odeur. Le plus efficace actuellement est le Sebacil pour-on utilisé aussi pour la prévention de la gale. Sa rémanence est supérieure à celle du Sebacil solution et son application par pistolet drogueur de la nuque à la queue est facile. Il est aussi malheureusement beaucoup plus onéreux ».
Un programme alimentaire pour couvrir les besoins
Le programme alimentaire en cours de gestation commence par une ration de base à trois kilos durant le premier mois de gestation, variable entre -10 et + 15 % selon l’état. "J’estime l’état des truies à l’œil. Les ELD réalisées dans le cadre des essais Provimi m’apportent une indication supplémentaire ". Entre 30 et 70 jours, la ration baisse à des niveaux compris entre 2,5 et 2,7 kg de 30 à 70 jours. Elle remonte ensuite progressivement jusqu’à 3,4 kg jusqu’à la mise bas. « Nous ne leur imposons pas de diète alimentaire le jour des naissances. L’objectif est de couvrir le plus le plus possible les besoins des truies et des porcelets par l’aliment ». Objectif atteint, avec un poids moyen de 1,35 kg à la mise bas, pour 20 porcelets nés totaux par portée ! Toujours pour couvrir les besoins des animaux et notamment la production laitière, la ration en maternité monte jusqu’à 10 kg par jour dès le quatorzième jour qui suit les naissances. Le système d’alimentation choisi pour assurer une alimentation individuelle et contrôlable à distance (Aco Funki) délivre des petites quantités d’aliment à la fois à la demande de la truie. La distribution d’aliment est répartie sur deux périodes quotidiennes avant 14 jours de lactation (à partir de 8 et 14 heures), trois périodes en seconde partie de lactation (6, 11 et 17 heures). L’absence de syndrome de la deuxième portée (seulement 4,7 jours d’intervalle sevrage-saillie fécondante et + 0.6 porcelets sevrés par portée par rapport aux primipares) prouve que les besoins des reproductrices sont bien couverts par ces niveaux d’alimentation. « Quand le rang moyen de portée va augmenter, un plafond plus élevé sera probablement indispensable », estime cependant Michel Chiffoleau. Sur les neuf premières bandes, Frédéric Lecherf estime le poids de portée à 110 kg en moyenne à 25 jours de vie, pour 16 porcelets sevrés par portée (6,9 kg par porcelet).
Repères
SAS Matessart aux Essarts en Vendée
« De jeunes éleveurs nous rejoignent »

Bertrand Bouhier, gérant de la SAS Matessart
« Grâce à la bonne productivité des truies, notre objectif initlal de 23 000 porcelets produits par an est dépassé. La qualité est au rendez-vous, notamment depuis que les premières truies arrivent en seconde portée, et que le statut sanitaire de l’élevage s’est stabilisé. Nous sommes cinq éleveurs actionnaires, accompagnés dans le capital de la SAS par Porcineo. D’autres vont nous rejoindre selon les disponibilités en porcelets. Le prochain est un jeune qui reprend un élevage naisseur-engraisseur tout en arrêtant la partie naissage. Son lien au sol lui permettra de fabriquer ses propres aliments et de maîtriser son coût alimentaire. Notre coût de revient au porcelet est légèrement supérieur à celui annoncé (49,50 € au lieu de 45 €). Nous prévoyons de passer à quatre salariés permanent au lieu de trois et demi avec une prestation extérieure pour le lavage. Cette prestation sera maintenue ponctuellement pour les remplacement ».