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Biosécurité et vaccination
La lutte contre le SDRP, une démarche collective

L’application de la méthode « 5-Step » proposée par Boehringer Ingelheim dans six élevages suivis par la Selas Hyovet a permis de stabiliser le statut sanitaire des cheptels vis-à-vis du virus du SDRP.

En appliquant avec succès son protocole de gestion du SDRP « 5-Step » dans six élevages naisseurs-engraisseurs des départements de la Mayenne, de la Manche et de l’Ille-et-Vilaine avec la Selas Hyovet, le laboratoire Boerhinger Ingelheim prouve qu’il est possible de stabiliser le statut sanitaire vis-à-vis de cette maladie, voire d’éradiquer le virus, et d’améliorer ainsi ses performances techniques, en associant mesures de biosécurité et vaccination. « Cette expérience nous a aussi permis de mettre en évidence les points importants à respecter pour sa réussite », souligne Rémy Jagu, responsable commercial grands comptes de Boehringer. Car il faut réunir plusieurs conditions pour que la démarche de stabilisation soit efficace. « À commencer par la motivation de l’éleveur qui doit être prêt à se remettre en question et appliquer les recommandations de l’audit préalable », souligne Aline Lefebvre, vétérinaire à la Selas Hyovet. Motivation indispensable également pour ses accompagnants (vétérinaire, technicien) ainsi que pour les structures directement impliquées (fabricant d’aliment, fournisseur de cochettes, groupement).

Séquençage systématique de la souche du virus

Les deux premières étapes ont consisté à définir les objectifs des éleveurs et à évaluer précisément quelle était la circulation du virus. Pour cela, des prises de sang suivies d’analyses de laboratoire ont été réalisées. Le séquençage de la souche du virus du SDRP a été systématiquement réalisé, d’une part pour savoir s’il s’agissait du virus vaccinal ou bien d’un virus sauvage, d’autre part pour avoir une situation de départ. « La plupart des éleveurs souhaitaient évidemment l’éradication du virus, sachant que cinq d’entre eux avaient un cheptel truies positif stable (sans circulation virale) mais que les porcs à l’engrais étaient positifs instables (avec circulation virale) pour la majorité d’entre eux », souligne Aline Lefebvre. Cependant, l’ampleur des mesures de biosécurité à mettre en place a contraint certains d’entre eux à revoir leurs objectifs à la baisse. « La stabilisation du statut sanitaire des truies et des porcs charcutiers vis-à-vis du SDRP est déjà un objectif ambitieux », fait remarquer Rémy Jagu. Un audit de biosécurité réalisé dans chaque élevage a permis de lister pour chacun une série de recommandations dans le but de renforcer la biosécurité interne et externe. « Convaincre les éleveurs peut parfois prendre du temps. Mais c’est une clé essentielle de la réussite du protocole ».

Une fois ces actions préalables réalisées, le plan d’action vaccinal a consisté à faire une double vaccination de masse à quatre semaines d’intervalle de tous les animaux présents sur le site. Ensuite, les porcelets ont tous été vaccinés pendant sept mois. Les truies étaient vaccinées selon le protocole en vigueur initialement dans l’élevage, ou bien tous les trois mois pour celles qui n’étaient pas vaccinées avant le début du protocole.

Un statut sanitaire spécifique pour les six élevages

Durant cette période de sept mois, les mouvements d’animaux ont été strictement contrôlés par le groupement des six élevages. « Les cochettes sont toutes garanties indemnes de SDRP », précise Aline Lefebvre. « Cependant, nous avions demandé aux éleveurs de rentrer le nombre d’animaux nécessaires au renouvellement sur la période avant le démarrage du plan ». Pour les départs des porcs charcutiers, les vétérinaires de la Selas Hyovet ont demandé au groupement auquel adhèrent les éleveurs de créer un statut sanitaire spécifique pour ces six élevages. Les camions ne devaient pas avoir ramassé d’animaux dans des élevages positifs au virus du SDRP avant son passage, et ils ne devaient pas aller dans des élevages négatifs après. Les éleveurs devaient également faire ramasser les coches de réforme par le groupement. « Les camions d’origine inconnue sont potentiellement des vecteurs de propagation du virus », rappelle Rémy Jagu.

Deux élevages à statut négatif ou en cours de négativation

À la fin du protocole, le statut sanitaire des élevages vis-à-vis du SDRP a de nouveau été évalué à l’aide d’analyses de laboratoire. Les derniers contrôles réalisés au second semestre 2017 indiquent, pour les porcs en croissance, deux élevages à statut négatif ou en cours de négativation. Deux élevages continuent la vaccination des porcelets, avec de bonnes performances techniques. Les deux derniers ont un statut positif instable. « Dans l’un d’eux, les mesures de biosécurité n’ont pas pu être mises en place. Mais dans l’ensemble, leurs performances techniques se sont améliorées », commente Rémy Jagu.

