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L’alimentation multiphase en soupe, c’est possible !

Un essai conduit à la ferme expérimentale des Trinottières démontre la faisabilité d’une conduite multiphase en engraissement et en soupe moyennant certaines précautions.

L’essai conduit aux Trinottières est le premier d’une série de trois sur la faisabilité et l’intérêt d’une alimentation multiphase avec une distribution en soupe. Il a démontré que le multiphase permet une meilleure adéquation entre les apports alimentaires et les besoins réels des porcs à l’engrais, tout en limitant le gaspillage de protéines et sans pénaliser les performances.

Le plan d’alimentation testé comporte cinq phases (figure 1). Les cinq phases alimentaires sont obtenues en utilisant seulement deux aliments : un aliment A, de type aliment Nourrain – MAT de 15,5 %, ratio lysine digestible sur énergie nette égal à 1 – et un aliment B constitué de céréales et d’aliment minéral : MAT de 10,5 %, ratio lysine digestible sur énergie nette égal à 0,5. La substitution progressive de l’aliment A par l’aliment B permet de reconstituer les cinq phases alimentaires. Le plan d’alimentation témoin comporte uniquement deux phases présentant respectivement les caractéristiques d’un aliment croissance et d’un aliment finition (figure 1).

La conduite multiphase plus économe

Les premiers résultats de l’essai mettent en évidence un prix moyen d’aliment inférieur de 5 €/t (tableau 1). Avec la conduite biphase, l’aliment moyen distribué en engraissement est constitué de 66 % d’aliment A et 34 % d’aliment B. Avec la conduite multiphase, l’aliment moyen distribué correspond à un mélange de 49 % d’aliment A et 51 % d’aliment B. Étant donné l’écart de prix important (35 €/t) entre les deux aliments, la conduite multiphase s’avère plus économe. En outre, cette conduite permet une réelle économie de protéines sur l’ensemble de la période d’engraissement (voir encadré).

Des performances équivalentes à un programme biphase

Les performances zootechniques et les résultats de classement des carcasses sont comparables avec les deux conduites alimentaires (tableau 2). Néanmoins, des difficultés de distribution de la soupe ont été constatées avec la conduite multiphase lors de certains changements de phase. En effet, quand le nombre de porcs à alimenter sur une phase alimentaire donnée était trop faible, la quantité de soupe à distribuer devenait parfois inférieure à la quantité d’eau nécessaire pour pousser cette soupe dans les canalisations. Quand ce phénomène se produisait, des perturbations notables étaient observées sur les quantités distribuées par case. Pour remédier à ces inconvénients, il a parfois été nécessaire de moduler manuellement les quantités à distribuer. Deux cases ont été particulièrement touchées par ces problèmes et leurs données ont été retirées de l’analyse des performances.

Pour les machines à soupe fonctionnant avec de l’eau poussante, il est nécessaire de définir le nombre de phases alimentaires en fonction du volume minimal de soupe pouvant être distribué avec une bonne précision. Chaque case doit recevoir exactement le mélange prévu selon la quantité souhaitée. Il est donc important de bien connaître les possibilités de son équipement de distribution, et notamment la quantité minimale de soupe que l’on peut préparer et distribuer dans de bonnes conditions. Par ailleurs, la distribution en soupe est réalisée à la case et se base sur le poids vif moyen des animaux de celle-ci. Un prérequis indispensable est donc une bonne homogénéité des porcs intra-case, d’où l’importance de l’allotement à l’entrée en engraissement pour ne pas risquer de pénaliser des animaux plus légers. En effet, les changements de phase alimentaire s’effectuent en fonction du besoin moyen de la case.

chambre d’agriculture de Loire-Atlantique

Vers plus d’autonomie protéique avec le plan SOS Protein

Le programme SOS Protein réunit un ensemble d’actions pilotées par le Pôle Agronomique de l’Ouest visant à améliorer l’autonomie protéique en Bretagne et en Pays de Loire, dans les filières animales et végétales. Il fait l’objet d’un financement régional et européen et se distingue par la participation aussi bien d’institutions – telles que les chambres d’agriculture, l’Ifip et l’Inra – que de structures privées comme les firmes au service des fabricants du bétail.

L’action appelée DY + Pig regroupe des études ayant comme objectif l’augmentation de l’assimilation des protéines par les animaux. Une des pistes étudiées est d’améliorer l’adéquation entre les apports alimentaires et les besoins réels des animaux. La conduite multiphase constitue une des solutions mais sa mise en œuvre nécessite habituellement un investissement important dans des équipements de distribution adaptés. L’idée du projet DY + est d’étudier la faisabilité d’une alimentation multiphase simple (5 phases) en engraissement avec une distribution en soupe. Pour ce faire, trois essais sont conduits dans trois stations expérimentales avec trois types de distribution en soupe : une distribution par eau poussante à la station expérimentale des Trinottières (Finistère), une distribution par recyclage à la station expérimentale de Crécom (Côtes-d’Armor) et une distribution pneumatique à la station expérimentale de Romillé (Ille-et-Vilaine).

Le multiphase réduit les gaspillages en fin d’engraissement

En engraissement, les besoins en protéines des porcs diminuent au fur et à mesure de leur croissance. Avec une conduite alimentaire biphase, l’aliment finition est formulé pour couvrir les besoins des porcs de 60 kg mais il est distribué jusqu’à 120 kg de poids vif. Ainsi, à partir de 85 kg de poids vif, les apports alimentaires sont nettement supérieurs aux besoins, ce qui génère d’importants gaspillages. La conduite multiphase permet une meilleure adéquation entre les apports alimentaires et les besoins réels des animaux car l’aliment distribué est de moins en moins riche au fur et à mesure que les besoins des porcs diminuent.

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