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Résorption des excédents
Les coopératives se fédèrent pour un traitement mobile du lisier

Dans les Côtes-d’Armor, cinq coopératives et groupements de producteurs ont créé une union de coopératives pour exploiter en commun un traitement mobile des effluents.

© dp

Depuis le mois de mai, une unité de traitement mobile du lisier de type Smelox fonctionne dans les Côtes-d’Armor. Cette unité est la propriété d’Ulis 22, une union de coopératives créée spécialement pour cette occasion  ( 1). Elle permettra de traiter environ 15 000 m3 de lisier par an dans une vingtaine d’élevages. « Elle est essentiellement destinée aux éleveurs qui ont de faibles excédents d’azote à résorber », souligne Jean-Pierre Le Bouette, président d’Ulis 22 et du groupement l’Armorique. Ce projet avait été initié à la fin de l’année 2006. À cette époque, les pouvoirs publics étaient sommés par l’Europe de mettre en place de nouvelles mesures pour accélérer la reconquête de la qualité de l’eau de neuf bassins versants bretons (voir Réussir Porcs, avril 2007). L’État avait alors décidé de limiter les apports d’azote en bassins versants à 140 unités d’azote par hectare. Du jour au lendemain, certains éleveurs, jusque-là en règle avec les normes environnementales, ont été obligés de résorber de petites quantités d’azote excédentaires. Pour eux, il n’était pas question d’investir dans des stations fixes, non adaptées à ces petites quantités. C’est la chambre d’agriculture qui a été à l’origine de ce projet. Sous l’égide de Pierre Quideau, technicien à la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, les cinq coopératives se sont retrouvées partenaires pour l’occasion, et se sont engagées à parts égales dans l’union. À charge pour elles de proposer ce système de traitement à leurs adhérents qui en ont besoin. C’est Evalor, la structure issue de la fusion entre Valetec et APV Compost, qui a réalisé la station mobile. La société fournit également une prestation à Ulis 22 pour sa gestion et son entretien.

L’outil fonctionne en autonomie énergétique complète, grâce à un groupe électrogène intégré. L’ensemble des installations repose sur deux remorques routières. Sur la première, une cuve permet de stocker 5 m3 de lisier, qui est soumis dans un premier temps à une centrifugation. C’est également sur cette remorque que se trouve le groupe électrogène et la réserve de fuel. La pompe qui sert à amener le lisier se trouve dans une petite remorque annexe. La phase liquide issue de la centrifugation est ensuite transférée vers la seconde remorque, sur laquelle se trouve le procédé Smelox proprement dit. « Nous avons choisi ce procédé car c’est le seul qui abat 80 % du phosphore et 85 % de l’azote tout en pouvant fonctionner de manière mobile », précise Jean-Pierre Le Bouette. Pour réceptionner l’installation dans de bonnes conditions, l’éleveur doit réaliser une plate-forme en béton avec un système de récupération des eaux de lavage. Il faut également une fosse d’homogénéisation du lisier brut, ainsi qu’une fosse ou une lagune de récupération de la phase liquide traitée.

Le séchage et la commercialisation du coproduit solide est à la charge de l’éleveur et de sa structure partenaire. Le traitement est facturé 11,50 euros par m3 de lisier, auquel s’ajoute un forfait de 800 euros par déplacement, qui couvre également les analyses. Le montant de l’investissement a été de 510000 euros, financé à 60 % par Ulis 22, 30 % par l’Agence de l’eau Loire Bretagne et 10 % par l’État. Les coopératives se sont engagées à parts égales dans le projet. « Le prix payé par les éleveurs a été calculé pour couvrir les coûts d’achat et de fonctionnement », précise Claude Geffrelot, de la Cooperl. Pour Jean Pierre Le Bihan, responsable professionnel à la Chambre d’agriculture, cette réalisation démontre une fois de plus l’implication des éleveurs dans la reconquête de la qualité de l’eau. Mais, il souligne aussi que dépenser de l’argent pour abattre de l’azote apparaît pour beaucoup comme un non sens, alors que le prix de l’azote minéral a plus que triplé en un an. « J’espère qu’on ne résorbera pas plus d’azote qu’il n’en faudra pour les cultures », ajoute-t-il. D’autant plus que dans les bassins versants, les éleveurs qui n’apportent pas plus de 40 unités d’azote minéral par hectare ont une indemnité compensatoire majorée. Mais en attendant, la station mobile d’Ulis 22 apparaît comme un outil indispensable pour que les élevages disposant de petits excédents ne se retrouvent pas dans l’obligation de réduire leurs effectifs, sans être pour autant obligés d’investir lourdement dans un procédé de résorption.

 Dominique Poilvet

(1) L'union Ulis 22 regroupe Cooperl, Arcatlantique, L’Armorique, Coopagri Bretagne, le Gouessant et Poraven.

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