Le microbiote intestinal des porcs examiné de près
Une série de publications a permis de mieux cerner le mode de fonctionnement du microbiote intestinal des porcs et les facteurs qui peuvent l’influencer.
Une série de publications a permis de mieux cerner le mode de fonctionnement du microbiote intestinal des porcs et les facteurs qui peuvent l’influencer.
De part et d’autre de l’Atlantique, le microbiote intestinal constitue la nouvelle frontière des nutritionnistes, celle qui permet notamment d’expliquer les interactions entre la nutrition, la santé et les performances. L’équipe canadienne de Jacques Matte a notamment démontré que la consommation de colostrum bovin par les porcelets au sevrage modifie leur microbiote. Le colostrum bovin tend à diminuer l’abondance relative des Enterobacteriaceae. Cette famille de bactéries se développe fortement lors d’une inflammation. Sa prolifération diminuerait la diversité bactérienne, et pourrait, lors d’un stress, provoquer une infection entérique. À l’inverse, le colostrum bovin favorise la multiplication de Lactobacillaceae. Cette famille de bactéries bénéfiques est notamment composée de Lactobacillus, reconnues comme pouvant réguler le stress oxydatif chez l’humain ainsi que le développement d’espèces bactériennes pathogènes. Elles augmenteraient aussi le potentiel de croissance des animaux les plus faibles en utilisant les carbohydrates du colostrum ingéré par le porcelet. Concrètement, l’apport de colostrum bovin accroît les performances des porcelets au sevrage. Cet effet s’accentue en post-sevrage.
De la truie aux porcelets
Plus surprenant, l’apport de micronutriments aux truies en fin de gestation (vitamines A, D et cuivre) modifie aussi le microbiote des porcelets, en favorisant notamment le développement des bactéries de la famille des Ruminoccaceae. Cette famille utilisant les carbohydrates issus des plantes, les Canadiens émettent l’hypothèse de porcelets mieux « outillés » pour s’adapter à des régimes alimentaires en post-sevrage à base de céréales. Cependant, ils ne peuvent pas expliquer les mécanismes qui font qu’une modification du régime alimentaire de la truie agit sur le microbiote intestinal du porcelet.
Les effets bénéfiques du cuivre démontrés…
De son côté, l’entreprise savoyarde Animine a démontré qu’une dose croissante de cuivre diminue le nombre d’Escherichia coli dans le côlon, avec un effet plus marqué lorsqu’il est apporté sous forme d’oxyde de cuivre. Comparé au sulfate de cuivre, l’oxyde de cuivre à haute dose réduit significativement la présence de E. coli dans l’iléon. Par ailleurs, l’abondance des Lactobacillus augmente quelle que soit la source de cuivre, pour des porcelets ayant consommé 80 mg/kg de cuivre en comparaison avec un apport de 15 mg/kg. Ici aussi, ces résultats peuvent être rapprochés des performances de croissance, avec un meilleur GMQ obtenu avec l’oxyde de cuivre.
…ainsi que ceux des levures probiotiques
On savait déjà que les levures probiotiques avant un effet positif sur la santé des truies et des porcelets. La société Phileo Lesaffre l’explique en démontrant que sa levure Saccharomyces cerevisiae 47 modifie la structure du microbiote de l’intestin postérieur, permettant le développement de communautés microbiennes plus homogènes. Ces microbiotes homogènes sont favorables pour l’animal car les bactéries de la microflore coexistent en s’entraidant. Elles créent un microbiote plus résistant aux changements (stress, traitements antibiotiques…). Ces communautés peuvent ainsi utiliser efficacement les ressources en nutriments disponibles au sein de l’écosystème et empêcher la colonisation par des espèces pathogènes.