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« La case mise bas liberté est un bon compromis entre le confort de travail et celui de mes animaux »

Chez Jean-Lou Le Gall, l’arrivée, il y a un an, de 37 cases mises bas bien-être s’est faite sans bousculer l’organisation du travail, avec un gain de confort pour les animaux mais aussi pour les salariés.

Fin 2018, Jean-Lou Le Gall a rénové l’une des salles de maternité de son élevage de 650 truies, situé au Cloître-Pleyben dans le Finistère. « La décision de passer aux cases mises bas liberté allait de soi », explique l’éleveur en production label rouge depuis 12 ans. « Je me sentais interpellé par les attentes sociétales en termes de bien-être animal. Ces cases de plus grande surface sont aussi plus en phase avec l’augmentation de la prolificité. » Après un an de recul, il fait un premier bilan positif de ses 37 cases mises bas liberté. « Malgré le surcoût, c’est un choix sans regret. Il n’y a pas eu de mauvaises surprises, autant sur les résultats techniques que sur les conditions de travail. » Grâce au suivi GTTT, Jean-Lou Le Gall a mesuré l’effet de la case liberté sur la proportion de porcelets écrasés, sachant que chaque bande de 64 truies est répartie pour une moitié dans la maternité liberté (37 places) et pour l’autre dans deux autres salles avec cases mises bas classiques. La moyenne sur dix bandes est de 0,3 écrasé par portée après 5 jours en système liberté (sur 353 portées sevrées) contre 0,13 en cases classiques (273 portées sevrées), soit un différentiel de 0,17 porcelet. « On aurait pu s’attendre à plus », remarque-t-il.

En mode liberté à partir de 5 jours

En pratique, les truies arrivent en salle maternité 5 jours avant la mise bas (le vendredi), les bat-flanc en position bloquée. « L’essai d’ouvrir les cases pendant les jours qui précèdent la mise bas n’a pas été concluant car il induisait une surcharge de travail la veille de la mise bas (installation des lampes et du papier pour la mise bas, davantage de nettoyage des caillebotis…) », expliquent Mathieu Auger et Mickaël Guéguen, salariés de l’élevage. « On a gardé la même organisation de travail qu’auparavant. » La truie est libérée lorsque les porcelets ont 5 jours (le mardi suivant la mise bas, lendemain des soins) et jusqu’au sevrage à 21 jours. « Elle peut être bloquée ponctuellement si une intervention est nécessaire, mais c’est rare, ou en cas de diarrhée sur une portée. Sinon le risque de porcelets écrasés est plus élevé », précisent-ils.

Davantage de confort pour la truie

Ce sont en priorité les jeunes truies (jusqu’au rang 4) qui vont dans les cases mises bas bien-être. Les autres critères techniques sont donc difficilement comparables. On peut toutefois constater qu’entre le dernier semestre de 2018 (sans cases liberté) et le premier semestre 2019 (avec 27 % des places en cases liberté), les résultats de l’ensemble de la maternité ont continué de progresser : baisse de 12,2 % à 10,9 % du taux de pertes sur nés vivants et augmentation du nombre de sevrés par portée de 13,08 à 13,21.

La salle maternité de 21 mètres de long sur 13 de large a été équipée de cases Big Dutchman de 5,8 m2 ou 6,3 m2, en 5 rangées. « Ces deux tailles (2,60 ou 2,85 de long sur 2,15 de large, sans nid à porcelets) permettaient d’optimiser le nombre de cases mises bas par rapport à la situation antérieure (une dizaine de cases en moins) tout en tenant compte des contraintes d’une rénovation (poteaux existants) et en maintenant deux couloirs transversaux », précise Clément Grannec, conseiller construction et innovation d’Evel’Up. L’éleveur apprécie ce modèle de cases pour ses cloisons de séparation basses. « Les truies sont plus calmes qu’avec des cloisons hautes (moins d’effet de surprise et de stress). On a une meilleure visibilité des cases, qui sont plus facilement accessibles. » Ce que confirment les salariés Mathieu Auger et Mickaël Guéguen, préférant même ces nouvelles cases aux autres. « On a davantage d’espace pour circuler autour de la truie et attraper un porcelet, tout en restant en sécurité derrière l’un des portillons facilement amovibles. La salle est aussi plus lumineuse, grâce au nouvel éclairage à leds et aux fenêtres. »

