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La caméra, clé de voûte des applications Ro-Main en élevage de porcs

L’analyse des images enregistrées par des caméras constitue l’élément central des applications numériques basées sur l’intelligence artificielle que développe la société québécoise Ro-Main.

Jacquelin Labrecque, directeur Recherche et Développement de Ro-Main. « L’innovation doit être portée par les besoins des éleveurs, pas par la technologie. » © D.Poilvet
Jacquelin Labrecque, directeur Recherche et Développement de Ro-Main. « L’innovation doit être portée par les besoins des éleveurs, pas par la technologie. »
© D.Poilvet

Pour Jacquelin Labrecque, directeur Recherche et Développement de Ro-Main, les applications développées à partir des caméras devraient se multiplier dans l’avenir. « Malgré les contraintes techniques inhérentes aux élevages (poussières, humidité…), la caméra constitue la meilleure solution pour surveiller les animaux et analyser leur comportement, grâce notamment à de nouvelles technologies numériques qui ont permis d’améliorer la qualité de la vision, même dans des conditions difficiles », affirme-t-il. L’ingénieur souligne qu’une caméra peut observer les animaux 24 heures sur 24 dans le bâtiment, alors que l’éleveur n’y est présent que temporairement. « Même si la capacité d’analyse des images n’atteint que 80 % de celle de l’œil et du cerveau humain, la durée d’observation plus importante fait nettement pencher la balance en faveur de la caméra en termes d’efficacité. »

Ro-Main a utilisé les caméras tout d’abord pour son outil Smart Breeding, une application qui détermine précisément le meilleur moment d’insémination des truies en chaleur à partir de l’analyse de leur comportement. Initialement, l’appareil utilisait des capteurs de mouvement. « Nous les avons remplacés par des caméras dès que des modèles peu onéreux et suffisamment performants ont été mis sur le marché », détaille l’ingénieur. Le coût est aussi minoré par l’utilisation d’une seule caméra pour quatre truies.

Les caméras observent les animaux 24 heures sur 24

L’entreprise a ensuite développé une solution de comptage des animaux (Smart Counting) à un coût abordable. La caméra envoie des flux vidéo à un serveur qui analyse les images pour indiquer le nombre d’animaux présents en temps réel dans la zone de comptage. Pratique pour gagner du temps et éviter les conflits avec l’abatteur ou l’engraisseur ! Une troisième application appelée Smart Tracking permet de suivre le comportement des animaux en temps réel. Ces caméras envoient des flux vidéo à un serveur qui les analyse et les transpose en données métriques. Pour le moment, cette application intéresse essentiellement les chercheurs ou les vétérinaires qui veulent utiliser ces données comportementales dans le cadre de leurs expérimentations. L’Ifip s’est porté acquéreur de six caméras dans le cadre de ses expérimentations (voir page suivante).

Un nouvel outil pour l’identification individuelle

Très vite, Ro-Main promet de nouvelles applications très concrètes susceptibles d’intéresser les éleveurs : détection d’animaux malades ou agressifs, analyse des conditions d’élevage… « Nous pourrons aussi caractériser le bien-être des animaux directement en fonction de leur comportement, et non indirectement à partir de données d’ambiance », souligne Jacquelin Labrecque. Par ailleurs, il estime que les caméras devraient remplacer les boucles d’identification individuelle d’ici cinq ans environ, grâce à de nouvelles technologies de reconnaissance faciale. Ces systèmes sont déjà utilisés par certains réseaux sociaux ou des systèmes de vidéosurveillance. « Les caméras constitueront alors une alternative économiquement et ergonomiquement intéressante aux systèmes parfois contraignants actuellement en place ».

Ro-Main ne compte pas se limiter aux caméras pour analyser le comportement des animaux d’élevage. « Les cinq sens de la perception humaine sont concernés. Des applications prometteuses à partir d’analyses sonores voient déjà le jour », souligne Jacquelin Labrecque. L’odorat, le toucher et le goût semblent pour le moment plus inaccessibles aux nouvelles technologies numériques. Mais à la vitesse où elles évoluent, on ne sait jamais…

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