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Les Ripp en mode prévention

Rencontre internationale de production porcine. La journée technique organisée à Rennes par Chêne Vert Conseil a décrypté différentes stratégies de prévention pour limiter l’impact des germes pathogènes dans les élevages.

Dans un contexte de démédication, toute solution est bonne à prendre pour limiter les traitements antibiotiques et la propagation des pathogènes dans l’élevage. L’expérience des Québécois, soumis durement à la diarrhée épidémique porcine (DEP) en 2014, prouve que la biosécurité externe est un moyen efficace de juguler cette pathologie redoutable. En France, des protocoles d’éradication du virus du SDRP sur le cheptel truies sont désormais bien au point en associant la vaccination et la biosécurité. Le cabinet vétérinaire Porc. Spective s’appuie sur un réseau de 23 élevages pour prouver leur efficacité. Enfin, les autovaccins, utilisés depuis longtemps en production porcine, sont toujours aussi efficaces.

Biosécurité, l’expérience canadienne

L’entreprise québécoise F. Ménard a développé une expertise pour faire face au SDRP, puis à la DEP qui sévit dans le pays depuis 2014. La vétérinaire de l’entreprise, Julie Ménard, met en garde les éleveurs contre toute introduction de matériel dans l’élevage. Elle relate l’expérience malheureuse vécue dans un élevage de multiplication de 1 500 truies, initialement négatif au SDRP et situé dans une zone à faible densité porcine, qui s’est positivé à cause de matériel recouvert de poussière introduit dans l’élevage par une équipe de dépannage de matériel de distribution d’aliment. « Quelques jours plus tard, plusieurs avortements ont eu lieu, dans la même section où les réparations ont eu lieu. Cet incident a coûté plus d’un million de dollars à l’entreprise ! », déplore-t-elle.

Cependant, elle considère que le facteur de risque le plus important à considérer est le transport des animaux. F. Ménard apporte une attention particulière à la qualité du lavage et de la désinfection des remorques entre deux tournées. L’entreprise met également l’accent sur la qualité du quai de déchargement, dont le rôle est de constituer une barrière physique à l’introduction de pathogènes.

Sevrer des porcelets négatifs SDRP

Selon Pauline Berton, vétérinaire Porc. Spective à Noyal-Pontivy, dans le Morbihan, il est possible de sevrer des porcelets négatifs au SDRP dans un élevage où la circulation du virus a été mise en évidence, en associant un plan de vaccination, une biosécurité renforcée et un plan de gestion spécifique pour les animaux de renouvellement. « Le caractère monosite des élevages et une forte densité porcine dans la région ne doivent pas constituer des freins à la prise de décision », soutient-elle. Pauline Berton met cependant en avant les critères indispensables à la réussite de la démarche : « une chaîne de bâtiments cohérente pour une marche en avant efficace, et surtout une motivation et une disponibilité sans faille de l’éleveur et de son équipe ».

Le contrôle de l’efficacité de ces mesures se fait à la fois par des prélèvements sanguins sur des porcelets au sevrage, et par le suivi sérologique de cochettes « sentinelles ». « Ces cochettes négatives SDRP et non vaccinées sont laissées en liberté dans le troupeau pour favoriser les contacts nez-à-nez avec les autres truies. On considère que le pari est gagné quand tous les prélèvements – porcelets et cochettes sentinelles – sont négatifs », indique Pauline Berton. « Sur 23 élevages suivis par les vétérinaires de Chêne Vert Conseil qui ont appliqué le protocole, 22 ont atteint les objectifs fixés », conclut-elle.

Les autovaccins pour réduire les antibiotiques

L’autovaccination des animaux a été abordé aux Ripp pour trois pathologies contre lesquelles il n’existe pas ou peu de vaccins du commerce.

Contre Streptococcus suis, Pieter Van Rengen, vétérinaire aux Pays-Bas, souligne qu’un élevage sur quatre utilise un autovaccin. Un suivi réalisé dans huit élevages néerlandais ayant utlisé un autovaccin Biovac a révélé une baisse de moitié du taux de pertes liés au streptocoque. L’usage des antibiotiques a diminué d’environ 75 %. Le vétérinaire souligne cependant l’importance d’une mise à jour régulière du vaccin pour un effet durable à long terme. « Une recrudescence de symptômes cliniques peut être liée à l’apparition d’une nouvelle souche. »
Dans la lutte contre Actinobacillus pleuropneumoniae (APP), la bactériologie et le sérotypage sont déterminants pour fabriquer l’autovaccin. Dans des cas aigus de pleuropneumonie, Arnaud Lebret, vétérinaire Porc. Spective à Noyal-Pontivy, dans le Morbihan, recommande une vaccination avec le seul vaccin commercial existant sur le marché, le temps de fabriquer l’autovaccin. « Une fois que la clinique est sous contrôle, nous mettons en place un plan diagnostic pour vérifier l’absence de circulation active de la bactérie dans l’élevage, dans le but d’arrêter la vaccination ».
L’Haemophilus parasuis est bien plus complexe à diagnostiquer que la pleuropneumonie, car les lésions macroscopiques ne sont jamais caractéristiques de la maladie, selon Arnaud Lebret. « Par ailleurs, la culture bactérienne sur les prélèvements de plèvre est parfois décevante. Il convient donc de prendre beaucoup de précautions dans la réalisation de ces prélèvements et leur acheminement au laboratoire, souligne-t-il. Malgré ces contraintes, le recours aux autovaccins est très fréquent du fait des limites d’utilisation du seul vaccin commercial existant. »

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