« La guerre digitale contre le porc est déclarée »
Pour Caroline Faillet, qui se définit elle-même comme une « netnologue », internet est devenu un véritable champ de bataille où le citoyen-consommateur joue un rôle majeur. « Et depuis quelques mois, la filière viande est en première ligne de cette guerre », constatait-elle, lors de l’assemblée générale du Comité régional porcin Bretagne à Plérin le 22 juin. « Le web est devenu le premier vecteur d’influence depuis 2010, loin devant la télévision, la radio, et même le bouche-à-oreille. » Ce qui explique qu’à chaque fait nouveau mis en avant par les militants antiviande – vidéo dans un élevage, dans un abattoir, pétition contre une extension d’élevage… – les retombées sont toujours plus fortes. « Les techniques de ces opposants sont bien connues », explique-t-elle : mise en avant d’informations difficilement vérifiables, dimension émotionnelle forte… et surtout, utilisation optimale des possibilités du web. « Plutôt que d’utiliser internet pour faire de l’affichage, ils font de la communication horizontale en dialoguant avec les différentes communautés. »
Ne pas monter seul au front
Face à cette déferlante médiatique, Caroline Faillet déplore le manque de concertation des différents acteurs des filières viande. « Il ne faut pas monter seul au front, mais au contraire agir en réseaux, utiliser tous les moyens disponibles, youtube, facebook, twitter… » Les angles de communication sont multiples : plaisir de manger, équilibre nutritionnel, environnement, dimension normative, « c’est-à-dire faire passer le message que manger de la viande n’est pas mal ». Cette approche concertée doit aussi coordonner des démarches individuelles. « Un message passera mieux si c’est un éleveur qui le publie plutôt qu’une organisation syndicale ou professionnelle. Et plus il y aura d’éleveurs à s’emparer du sujet, plus l’objectif de marginaliser l’impact des opposants sera facile à atteindre ». Message parfaitement reçu par les responsables professionnels présents à l’AG. « Le syndicalisme et les organisations économiques travaillent aujourd’hui au développement de réseaux d’éleveurs et de salariés impliqués sur la toile », a conclu Philippe Bizien, le président du Comité régional porcin.