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« La case mise bas liberté, c’est le futur au Danemark »

L’élevage multiplicateur danois Avlscenter Trekanten est équipé depuis deux ans de cases mises bas liberté. Il explique son bon niveau de performances par le choix des équipements et une adaptation de la conduite d’élevage.

Dans le Jutland, l’élevage de multiplication en génétique Danavl de Louise et de Jorgen Skou, frère et sœur associés, s’est agrandi il y a deux ans avec un troisième site de naissage de x truies. La particularité de celui-ci étant d’être entièrement équipé de cases libertés. « Aucune réglementation ne nous y obligeait, concède Louise Skou, mais les attentes du consommateur en termes de bien-être animal sont de plus en plus fortes. Investir dans des cases mises bas liberté nous permet d’anticiper l’évolution du marché et d’assurer nos débouchés », a-t-elle expliqué lors d’une visite organisée par le distributeur de génétique danoise Breeders. Certes plus onéreuses, les nouvelles cases n’ont pas eu d’impact négatif sur les performances, au contraire. « Nous sevrons davantage de porcelets que dans les deux autres sites et avec un poids supérieur d’un kilo au sevrage à trente et un jours (8 kg de poids moyen) », résume Olha Solianyk, salariée de l’exploitation. Le nombre de porcelets sevrés atteint 12,5 par portée et 14 avec les truies adoptives. Avec 15,5 nés vivants et 1,3 nés morts (sachant que 70-80 % des truies sont primipares, le taux de réforme étant élevé du fait de la multiplication), le taux de mortalité au sevrage avoisine 7 à 10 %. « Il est lié dans 10 % des cas à de l’écrasement. Il a lieu pour moitié durant les premiers jours après mise bas lorsque la truie est encore bloquée. » Pour la chef d’élevage, ces bons résultats s’expliquent par une adaptation de la conduite du troupeau et le choix du matériel. « Nous avons beaucoup appris avec l’expérience. »

Privilégier l’accès aux porcelets

Le site est équipé de 288 cases du fabricant danois Jyden. D’une surface de 2,4 m sur 2,4 m, elle comprend une zone de sol plein sur quatre-vingt-dix centimètres de largeur et le reste en caillebotis. Les cases sont regroupées en îlots de quatre places, avec les auges dirigées vers le centre et les nids à porcelets du côté couloir. « Le plus important est d’avoir un accès aisé aux porcelets car ils nécessitent beaucoup plus de surveillance que la truie. L’auge de cette dernière est contrôlée une fois par jour et le réglage du doseur d’aliment se fait du couloir, à l’aide d’une perche télescopique. Si elle n’est pas bien vidangée, on ferme la descente. »

Les truies arrivent une semaine avant la mise bas. Les barrières sont en position bloquée. Leur écartement est réglé selon la taille des truies et leur rang de portée. « S’il est trop large, on augmente le risque d’écrasés. » Les truies reçoivent une poignée de paille une à deux fois avant la mise bas. « C’est un plus car cela permet d’apaiser la truie, surtout en cas de douleur. » Un râtelier est fixé sur la paroi latérale sur le côté de la truie. « L’accès au râtelier n’est pas direct pour la truie mais on n’a pas trouvé d’emplacement idéal, reconnaît-elle. « Posé au-dessus de l’auge, il protège la descente d’aliment mais la paille tombe dans la mangeoire avec un risque de gaspillage d’aliment. »

Les truies libérées selon la corpulence des porcelets

Le moment de l’ouverture des barrières après la mise bas dépend davantage de la taille et de la vigueur des porcelets que de leur âge. « S’ils sont bien portants, j’ouvre vers 5 jours. » De plus, Olha Solianyk conseille de ne pas ouvrir toutes les cases en même temps mais en décalé sur plusieurs jours (maximum cinq cases par jour et par salle). « En cas d’écrasement, la truie reconnaîtra plus facilement le cri de ses porcelets. Si les cris sont diffus dans toute la salle, elle n’aura pas forcément le réflexe de se lever », a-t-elle observé. La case dispose de deux barres anti-écrasement en plus des barrières en position ouverte. « Il faudrait ajouter une barre au niveau de la porte, suggère Olha. C’est là qu’ont lieu les écrasements. »

Lors d’un soin à réaliser (pose de la boucle, coupe de la queue, pas de castration), Olha attire les porcelets vers le nid avec un objet sonore. « La truie Danavl (race Yorkshire) est peu agressive. S’il faut rentrer dans la case pour attraper un porcelet, je me protège derrière la barrière en la faisant pivoter. »

L’ouverture de la porte du nid peut être bloquée. « En général, on ne le fait qu’une fois, pendant trente minutes juste après la mise bas pour laisser un peu de tranquillité à la truie le temps de s’abreuver et de s’alimenter. »

Les nids sont chauffés par le sol et par une lampe. À partir de 15 jours, de l’aliment est distribué dans un nourrisseur à l’intérieur du nid. Les porcelets ont aussi accès à un abreuvoir extérieur.

Les cases restent globalement propres jusqu’à 25-27 jours. « Si un nettoyage est nécessaire par la suite (quelques cases par jour), on distribue un peu d’aliment dans la mangeoire pour nettoyer en toute sécurité. »

Louise et Olha ne cachent pas leur préférence pour le site de naissage en cases de mise bas liberté. « Les porcelets sont plus costauds. Il y a moins de tubulaires et ils se déplacent plus librement. Au sevrage, la truie en sort plus facilement. »

Pour la chef d’élevage, la réussite est aussi liée au comportement de la truie Danavl. « Il faut intervenir le moins possible et favoriser le comportement naturel de la truie. » Le site de naissage de cinquante-six mises bas par semaine est géré par 2,5 salariés.

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