Des investissements productifs compatibles avec les demandes sociétales
En ouvrant les portes de leur nouveau bloc naissage de 400 truies, Jérôme et Jessica Orvain ont voulu démontrer que les investissements faits pour moderniser leur outil de production peuvent également constituer des réponses aux demandes sociétales.
En ouvrant les portes de leur nouveau bloc naissage de 400 truies, Jérôme et Jessica Orvain ont voulu démontrer que les investissements faits pour moderniser leur outil de production peuvent également constituer des réponses aux demandes sociétales.
À Isigny-le-Buat dans la Manche, l’arrivée de Jessie Orvain dans le Gaec comme associée avec son mari Jérôme a été l’occasion de restructurer l’ensemble de l’élevage, avec la construction d’un bloc naissage de quatre cents truies et d’un nouveau post-sevrage. Dans le même temps, les bâtiments ont été aménagés pour pouvoir engraisser tous les porcelets produits sur l’exploitation. En parallèle, la FAF et l’unité de méthanisation existantes ont été agrandies. Au-delà de l’intérêt économique évident d’une telle restructuration, les deux éleveurs ont insisté durant la porte ouverte organisée le 1er septembre dernier avec leur groupement Porc Armor Évolution sur « le besoin de réaliser une synthèse cohérente entre les demandes sociétales (bien-être animal, qualité alimentaire et sanitaire), énergétiques (moindre consommation et production d’énergie) et le développement de l’exploitation ». Démonstration en trois exemples.
« Nous avons choisi des cases de mise bas liberté, car, même si les cahiers des charges ne l’imposent pas encore, c’est une demande sociétale dont il faudra tenir compte un jour ou l’autre », affirment les éleveurs. L’élevage a été totalement restructuré pour passer de 300 à 400 truies. Un bloc naissage neuf a été construit pour une conduite en 7 bandes de 50 truies à la mise bas, avec 350 places en verraterie-gestantes et 100 places en maternité. Le post-sevrage neuf de 1 728 places est constitué de six salles de 288 places pour pouvoir loger trois bandes. Les bâtiments existants ont tous été affectés à l’engraissement, pour obtenir au final 2 917 places qui permettront d’engraisser tous les porcelets produits.
« Grâce à la méthanisation et aux bâtiments BEBC, l’exploitation est à énergie positive à 135 %. Elle produit 2,35 fois plus d’énergie qu’elle en consomme. » Le lisier ainsi que le fumier de l’atelier taurillon sont valorisés avec des intrants végétaux par l’unité de méthanisation construite il y a six ans, et dont la capacité va évoluer de 150 à 190 kW électrique. Après la méthanisation et une séparation de phase, le digestat liquide est épandu avec le lisier des truies sur les terres d’épandage. L’excédent de chaleur qui ne sert pas à chauffer les bâtiments est utilisé pour sécher la fraction solide, exportée après une phase de maturation. La production prévisionnelle d’électricité est de 1 582 MWh par an. En comparaison, l’élevage consomme 673 MWh par an, réparti entre l’électricité et le fuel. Les équipements choisis (nids à porcelets en maternité et en PS, ventilation centralisée, éclairages Led…) permettent de diviser par 3,5 la consommation d’électricité de l’élevage par rapport à la consommation de référence d’un atelier équivalent classique.
« Avec notre fabrique d’aliment, nous utilisons des céréales produites localement. Les frais d’approche sont limités et les transports de matières premières produisent peu de CO2. » En parallèle à la création du nouveau bloc naissage, la FAF a été agrandie pour pouvoir fabriquer tous les aliments nécessaires à l’élevage. Le stockage du maïs humide en silos tour constitue un argument supplémentaire en termes d’économies d’énergie. Pour les céréales sèches et les tourteaux, les éleveurs ont fait l’acquisition de cellules couvertes.
Le coût total du projet est de 2 7 millions d’euros (M€), dont 1,30 M€ pour le bloc naissage et le post-sevrage (voir tableau). Le coût ramené à la place est de 251 euros la place de post-sevrage, 1 160 euros celle de gestante, et de 4 632 euros en maternité. Selon Jérôme Orvain, le surcoût lié aux cases liberté en maternité est de 400 euros la place par rapport à une case standard, auquel il faut ajouter une surface de bâtiment supplémentaire de 15 %.
Le Gaec 2J Orvain
2 associés (Jérôme et Jessie Orvain)
3 salariés
400 truies naisseur-engraisseur
70 hectares de SAU
80 jeunes bovins
1 fabrique d’aliment
1 station de méthanisation (190 kW électrique)
1 station de traitement des effluents