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Du cochon au pays des Salers

Dans le Cantal, des jeunes s'installent encore en production porcine. La profession organisée en filière veut continuer d'exister aux côtés des productions bovines dominantes.

© dp
Avec la création d’un atelier neuf de 130 truies naisseur-engraisseur, Benoît Julhes a décidé d’ajouter la production porcine au Gaec familial, qui exploite un troupeau de 80 vaches allaitantes à Badailhac, dans le Cantal. Le défi est de taille pour ce jeune éleveur de 28 ans. Dans ce département qui ne compte plus qu’une quarantaine d’éleveurs de porcs, les productions bovines sont nettement dominantes. Le groupe coopératif Altitude, basé à Aurillac, compte 800 adhérents producteurs de lait et 2000 producteurs de viande! Cette prédominance a notamment pour effet un surenchérissement du prix de l’hectare d’herbe. « À cause de la course au foncier généralisée dans le département, il n’y avait pas de place pour agrandir le troupeau existant », expliquait Jean-Pierre Julhes, père et désormais associé de Benoît, à l’occasion de la porte ouverte organisée le 24 octobre dernier pour l’inauguration des bâtiments. « J’ai découvert la production porcine en travaillant quatre ans comme technicien au groupement CAPP d’Aurillac », indique Benoît Julhes. Le groupement fait partie du groupe Altitude qui dispose de trois usines d’aliment, d’un abattoir et de deux outils de salaisonnerie qui valorisent les carcasses (voir page 16). « Avec le soutien de la filière, mon projet est facilement passé auprès du banquier malgré un investissement de 650000 euros. » Par ailleurs, l’absence de hors-sol dans le département rend quasiment inexistantes les contraintes d’épandage. « Nous disposons de 637 hectares de surfaces épandables pour nos deux productions. » Le plan d’épandage est basé sur les besoins réels des plantes (essentiellement de l’herbe), à savoir 120 unités d’azote et 45 unités de phosphore. « Grâce à une capacité de stockage de neuf mois, les épandages de lisier se feront quand la plante en aura besoin, et se substitueront aux engrais minéraux. » Pour Benoît Julhes, le plus difficile a été de mener à bien le dossier installation classée. Il a fallu deux ans pour obtenir l’autorisation d’exploiter, malgré l’absence d’opposition au projet. La politique des pouvoirs publics n’incite pas non plus à investir dans le porc. « Nous avons obtenu à peine 10% de subventions, alors que les productions bovines bénéficient de taux nettement plus élevés pour financer leurs bâtiments. » La filière apporte une plus-value moyenne de 13 c par kilo de carcasse Avec un prévisionnel de 2700 porcs vendus chaque année, la part du bâtiment dans le prix de revient prévisionnel est de 0,22 euro par kilo de carcasse. L’aliment représente un coût de 1,10 euro/kg. « Nous l’achetons à la coopérative, car sans production de céréales, il n’est pas rentable de fabriquer l’aliment à la ferme », justifie Benoît Julhes. Au total, avec les prix d’aliment actuels, le prix de revient prévisionnel est de 1,60 euro/kg de carcasse. Pour le couvrir, l’éleveur compte sur les plus-values qualité apportées par la marque Cantalou Porc de Montagne, exploitée par les outils de transformation d’Altitude. « Par rapport au prix de base cadran breton, majoré de la plus value Uniporc, la filière apporte une plus value moyenne de 13 centimes par kilo de carcasse », indique Christian Jouvente, le directeur du groupement. C’est en artie grâce à cette plus-value que Julien Bar, un autre jeune installé en 2007 dans des conditions similaires à Benoît Julhes, dégage un revenu positif malgré la crise. « Il faut faire savoir que pour les jeunes de notre région, la production porcine est une bonne opportunité si on se donne les moyens de bien travailler », explique-t-il. « Un bon bâtiment est un préalable indispensable pour dégager des résultats techniques et maîtriser le sanitaire. Le lisier est aussi très bien valorisé par les prairies. Au prix actuel des engrais minéraux, il permet des économies appréciables », conclut-il.

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