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Michel Rieu, économiste à l’Ifip
"Les contrats améliorent l’efficacité des filières"

Pour Michel Rieu, les partenariats de filière sont des pistes à explorer afin de redonner de la compétitivité aux élevages. La contractualisation est l’un des moyens pour y parvenir.

Michel Rieu. "En échange de produire un porc selon le cahier des charges prévu au contrat, l'éleveur peut prétendre à une rémunération plus élevée, ou qui le protège des aléas du marché. "
© D. Poilvet
Comment jugez-vous la proposition faite par Intermarché de contractualiser ses approvisionnements avec les éleveurs des groupements Aveltis et Prestor ?

Ce qui a été rendu public jusqu’ici n’est pas assez précis pour en juger totalement. Mais, dans le principe, ce type d’initiative me semble aller dans le bon sens. L’Ifip souligne régulièrement l’insuffisance de partenariat, de dialogue et de concertation dans la filière porcine française. Avec le contrat Intermarché, nous avons une expérience de partenariat explicite, de lien entre des producteurs, leurs organisations et une structure d’aval.

Intermarché maîtrise toute la chaîne de process, de l’abattage jusqu’à la vente. Est-ce un avantage décisif ?

Le distributeur qui possède toute la chaîne industrielle a des marges de manœuvre importantes. Sa seule limite est son positionnement vis-à-vis de ses concurrents. Il peut donc répercuter sa stratégie de vente jusqu’au premier maillon de sa chaîne qui est l’abattoir, et proposer des clauses d’achat spécifiques aux producteurs. Cette organisation permet une meilleure traçabilité des produits et peut conduire à une meilleure répartition des marges.

Une répartition des marges qui peut bénéficier aux éleveurs ?

Tout dépend des objectifs du distributeur. Miser sur la commercialisation de produits au prix le plus bas, sans mention d’origine, exerce une forte pression sur la production. L’acheteur cherche alors à s’approvisionner au moins cher, en France ou à l’étranger. Si en revanche il compte sur un approvisionnement bien identifié, basé sur un cahier des charges clairement défini, tout ceci étant fait pour rassurer et fidéliser les consommateurs, alors oui, l’éleveur peut en bénéficier, car sa production prend de la valeur. En échange de produire un porc selon le cahier des charges prévu au contrat, il peut prétendre à une rémunération plus élevée, ou qui le protège des aléas du marché comme c’est le cas avec le contrat Intermarché. Dans ce cas, le distributeur se positionne comme un allié des producteurs, car il en a besoin pour satisfaire la demande de ses clients.

Avec la logique des contrats, tous les éleveurs ne sont plus logés à la même enseigne comme cela a été le cas pendant 40 ans avec le MPB. Faut-il s’en alarmer ?

La contractualisation présente effectivement le risque d’augmenter les inégalités de rémunération. Mais si cela permet de créer une filière plus efficace, source de valeur ajoutée, alors le risque vaut la peine d’être pris. Si cette valeur supplémentaire retourne vers la production, elle peut compenser pour une part les effets négatifs liés aux inégalités de traitement. La diversification et la personnalisation des stratégies sont sources de création de richesse, si elles sont attendues et reconnues par les consommateurs. Par ailleurs, le paiement des porcs sur une cotation unique ne permet pas de protéger tous les producteurs. Il n’a pas empêché la production de se concentrer et certains éleveurs d’arrêter. Le système du prix unique n’est pas forcément un gage de réussite pour les éleveurs. Tout dépend du contexte et des rapports de force.

Le maillon de l’abattage a-t-il besoin de la grande distribution pour se moderniser ?

Avec JPA et Kermené, Intermarché et Leclerc ont décidé d’assumer eux-mêmes les process de production et peuvent ainsi s’engager sur la qualité des produits qu’ils proposent à leurs clients. Comme ils ont une assise financière suffisamment large pour mobiliser des capitaux importants, ils peuvent investir massivement dans leurs outils. Les autres acteurs de la filière investissent aussi ou ont annoncé des projets. Aujourd’hui, tout le monde a pris conscience de la nécessité de moderniser le maillon de l’abattage-découpe. Mais cela suppose effectivement des moyens financiers importants.

« La diversification est souvent une source de création de richesse »

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