Bien que quatre des six élevages vaccinaient déjà les truies contre le SDRP, les performances de reproduction ont progressé dans tous les élevages suite à la mise en place du plan de contrôle, notamment le taux de truies pleines à l’échographie (90,8 % contre 88,7 %). La prolificité des truies est également en hausse (+0,5 né vivant et +0,7 sevré par portée). Enfin, la croissance des porcs charcutiers s’est améliorée de 41 grammes par jour entre le sevrage et la vente. « Le temps passé a été rentabilisé », conclut Aline Lefebvre, qui souligne également l’intérêt de cette démarche à plus grande échelle, pour des actions de type « porc sans antibiotiques ».

Les clés de la réussite de la lutte contre le SDRP

Possibilité d’y investir du temps

Rigueur de la part de toutes les parties

Connaissance du statut SDRP de l’élevage

Beaucoup de communication entre l’éleveur et ses partenaires

Observance des mesures préconisées et acceptées

« Passer de la stabilité à l’éradication du SDRP »

Éleveur à Ampoigné dans la Mayenne, Patrick Menon a tout de suite répondu positivement à la proposition de sa vétérinaire, Aline Lefebvre, de participer à la démarche de contrôle du SDRP, en partenariat avec le laboratoire Boehringer Ingelheim. « Mon élevage était positif depuis plusieurs années. Mais les symptômes de la maladie étaient peu marqués ». Elle impactait principalement les truies avec quelques retours ou des avortements, bien qu’elles soient vaccinées avec un vaccin vivant deux fois par cycle. Les mesures de biosécurité ont concerné tout d’abord l’autorenouvellement et le prélèvement à la ferme, « qui agissaient comme des machines à recycler le virus dans l’exploitation ». Des mesures plus classiques ont été mises en place pour couper les possibilités de contamination entre stades physiologiques : lavage et désinfection des bottes aux endroits stratégiques, tenues spécifiques en post-sevrage et en engraissement, changement de tenue après chaque départ de porcs charcutiers. Les circuits d’air entre le bloc gestantes, le quai d’embarquement et les salles d’engraissement ont été modifiés pour limiter la circulation du virus entre les bâtiments. Le local d’équarrissage a été aménagé pour qu’il soit lavé et désinfecté régulièrement. Une lance lui a été attribuée.

C’est aussi un gain de sérénité pour l’éleveur

Associées à la vaccination de masse, ces mesures ont rapidement fait sentir leurs effets. « Le taux de fécondité des truies est passé de 80-85 % à plus de 90 % et les avortements ont disparu », constate l’éleveur. La prolificité a également progressé, avec + 0,8 nés totaux par portée et un gain de 1,2 porcelet sevré, qui a permis d’atteindre la barre des treize porcelets sevrés par portée. Le nombre de porcs produits est passé de 23 à 26,2 par truie présente et par an. « La meilleure fécondité des truies a enclenché un cercle vertueux. On peut désormais se permettre de réformer les truies les plus vieilles ou les moins prolifiques. La pyramide des âges s’est rajeunie ». Patrick Menon retient aussi le regain de sérénité que cette démarche lui a apporté.

Selon les dernières analyses effectuées sur les porcelets, il n’y a plus de virus sauvage circulant dans l’élevage. « Grâce aux relations de confiance que j’ai avec mes voisins éleveurs et à la maîtrise des intrants, animaux et personnes, je pense pouvoir maintenir ce statut ». Difficile pour lui cependant d’arrêter la vaccination SDRP sur les truies. « C’est mon assurance santé », conclut-il.

AVIS du technicien

« Le SDRP est l’agent infectieux le plus impactant sur les performances techniques »

« Cette étude confirme d’autres publications, réalisées notamment par l’Anses (1), qui mettent en évidence l’impact du SDRP sur les performances des truies et des porcs charcutiers. Nous mettons notamment en évidence une nette amélioration de la croissance dès lors que les porcelets sont vaccinés. L’ensemble de ces résultats confirment que le SDRP est l’agent infectieux le plus impactant sur les performances techniques. Cette étude met aussi en avant l’importance de l’observance des mesures de biosécurité. Certaines d’entre elles peuvent paraître contraignantes, par exemple une aiguille pour une truie, mais elles se révèlent toujours essentielles dans la réussite du protocole. »

(1) Facteurs infectieux et non infectieux influençant les performances techniques des porcs en croissance : étude dans 41 élevages. C. Fablet et al., AFMVP, Rennes 2017
Evaluation of the impact of PRRSv infection on growth performances on growing pigs in a panel of French herds. M. Gosselin et al.

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