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La biosécurité passe par une eau de qualité

Une eau de qualité fait partie des mesures de biosécurité essentielles pour maîtriser l’état sanitaire d’un cheptel. Des analyses régulières sont indispensables pour bien l’évaluer.

Dans le cadre du plan Ecoantibio qui vise à réduire la consommation d’antibiotiques dans les élevages, l’Ifip a réalisé en un an dix formations sur la qualité de l’eau suivies par soixante-dix-sept vétérinaires et techniciens. Ces formations ont parfois été prolongées par des audits en élevage, qui ont été l’occasion de mettre en place de nombreux points d’amélioration avec l’éleveur. Elles ont aussi mis en évidence l’importance des analyses physico-chimiques et bactériologiques, préalables indispensables à toute démarche de progrès.

1 Critères physico-chimiques : un impact sur les équipements et un lien indirect avec les maladies

Une eau de mauvaise qualité physico-chimique impacte avant tout les installations, en encrassant les canalisations et les équipements (compteurs d’eau, abreuvoirs…). Mais elle porte aussi indirectement préjudice à la santé des animaux, en provoquant l’apparition de biofilm et parfois du sous-abreuvement par le bouchage des abreuvoirs. La mauvaise qualité physico-chimique peut aussi être à l’origine d’un échec des traitements administrés par pompe doseuse, en réduisant la solubilité des produits et également par un sous-abreuvement. Enfin, elle peut aussi provoquer une désactivation du chlore qui ne remplit plus sa fonction de potabilisation.

Le guide des bonnes pratiques d’hygiène en élevage de porcs (GBPH) liste les critères importants à analyser pour prouver la bonne qualité physico-chimique d’une eau : pH, dureté, présence de fer, de manganèse, de matières organiques et d’azote ammoniacal. Tous ces critères agissent plus ou moins sur la formation de biofilm et sur l’efficacité de la chloration. Pour chacun d’entre eux, il existe des solutions de traitement permettant de les faire évoluer dans les normes. L’Anses conseille également d’analyser la conductivité de l’eau, qui est un marqueur de pollution et de corrosion des matériaux métalliques, et les nitrates, qui présentent un danger direct pour la santé des porcs.

2 Qualité bactériologique : en lien direct avec les maladies multifactorielles

Pour la potabilité de l’eau destinée à la consommation humaine, la qualité bactériologique est définie par deux indicateurs principaux : les Escherichia coli et les entérocoques fécaux (Streptocoques), dont la présence est un indicateur de contamination virale d’origine fécale. L’Ifip conseille de viser l’absence de ces deux indicateurs, alors que l’Anses tolère jusqu’à dix UFC par cent millilitres pour les eaux souterraines. À ces deux critères, l’Ifip conseille, comme pour l’eau potable, d’ajouter l’analyse des coliformes totaux, qui sont des marqueurs de pollution par infiltration d’eau de surface notamment, et celle des bactéries anaérobies sulfito-réductrices. Ces dernières révèlent souvent une mauvaise protection du captage et la présence de matière organique en décomposition. La contamination de l’eau peut aussi se produire dans les cuves de stockage tampon, ou bien dans les canalisations où peut se développer le biofilm, une pellicule organique qui se colle à l’intérieur des canalisations et qui est un véritable nid à bactéries.

Sa présence est favorisée par les températures élevées des salles, la stagnation de l’eau durant le vide sanitaire, les obstacles à sa circulation (coudes, bras morts…), et les nutriments apportés par les produits de traitements. Les traitements en continu au peroxyde d’hydrogène ou à l’eau électrolysée limitent sa formation. Si l’eau est traitée au chlore, l’idéal est de mener une action de nettoyage au minimum 2 à 3 fois par an, surtout en post-sevrage. Le nettoyage doit être réalisé en quatre étapes : une détergence avec une base forte, suivie d’un rinçage, puis un détartrage et d’une désinfection avec un produit à base de peroxyde d’hydrogène et d’acide, puis un rinçage. Le nettoyage des canalisations peut aussi être fait sans produits chimiques, avec des ondes électro-magnétiques, ou bien mécaniquement en injectant successivement de l’air et de l’eau sous pression.

 

 

En savoir plus

Le coût des traitements physico-chimiques de l’eau (1)

Filtre en amont des équipements : de 55 € (filtre à tamis) jusqu’à 2 000 euros (filtre auto nettoyant)

Neutralisation de l’eau (augmentation de la dureté) : 2 300-2 500 € d’installation et 120-350 €/an de consommables

Adoucissement (baisse de la dureté) : 1 000-4 000 € d’installation et 150-1 200 €/an de consommables

Déferrisation et/ou démanganisation : entre 4 200 et 10 000 € d’installation et 250 à 500 € de consommables.

(1) chiffres donnés à titre indicatif

 

 

Les élevages avicoles à la pointe de l’hygiène de l’eau

Les aviculteurs sont plus rigoureux sur les protocoles de nettoyage des circuits d’eau que les éleveurs de porcs. Selon une enquête réalisée par le groupe Sanders Bretagne, au moins 80 % d’entre eux réalisent un nettoyage acide-base entre chaque lot, contre seulement 8 à 12 % en porc. 84 % purgent les canalisations en vide sanitaire et presque la moitié en cours de lots. Des pratiques justifiées par la sensibilité très forte des volailles à la qualité bactériologique de l’eau de boisson, qui pourraient également se justifier en élevage de porcs, notamment dans des démarches de démédication.

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