Production de biogaz
La méthanisation thermophile optimise la production d’électricité
Le chauffage à 52 °C du digesteur d’un méthaniseur améliore la dégradation des substrats pour produire plus de biogaz. Selon la société Kerboas-CDEAI qui commercialise ce système, la méthanisation thermophile valorise particulièrement bien les effluents agricoles.
Le chauffage à 52 °C du digesteur d’un méthaniseur améliore la dégradation des substrats pour produire plus de biogaz. Selon la société Kerboas-CDEAI qui commercialise ce système, la méthanisation thermophile valorise particulièrement bien les effluents agricoles.
La société finistérienne Kerboas-CDEAI (1) est la première à proposer en France un concept danois de méthanisation thermophile. "En élevant la température du réacteur à 52 °C, contre 37 °C pour les procédés les plus courants développés en Allemagne, les substrats sont bien mieux digérés, ce qui améliore le rendement électrique de l’installation", affirme Lionel Scanff, le directeur de Kerboas-CDEAI. Selon lui, le procédé thermophile produit 30 % de biogaz de plus en vingt jours qu’une fermentation mésophile. Il permet donc de concevoir des installations plus petites et moins chères. "Par ailleurs, ce procédé est particulièrement bien adapté aux effluents agricoles comme les lisiers, les fumiers, la paille ou les cultures intermédiaires", souligne-t-il. Un argument appréciable pour les éleveurs qui veulent se lancer dans la méthanisation, alors que les substrats méthanogènes issus des industries agroalimentaires se raréfient et que leur prix ne cesse d’augmenter.
Kerboas-CDEAI propose un process pour des installations à partir de 50 kW. Les substrats solides sont incorporés dans une préfosse contenant le lisier. "Nous mettons l’accent sur la nécessité de bien homogénéiser et de broyer les intrants pour favoriser leur hydrolyse", explique Christophe Kerboas, le directeur commercial de la société. Pour cela, une pompe dilacératrice assure la recirculation du mélange. Entre cette fosse et le réacteur, un broyeur complète le hachage des substrats.
La capacité du réacteur est calculée pour une durée de séjour de vingt jours. Kerboas-CDEAI s’est associé avec le danois Landia qui a développé un système original de brassage. Ce concept appelé Gasmix intègre notamment une partie du gaz produit par le réacteur dans le digestat, favorisant ainsi son homogénéisation. Par ailleurs, tous les éléments mécaniques sont situés à l’extérieur du réacteur, "ce qui facilite les opérations de maintenance et réduit les temps improductifs", souligne Christophe Kerboas. Le biogaz est ensuite transformé en électricité par un cogénérateur, dont une partie de la chaleur produite sert à chauffer le réacteur.
Deux installations réalisées par Kerboas-CDEAI fonctionnent actuellement. Trois autres sont en cours de construction. L’entreprise possède quatre agences dans le Finistère, le Morbihan, la Loire-Atlantique et la Sarthe. "C’est ce qui nous permet de proposer nos produits et un service après-vente de proximité sur le Grand Ouest", conclut Christophe Kerboas.
(1) www.kerboas-cdeai.fr - Tél. 02 98 29 92 61Exemple de méthanisation thermophile pour 150 truies naisseur-engraisseur
Apports 4 500 t de lisier, 500 t de fumier, 50 t de cannes de maïs
Puissance 100 kW
Potentiel EBE à 35 000 €/an
Temps de retour sur investissement 7 ans
Source : Kerboas-CDEAIUne méthanisation en totale autonomie
A la SCEA Philippe Ollivier à Landivisiau, à 500 mètres du siège de Kerboas-CDEAI, Philippe Ollivier a investi dans un méthaniseur de 150 kW pour transformer en biogaz le lisier issu de son élevage de 240 truies NE. Il utilise également de la paille et des résidus de récolte de maïs. Tous ces produits sont presque entièrement issus de ses propres cultures, ce qui lui permet de fonctionner en quasi totale autonomie. 25 % de la chaleur produite par le cogénérateur est destinée au chauffage du réacteur. Entre 40 et 50 % servira à sécher du bois de chauffage en prestation pour une société extérieure. L’excédent permettra de chauffer trois maisons d’habitation et les post-sevrages, où l’éleveur a installé des aérothermes en substitution aux radians électriques. "Et si je n’utilise pas toute la chaleur, je pourrai encore installer d’autres aérothermes en gestante et en engraissement", conclut-il.