L’Inrae teste l’écoformulation des rations en élevage de porc
À Saint-Gilles en Ille-et-Vilaine, l’Inrae mène plusieurs recherches avec l’Ifip pour améliorer les résultats économiques et environnementaux des élevages porcins. Parmi ces travaux : l’alimentation de précision pour les charcutiers et les truies et l’écoformulation des aliments. Un logiciel outil d’aide à la décision devrait être opérationnel dans un peu plus d’un an pour réaliser l’écoformulation.

Mettre au point et tester l’alimentation individualisée et de précision chez le porc : telle est la recherche menée par l’unité mixte de recherche (UMR) Pégase d’Inrae sur son site de Saint-Gilles, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), en partenariat étroit avec l’Ifip. L’objectif est d’arriver à proposer des recettes aux éleveurs qui permettent de « satisfaire les besoins des animaux en prenant en compte les contraintes des aliments, les valeurs nutritionnelles et les impacts environnementaux des matières premières », décrit Florence Garcia-Launay, chercheuse à l’Inrae et membre de l’UMR Pegase que pilote Ludovic Brossard.

Une alimentation individualisée en préparation
Pour suivre de près les apports nutritionnels de chaque animal, l’Inrae a équipé des salles d’élevage de distributeurs d’aliments. Dans la pratique, le porc qui veut se nourrir passe d’abord sur une balance. La pesée l’autorisera ou non à poursuivre sa quête de nourriture. Ensuite, selon son profil, déterminé par l’équipe de recherche, le distributeur lui délivrera la ration dont il a besoin. « Quatre types d’aliments sont envoyés dans le distributeur. Cela nous permet de suivre l’évolution du porc, mais aussi son appétence, ce qu’il préfère manger », détaille Étienne Labussière, chercheur en nutrition animale. À Saint-Gilles, l’équipe de recherche s’appuie sur des distributeurs de l’équipementier espagnol Exafan, développés avec l’université de LLeida en Catalogne. « Nous pouvons prédire, en temps réel, les besoins nutritionnels de nos animaux pour adapter leur alimentation. Chaque jour, le mélange est adapté à chaque animal », résume Étienne Labussière. « L’idée est bien d’économiser la ressource tout en maintenant les performances. » Reste qu’en porc bio, la donne est différente : « l’économie de protéines y est particulière car on n’a pas le droit aux acides aminés de synthèse », glisse le spécialiste de l’alimentation animale. Mais les principes de l’alimentation individualisée y restent applicables.

Quatre recettes sont donc actuellement testées sur des porcs charcutiers par Ludovic Brossard et sur des truies par Charlotte Gaillard, chercheuse à l’unité Pégase. Avec un remplacement de céréales par des produits aux impacts environnementaux moindres. « Parmi les nouvelles matières premières, on teste la féverole car elle augmente la valeur nutritionnelle, mais aussi le son de blé ou la poudre de remoulage de blé, ou bien encore la farine de luzerne, qui apportent beaucoup des protéines et peuvent être produites localement », explique Étienne Labussière. Et de rappeler que « le blé nécessite des apports de protéines car on cherche à produire une viande plutôt maigre, mais avec des acides gras », complète Étienne Labussière.
Un outil d’aide à la décision en 2026 pour des aliments plus écolos
Ces recherches, qui visent aussi à « minimiser le coût alimentaire », vont se traduire, d’ici juin 2026, par la publication d’un logiciel de formulation d’aliments, actuellement en développement, et destiné « aux professionnels du secteur et à l’enseignement agricole ». Ce logiciel est d’ores et déjà présenté comme « un outil permettant à l’utilisateur de faire son choix dans la gamme de matières premières disponibles en fonction des impacts environnementaux associés ».
« On travaille sur des aliments qui vont réduire les impacts environnementaux avec une augmentation des prix la plus faible possible, insiste Florence Garcia-Launay. C’est pour cela que l’on parle d’écoaliments. » À noter que cette approche a aussi été développée sur des aliments pour des poulets de chair, des truites arc-en-ciel et des taurillons.
Le chiffre : 50 K€
Le développement du logiciel sur l’écoformulation est financée par l’Inrae à hauteur de 50 000 euros, « spécifiquement dédiés à la montée en maturité (TRL) de travaux potentiellement valorisables », indique Florence Garcia-Launay.