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La leptospirose est source de problèmes de reproduction

Une étude terrain conduite par l’équipe vétérinaire Triskalia prouve que la leptospirose est impliquée dans de nombreux élevages confrontés à des problèmes de reproduction. Le point sur une pathologie sans doute sous-estimée.

Sur 49 élevages naisseur-engraisseurs confrontés à des problèmes de fertilité, avortements ou augmentation du nombre de mort-nés, plus de la moitié (51 %) se sont révélés « positifs » vis-à-vis de la leptospirose. Et au sein de ces élevages positifs, 58 % des truies étaient séropositives vis-à-vis de la bactérie. C’est ce qu’ont observé les vétérinaires Triskalia sur la base d’observations cliniques et de sérologies des truies au cours de l’année 2014, dans le cadre d’une étude pilotée par Marianne Bertrand. Ils concluent donc que la leptospirose est un facteur ou un co-facteur important dans les problèmes de reproduction, et très probablement en hausse depuis plusieurs années. Au laboratoire de Lyon qui fait référence en matière de sérologie « leptospirose », le taux de résultats positifs est passé de 3,4 % en 2009 à 21 % en 2013.

Les vétérinaires expliquent en grande partie ce « regain » de leptospirose par la mise en groupe des truies gestantes. Pour le comprendre, il faut rappeler les caractéristiques de l’agent pathogène et sa propagation dans l’élevage.

L’agent responsable est une bactérie, la leptospire, dont il existe une centaine de sérotypes. Chez le porc, les plus courants sont Icterohaemorragiae et Australis. Elles peuvent passer inaperçues. Mais elles peuvent aussi provoquer des signes cliniques essentiellement des avortements, mort-nés et/ou portées de petites taille. Car les leptospires peuvent traverser la barrière placentaire à certains stades de la gestation. En début de gestation, elles conduisent à des mortalités embryonnaires suivies de retours en chaleur ou de portées de petite taille. Dans la dernière phase de gestation, elles sont responsables d’avortements, de momifiés ou de porcelets chétifs.

Les voies d’infection par les leptospires sont essentiellement les muqueuses digestives, respiratoires ou génitales. Une de leurs caractéristiques est qu’elles sont excrétées dans les urines et les secrétions génitales, jusqu’à cinq mois après l’infection. On comprend donc que la mise en groupe des truies, avec les contacts entre elles qu’elles n’avaient pas étant bloquées, explique en grande partie cette apparente « recrudescence » de la maladie.

La technique analytique de référence est la MAT, test sérologique (Micro Agglutination Test) qui détecte la présence d’anticorps. Mais les spécialistes s’accordent aujourd’hui sur le fait qu’elle manque de sensibilité. Autrement dit, elle est source de « faux négatifs », à savoir des truies infectées qui s’avèrent séronégatives. En revanche, la PCR sur des organes, le plus souvent des porcelets (momifiés, mort-nés…) permet de détecter plus finement la présence de la bactérie. Nathalie Pérez en a fait le constat en janvier 2015, dans un élevage de 80 truies, où le nombre de porcelets momifiés augmentait anormalement, et la fertilité chutait (jusqu’à 29 % sur une bande). Toutes les sérologies étaient négatives vis-à-vis de la leptospirose. Mais la PCR mettait bien en évidence la présence de leptospires sur les porcelets momifiés, et ceci à plusieurs reprises. Le traitement antibiotique adapté a permis de résoudre les problèmes de reproduction. « Comme dans les trois-quarts des cas », précise Pascal Fourchon.

Dans l’attente d’un vaccin

La solution antibiotique est en effet la seule dont disposent les vétérinaires à ce jour. Du moins en France, car dans certains pays, un vaccin est autorisé. Pour autant, il n’y est pas généralisé, et le recours à l’antibiothérapie reste de mise. Avec une difficulté liée au fait que certains sérotypes de leptospires (Leptospira Bratislava) peuvent persister dans le tractus génital des truies non gestantes. Ce qui explique des « rechutes », comme l’ont constaté les vétérinaires Triskalia dans de nombreux élevages où le traitement antibiotique avait réglé les problèmes de reproduction jusqu’à ce que de nouveaux signes cliniques réapparaissent quelques semaines plus tard.

Sources : Triskalia, Suis (N° 125 et 126).

 

 

 

Avis d’expert

Pascal Fourchon, vétérinaire Triskalia

« Biosécurité et traitements appropriés, les deux piliers contre la leptospirose »

"Compte tenu des caractéristiques des leptospires, leur mode de propagation, les conditions de leur multiplication (milieu humide…), des règles de conduite et de biosécurité sont essentielles dans les élevages infectés. Nous recommandons de réformer systématiquement toute truie après deux échecs à l’IA car, infectées chroniques, elles présentent un risque fort de contamination des autres truies. La contamination des cochettes ne doit pas être faite avec des délivres, et nous déconseillons la saillie naturelle, la bactérie étant présente dans le sperme. En verraterie-gestante, il est important de travailler sur l’hygiène des sols, la ventilation, le lavage-désinfection entre les bandes en gardant à l’esprit que la bactérie est très présente dans les déjections au sol et en milieu humide. D’où l’importance des mesures qui peuvent limiter sa propagation : laver le racloir, les bottes, installer des pédiluves ou pédichaux… Enfin, outre la qualité bactériologique de l’eau d’une manière générale, la chasse doit être faite aux rongeurs qui sont aussi porteurs de la bactérie.

Deuxième pilier de la lutte contre la leptospirose, le traitement prescrit par le vétérinaire devra souvent être répété, car l’antibiotique stoppe la multiplication des leptospires, mais ne permet pas l’éradication. À l’arrêt du traitement, la multiplication peut reprendre à partir des "réservoirs" de l’élevage. C’est pourquoi les espoirs reposent à présent sur la disponibilité d’un vaccin, en principe annoncé pour 2017. »

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