Par ailleurs, l’amélioration du confort pour la truie est perceptible. « Avec 3 m2 de surface disponible, la truie se met dans la position dans laquelle elle est plus à l’aise, » ont observé les salariés. « Il est aussi plus facile de repérer une truie malade par son comportement (truie prostrée, qui ne se lève pas). » Ce qui permet une meilleure anticipation.

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La sécurité des opérateurs, enjeu principal des cases liberté

La plupart des éleveurs enquêtés par Evel’Up sont satisfaits de leur case liberté. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée durant l’été 2019 auprès de cinq éleveurs dont Jean-Lou Le Gall, équipés depuis une à trois années de cases mises bas liberté, provenant de quatre fournisseurs (1). « Globalement, les éleveurs ont constaté une amélioration du bien-être des truies et des porcelets, avec davantage d’interactions et des truies plus actives, ce qui peut avoir un impact positif sur le déroulé de la mise bas et la montée en lactation », rapporte Maëliss Brunon, responsable Recherche et Développement. « Les points négatifs concernent l’agencement des cases, le choix des matériaux, le sol (fixation et solidité). » Aucune usure précoce n’a été constatée mais des défauts de conception sont relevés. L’enquête a permis à Evel’Up d’affiner ses recommandations en termes d’équipements, notamment sur la surface minimale (2) de la case (6 m2, 2,6 sur 2,4 m). « En dessous, on a des retours négatifs sur l’ergonomie, l’accessibilité et le risque d’écrasement. » Le nid de surface minimale 0,65 m2 est mis de préférence à l’avant. Dans le cas d’un nid en coin, son extrémité ne doit pas être à plus de 115 cm du couloir. Pour le sol, l’association de différents matériaux (plastique-béton ou fonte) est importante pour le confort thermique. La plupart des éleveurs préfèrent bloquer la truie lors des interventions. Il est donc important d’avoir un système de blocage simple et efficace. « Nous conseillons d’avoir un couloir sur les deux côtés de la case pour une meilleure accessibilité à la truie et aux porcelets. »

La vidéo pour analyser le comportement

L’étude s’est également intéressée aux pratiques. La plupart des éleveurs bloquent la truie dès l’entrée en maternité, pour des raisons d’hygiène de la case. Elle est ensuite libérée entre 4 et 8 jours après la mise bas (truie bloquée lors des soins des porcelets). « Nous préconisons toutefois de laisser la truie libre quelques jours avant la mise bas pour la découverte de son environnement et limiter les risques d’écrasés lors de la libération après mise bas », conseille Maëliss. Deux éleveurs ont constaté une amélioration des problèmes d’aplomb, les truies pouvant adopter de meilleures positions. Concernant les performances, le poids des porcelets sevrés est identique en case liberté et standard. L’augmentation du nombre d’écrasés n’a pas été perçue comme significative. Elle reste inférieure à celle constatée lors d’études antérieures (0,5 porcelet écrasé par truie). « Finalement, les attentes des éleveurs sont principalement autour des aménagements permettant d’améliorer la sécurité des opérateurs. »

Enfin, le comportement de la truie a pu être observé dans un élevage grâce à l’analyse d’images vidéos. Elle montre une différence significative sur la position debout de la truie (plus fréquente en système liberté) et la position décubitus latéral (plus fréquente en système bloqué). Des comportements stéréotypés sont observés quel que soit le mode de logement.

(1) : I-Tek, Big Dutchman, Aco Funky, Coquelin. Les cases sont utilisées soit « en production » avec un grand nombre de cases (40 et 50), soit en test (2 à 5 unités) en vue d’un futur investissement.
(2) Il n’existe pas de réglementation sur la surface minimum.

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