La maternité liberté n’impacte pas le nombre de porcelets sevrés
Une enquête de Porc Armor Evolution souligne les deux facteurs clés pour éviter les porcelets écrasés en maternité liberté : la conception de la case et la gestion de l’ambiance.
Une enquête de Porc Armor Evolution souligne les deux facteurs clés pour éviter les porcelets écrasés en maternité liberté : la conception de la case et la gestion de l’ambiance.

Le logement des truies en case de mise bas liberté n’est pas un frein à l’amélioration des performances techniques en maternité.
C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée en 2024 par le groupement Porc Armor Evolution auprès de 17 élevages équipés d’une maternité liberté depuis 2017 à 2023. « Le suivi des performances GTTT (1) montre que la progression du nombre de porcelets sevrés a été identique à celle des élevages du groupement équipés de cases de mise bas classiques », relève Loris Moraine, alternant en charge de l’enquête. « Les élevages en maternité liberté sèvrent entre 11,5 et 15 porcelets par portée. Le taux de perte sur nés vivants, de 15,5 % en moyenne, est inférieur à 10 % pour les meilleurs d’entre eux. » « La crainte de voir une augmentation du nombre de porcelets écrasés avec les maternités liberté est aujourd’hui levée », poursuit Thierry Bellec, responsable technique du groupement. « Les performances se maintiennent voire s’améliorent, à condition d’avoir une case suffisamment grande et bien agencée et de bien maîtriser la double ambiance pour que les porcelets restent dans le nid. »

Une conception facilitant la circulation des porcelets
Lors de l’enquête et des groupes de progrès « maternité liberté » organisés par Porc Armor Evolution, les éleveurs ont partagé leurs expériences en termes de conception et de conduite d’élevage. « L’objectif à terme est d’élaborer un guide pour les éleveurs ayant un projet de maternité liberté, afin de les aider à choisir l’aménagement qui leur convient et à mettre en place les bonnes pratiques pour réduire la phase d’adaptation. » Détenant un cheptel de 90 à 850 truies, les 17 élevages enquêtés ont investi entre 2017 et 2023 dans une maternité 100 % liberté avec des conceptions assez variées : sept marques d’équipement, taille de case moyenne de 6,6 m2 oscillant entre 5,75 et 8,12 m2, zone dédiée aux porcelets de 0,5 à 1 m2… La majorité (10 élevages) a opté pour un nid à porcelets (entièrement fermé ou avec capot) et équipé d’une plaque chauffante.

Les éleveurs soulignent l’importance d’avoir une case suffisamment grande pour que les porcelets puissent circuler tout autour de la truie sans être bloqués, qu’ils pèsent un ou huit kilos. « Une surface minimale de 7 m2 avec un diamètre d’au moins 1,8 mètre fait consensus. » À refaire, ils augmenteraient de quelques centimètres la longueur de la case pour atteindre 2,7 mètres. Une dimension qui fluidifie la circulation des porcelets à l’avant et à l’arrière de la truie et qui permet également à l’intervenant d’entrer en sécurité dans la case lors de la mise bas. Ils conseillent par ailleurs d’éviter les configurations avec la zone truie contre la paroi et d’être vigilant à la hauteur des barres antiécrasement. Elle doit être suffisante pour que le porcelet puisse passer en dessous, sans risquer de se coincer.
Un écart de 15 °C entre la salle et le nid
Mise à part pour deux élevages qui laissent les truies 100 % du temps en liberté, la durée de contention appliquée par les éleveurs enquêtés varie entre deux et dix jours d’âge des porcelets. « Cette durée n’a pas d’impact sur le nombre de porcelets écrasés. C’est avant tout la gestion de la double ambiance qui joue, avec une température de salle de 18-20 °C et de 35 °C sous le nid la première semaine, afin d’inciter les porcelets à rester au chaud. Plutôt qu’une baisse progressive de la consigne, le fait de baisser la température après la mise bas directement de 25 °C à 18-20 °C est plus efficace. » La maîtrise de la double ambiance dépend aussi de l’aménagement de la zone des porcelets et du système de ventilation. « La combinaison 'nid à porcelet avec capot' et 'poteaux suisses' donne de bons résultats. »
Tenir compte du temps et des conditions de travail
Au-delà de l’impact sur les performances techniques, la conception de la case mise bas doit permettre une bonne organisation du travail et d’intervenir en toute sécurité. Elle doit être suffisamment grande pour accéder à la truie avec un système d’ouverture des bas flancs protégeant l’intervenant. « Lors de la mise en liberté, les éleveurs équipés d’une ouverture latérale avec deux portillons (système en papillon) ouvrent 3 à 5 cases par minute contre à peine une avec le système d’ouverture en V (baïonnettes à enlever). « Des systèmes en V existent sans baïonnette facilitant l’ouverture et la fermeture mais reste moins sécurisant pour l’éleveur. »
Ils conseillent par ailleurs d’avoir un accès facile à l’auge, soit par un couloir ou un passage d’homme.
Le temps de lavage est plus long en maternité liberté, accentué par la présence d’un nid à porcelets. Il est de 10 à 12 minutes par case liberté contre 7 minutes par case bloquée. En revanche, les éleveurs gagnent du temps lors du sevrage, les truies et les porcelets se déplaçant plus facilement.
La crainte de voir une augmentation du nombre de porcelets écrasés avec les maternités liberté est aujourd’hui levée
À retenir
Pour éviter les écrasements :
- Taille de case suffisante pour que les porcelets puissent circuler tout autour de la truie, sans obstacle (surface minimale de 7 m2, longueur de 2,7 mètres)
- Double ambiance pour inciter les porcelets à rester au chaud dans le nid (18-20°C pour la truie et 35°C dans le nid la première semaine)
Des pratiques variées sur la mise en liberté
À l’entrée en maternité, un tiers des éleveurs laisse les truies en liberté. Deux élevages gardent également les truies libres pendant la mise bas et jusqu’au sevrage. Pour les autres, la durée de contention varie entre deux et dix jours d’âge des porcelets. La mise en liberté se fait pendant la distribution de repas. Lors du passage en maternité liberté d’un cheptel déjà existant, les éleveurs libèrent dans un premier temps uniquement les cochettes et les truies de rang 2 afin d’éviter un stress aux multipares. Une fois toutes les truies habituées, la mise en liberté se fait individuellement à la truie pour la moitié des éleveurs, ou sur toute la salle pour l’autre moitié.