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La méthanisation optimise la gestion des déjections animales du CFA de Quintenic

Le centre de formation de la chambre d’agriculture de Bretagne à Quintenic (Côtes-d’Armor) est passé d’une logique de résorption des excédents organiques à une démarche de valorisation des déjections animales par la méthanisation.

Le 22 juin dernier, le centre de formation de Quintenic présentait sa nouvelle unité de méthanisation de 75 kW fonctionnant à partir de déjections animales issues de son élevage de cent truies naisseur-engraisseur et du troupeau de cinquante vaches laitières, ainsi que de résidus végétaux. Une évolution majeure de la gestion des ressources organiques de l’exploitation, selon Ronan Hascoët, le directeur du centre. "Situé sur le bassin-versant de la Fresnaye, nous avions été obligés dans les années 90 de traiter le lisier pour résorber l’azote excédentaire. Nous avons trouvé des solutions pour que les déjections animales ne soient plus une source de pollution. Désormais, elles sont utilisées pour produire du biogaz et pour dégager un revenu complémentaire." Ce sont chaque année 3 150 m3 de lisier de porcs et de bovins, 830 tonnes de fumier, et 350 tonnes de résidus végétaux dont 275 tonnes de déchets de céréales fournis par la Coop Garun-Paysanne voisine qui seront absorbés par le méthaniseur, qui produira 580 mégawatt heure (mWh) d’électricité vendue au prix de 22 centimes par kilowatt heure (kWh) à EDF. La chaleur dégagée par le cogénérateur servira à chauffer le centre de formation, les post-sevrages et l’eau chaude sanitaire. Une partie du digestat issu de la méthanisation sera épandu sur les terres d’épandage disponibles autour de l’exploitation. Une autre sera centrifugée pour produire un compost exportable. « Cette exportation est nécessaire pour résorber l’excédent de phosphore. C’est désormais cet élément fertilisant qui limite les apports d’engrais organique sur les terres », explique Ronan Hascoët. En revanche, le centre de formation n’est plus obligé de faire fonctionner sa station biologique pour résorber de l’azote. « L’exportation du compost et de fientes de poules d’un élevage voisin a permis de libérer des terres d’épandage. De plus, l’azote contenu dans le digestat est minéralisé, ce qui permet de mieux le valoriser par les cultures et d’économiser les engrais chimiques. »

Le coût de l’installation de méthanisation a été de 525 000 euros, subvention déduite (32 % du montant total). La vente de l’électricité rapportera 127 600 euros par an. La production de chaleur permettra d’économiser 12 000 euros de fuel chaque année. Selon Evalor, l’entreprise qui a fourni l’installation, il faut compter 50 000 euros de charges annuelles de fonctionnement (temps passé, maintenance, entretien…). « Ce qui devrait permettre un retour sur investissement sur huit ans », estime Christophe Le Louarn, responsable technique Evalor. Une rentabilité sans doute pas du même niveau que des méthaniseurs de plus grande dimension. « Mais cette solution permet à terme à de petites exploitations de dégager un revenu supplémentaire tout en optimisant la valorisation et la gestion des déjections animales », conclut-il.

Témoignage

« Bien maîtriser les intrants pour optimiser le fonctionnement du méthaniseur »

« Nous avons volontairement choisi un méthaniseur de faible puissance pour éviter d’être trop dépendants d’apports extérieurs. Les déjections animales et les ressources végétales proviendront en grande partie de notre exploitation et d’un élevage voisin. Ces produits végétaux sont constitués de menues pailles, de refus d’ensilage de l’atelier lait et de cultures intermédiaires. Cette dernière ressource constitue la plus grande incertitude, car leur rendement est aléatoire selon la météo. Nous avons donc prévu de la substituer si besoin par le fumier des génisses de l’élevage. »

En savoir plus

Les ingrédients pour faire fonctionner une unité de méthanisation de 75 kWh (quantités annuelles)

Lisier de bovins : 1 250 m3

Lisier de porcs : 1 900 m3

Fumier de bovins et de porcs : 830 tonnes

Menues pailles : 45 tonnes

Déchets de céréales : 275 tonnes

Refus d’ensilage : 30 tonnes

Cultures intermédiaires : 300 tonnes

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