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SCEA Le Gouta à Carentoir, Morbihan
Les Beepos arrivent en production porcine

Les Beepos (Bâtiment d’élevage à énergie positive) sont des bâtiments à basses consommations qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Une première européenne a vu le jour à Carentoir, dans le Morbihan.

Le naissage associatif de la SCEA du Gouta à Carentoir, dans le Morbihan, est le premier élevage porcin d’Europe à obtenir le label « bâtiments à énergie positive » (Beepos) qui caractérise les réalisations qui produisent plus d’énergie qu’elles en consomment. Une démarche entreprise par les quatre éleveurs associés, Jean-Pierre et Serge Vallais, Alain Guerroue et Samuel Hervy, dans le cadre d’un appel d’offres de la région Bretagne et de l’Ademe, accompagnés par l’équipe du service bâtiment-environnement du groupement Porc Armor Evolution. « Pour obtenir ce label, il faut répondre à deux exigences », souligne Christophe Guivarc’h, technicien bâtiment Porc Armor Evolution. « D’une part, faire des économies d’énergie, en utilisant des techniques et des matériaux qui limitent les consommations énergétiques. C’est ce qu’on appelle les bâtiments d’élevage basse consommation (BEBC). Ensuite, pour que le bâtiment soit estampillé Beepos, il doit produire de l’énergie renouvelable qui couvre l’ensemble des consommations des bâtiments."

Économies d’énergie et énergie renouvelable

Pour limiter les déperditions d’énergie, le renforcement de l’isolation a été privilégié, avec notamment l’isolation du rampant de la maternité. Les élévations sont constituées de panneaux béton de 21 cm avec 10 cm d’isolant en polystyrène graphité (Maison Bleue). « On économise aussi l’énergie en construisant un bâtiment compact, en créant des couloirs qui jouent le rôle de zone tampon entre les salles et l’extérieur, et en regroupant les salles chauffées", indique Jean-Pierre Moreau, technicien énergie Porc Armor Evolution. La création de nurseries équipées de niches, bien adaptées aux besoins de chauffage des porcelets sevrés, fait aussi partie de cette démarche. Les maternités sont équipées de nids à porcelets pour limiter le volume d’air à chauffer.

La qualité de la ventilation joue un rôle essentiel dans les économies d’énergie, puisqu’elle est responsable de 75 % des déperditions de chaleur. La SCEA du Gouta a investi dans des ventilateurs EC basse consommation installés en sortie de ventilation centralisée basse, avec des trappes régulées en sortie de salle pour réguler précisément les débits de chaque salle (Acemo). L’ambiance sera pilotée à partir des mesures de température, d’hygrométrie et de teneur en CO2 des salles.

Dans le bâtiment gestante, un échangeur de chaleur air-air installé en sortie de ventilation centralisée récupère les calories de l’air sortant. Il permet ainsi d’augmenter la température de l’air entrant de 10 °C en période froide. « Cet équipement dispense la salle de système de chauffage et contribue au confort des truies », souligne Serge Vallais. À noter par ailleurs l’utilisation de néons économes et la présence de nombreuses fenêtres pour éclairer les salles par la lumière naturelle.

L’ensemble de ces équipements économes permet une économie d’énergie de 78 % en gestante, et de 40 % en maternité par rapport aux références de l’Ifip. Soit une moyenne de 58 % d’économie sur l’ensemble des bâtiments, ce qui correspond à une consommation annuelle de 143 000 kWh, contre un peu plus de 340 000 kWh pour un atelier équivalent classique. "En gestante, les économies se font essentiellement sur la ventilation. En maternité, c’est surtout le chauffage qui fait la différence", souligne Christophe Guivarc’h.

La production d’énergie est assurée par une chaudière au bois de 110 kW et une installation photovoltaïque de 99,9 kWc. Seule l’énergie produite par la chaudière sera utilisée par l’élevage, pour chauffer l’eau qui circule dans les plaques chauffantes des porcelets en maternité et dans le circuit de chauffage des nurseries. Une partie de la chaleur produite par la chaudière pourra être exportée. La production photovoltaïque sera vendue à un tarif préférentiel à EDF. La capacité de production des deux sources d’énergie (bois et photovoltaïque) est de 317 000 kWh par an. "En retranchant à ce chiffre la consommation de l’élevage, le potentiel d’excédent d’énergie annuel est de 175 000 kWh, ce qui en fait un élevage à énergie positive", se réjouit Serge Vallais.

