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Bientôt des insectes dans les aliments composés ?

Les larves d’insectes possèdent des valeurs nutritionnelles intéressantes pour l’alimentation des animaux. Mais beaucoup d’obstacles restent à surmonter pour les incorporer dans les formules.

L’élevage de larves de mouche produit 150 tonnes de protéines par hectare et par an, contre seulement 0,9 tonne pour le soja.
L’élevage de larves de mouche produit 150 tonnes de protéines par hectare et par an, contre seulement 0,9 tonne pour le soja.
© C. Maître/Inra

Et pourquoi pas des larves d’insectes dans les aliments composés de nos animaux d’élevage ? Un sujet très sérieux dont s’est emparé Philippe Schmidely, enseignant à l’Agroparistech, l’une des écoles françaises qui forme les ingénieurs agronomes. « Il existe 1900 espèces d’insectes comestibles. Quelques unes sont aptes à être élevées de manière industrielle », révélait-il, lors de la dernière journée Céréopa à Paris le 2 décembre 2015. Ce sont essentiellement la Musca domestica (mouche domestique) et la Hermetia illucens, la mouche « soldat noire », qui produisent des larves dont les teneurs en protéines (de 37 à 68 %), et en matière grasse (jusqu’à 46 %) font saliver les formulateurs. « Leurs profils d’acides aminés sont comparables à ceux du tourteau de soja ou de la farine de viande avec notamment des taux de lysine très élevés. »
Pour beaucoup de chercheurs, les insectes sont la solution pour faire face à l’augmentation des besoins protéinés dans le monde. Il leur faut 200 fois moins de surface qu’une culture d’oléagineux pour produire autant de protéines. « L’élevage de larves de mouches produit 150 tonnes de protéines par hectare et par an, contre seulement 0,9 tonne pour le soja », explique l’enseignant. Sa production de gaz à effets de serre (GES) est faible, de même que sa consommation d’eau, ce qui en fait une source protéique écolo-compatible. « On peut aussi l’envisager comme une solution de valorisation des déjections organiques qui constituent leur alimentation. »
Les espèces cibles sont celles qui consomment naturellement des insectes : poissons, volailles, et bien sûr les porcs. « Des essais ont déjà été menés avec succès en poissons, à des taux compris entre 20 et 40 % de la ration, et en volaille à 25-30 %. » Peu de données sont disponibles en porcs. « Certains élevages polonais et allemands utilisent la fraction solide de leur lisier pour élever des larves de mouche domestique », affirme Philippe Schmidely. Après être séparées de leur substrat et nettoyées, elles seraient distribuées vivantes, à raison de 150 à 200 grammes par porc et par jour. « Des essais supplémentaires doivent être menés, notamment en porc, pour mieux cerner leurs intérêts nutritionnels. »


Des protéines animales transformées, vecteurs potentiels de contaminants


Mais avant d’alimenter nos porcs avec des larves d’insectes, il faudra lever beaucoup de barrières, à commencer par la réglementation sur l’alimentation animale. « Ces larves, élevées sur des déjections animales, sont des vecteurs potentiels de contaminants », explique Philippe Schmidely. Par ailleurs, elles seraient considérées comme des protéines animales transformées (PAT), ex-farines animales, actuellement interdites pour l’alimentation des porcs européens. Ensuite, la production à grande échelle est encore peu organisée et coûte cher : « quatre euros du kilo de larves, alors que leur prix d’intérêt est de un euro du kilo ».
Enfin, Philippe Schmidely estime que, comme pour tous les animaux, les larves d’insectes sont soumises aux exigences de bien-être, ce qui peut induire des contraintes et des coûts pour le procédé de mise à mort ! Certaines sociétés seraient prêtes à en produire, à condition que la réglementation évolue. « La Belgique et les Pays-Bas autorisent déjà dix espèces d’insectes en alimentation humaine. En alimentation animale, la réglementation pourrait être adaptée rapidement. » Une échéance que Philippe Schmidely estime entre trois et quatre ans.

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