Deux fois moins d’énergie pour produire un porcelet

Selon les simulations réalisées par Porc Armor Evolution avec son logiciel Seep primé Innov’Space en septembre dernier, (voir Réussir Porc septembre 2016, page 32), il faudra dépenser 0,78 € d’énergie pour produire un porcelet. Un chiffre inférieur de moitié aux références moyennes des naissages associatifs (1,55 €/porcelet). Face à cette économie, le surcoût des installations lié au concept Beepos a été de 350 000 euros, pour un coût total du bâtiment de 1,95 million d’euros. Les principaux postes de dépenses sont les investissements dans la chaudière au bois (110 000 euros) et dans le photovoltaïque (100 000 euros) (voir tableau). Le retour sur investissement qui tient compte des économies d’énergie réalisées (18 000 euros par an) et de la production d’électricité par le photovoltaïque (7 300 €/an) est de 13,8 ans, hors aides PCAEA, conseil régional de Bretagne et Ademe, et sans tenir compte des recettes issues de la production de chaleur de la chaudière au bois.

L’Ifip propose depuis peu de calculer le coût du kilowatt heure économisé (1), un nouveau critère permettant de juger de la rentabilité des équipements économes en énergie. Si ce coût est inférieur au prix d’achat de l’électricité sur la période de vie des installations, leur rentabilité est assurée. À la SCEA du Gouta, le coût du kWh économisé est de 0,08 €/kwh. "Sur les douze prochaines années on peut estimer que le prix d’achat du kWh électrique sera de 0,163 €, ce qui permet d’affirmer que les équipements mis en place à la SCEA du Gouta sont rentables et reproductibles dans d’autres élevages", conclut Christophe Guivarc’h.

(1) Le coût du kilowatt heure économisé est égal au surcoût du bâtiment lié aux économies d’énergie divisé par l’économie réalisée.
En chiffres

La SCEA du Gouta

4 associés Jean-Pierre et Serge Vallais (SCEA Les Pins), Samuel Hervy (Gaec de la Herviais) et Alain Gueroue (EARL du Vivier)
745 truies en naissage associatif
23 769 porcelets produits par an (prévisions)
3 salariés

Les fournisseurs :

Conception Porc Armor Evolution

Charpente Rose

Élévations Maison Bleue

Machine à soupe Weda

Cases maternité Aco-Funki

Ventilation Skiold Acemo

Aménagements intérieurs et caillebotis Fournier

Chaudière au bois GRD Thermique

Photovoltaïque Émeraude solaire

Traitement de l’eau Windwest

Emissions de GES, une donnée à prendre en compte.

Environ un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde proviendrait de l’agriculture. Une donnée qui laisse à penser que ce critère pourrait devenir essentiel dans le choix des équipements et des modes de production. Dans un bâtiment Beepos, le bois est privilégié car il émet nettement moins de GES que les autres sources d’énergie : 12 fois moins que l’électricité, et vingt fois moins que le fuel. Selon les calculs de l’Ifip, les bâtiments de la SCEA du Gouta rejettent 81 % de CO2 en moins que des bâtiments conventionnels. Preuve que la filière a les moyens de répondre à cette préoccupation environnementale.

Des cases mise bas liberté en maternité

Les associés de la SCEA du Gouta ont pris le parti de mettre l’accent sur le bien-être des animaux, avec pour la première fois en France des salles complètes équipées de cases mise bas liberté (Aco-Funki). « Leur surcoût par rapport à une case conventionnelle est équivalent à celui d’une case ascenseur, soit environ 400 euros », indique Serge Vallais. Les cases sont regroupées en îlots de quatre places, avec les auges dirigées vers le centre de l’îlot. "Grâce à cet agencement, le bâtiment ne nécessite pas plus de surface qu’avec des cases conventionnelles", affirme l’éleveur, qui s’est fixé avec ses associés un objectif de sevrer 13 porcelets par portée dès la première année. La case fournie par la société danoise Aco-Funki mesure 2,4 m de côté, soit une surface de 5,76 m2. Les bat-flancs pivotants permettent de bloquer les truies durant la mise bas et les jours qui suivent pour limiter la mortalité des porcelets. En position ouverte, elles empêchent la truie d’accéder au nid à porcelets d’un côté, et protègent l’une des cloisons latérales de l’autre. Elles servent aussi à protéger l’éleveur de la truie en cas d’intervention dans la case. Le nid à porcelet de 0,7 m2 est équipé d’une trappe de fermeture actionnée par une poignée accessible depuis le couloir.

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