« Je récupère l’eau de pluie pour le lavage des salles de mon élevage de porc »
La SCEA de Kerbohec est équipée d’un dispositif de récupération et de traitement des eaux de pluie, permettant d’économiser l’eau de source réservée à l’abreuvement des animaux.

Arnaud Lidurin réfléchissait depuis quelques années à une solution pour utiliser l’eau de pluie ruisselant sur les toitures de ses bâtiments d’élevage et préserver ses ressources en eau. Elle s’est concrétisée il y a un an avec la mise en route d’un dispositif de récupération de l’eau de pluie, installé sur le bloc naissage récemment construit de l’exploitation de 370 truies naisseur-engraisseur, située à Baud dans le Morbihan. Un choix qu’il a fait par conviction, sans forcément en attendre de retour sur investissement. « Nous n’avons pas de forage mais nous utilisons une eau de source, qui suffisait pour répondre aux besoins de l’élevage. Je préfère toutefois la réserver à l’abreuvement de mes animaux. Je trouve cela plus valorisant pour notre exploitation. Cela contribue à sa pérennité », a-t-il témoigné lors d’une journée sur l’eau organisée par la chambre d’agriculture de Bretagne. « C’est aussi une façon de compenser l’impact sur les ressources en eau du laveur d’air du bâtiment d’engraissement qui consomme 900 m3 d’eau chaque année. » L’eau de pluie est utilisée pour le trempage et le lavage de toutes les salles d’élevage ainsi que pour les bottes et le petit matériel. Sur un an de fonctionnement, cela a représenté 1 300 m3 d’eau de pluie valorisée.

Un fonctionnement automatisé
Récupérée sur quelque 2 500 m2 de toitures, l’eau de pluie est stockée dans une poche souple de 250 m3. Elle est filtrée et désinfectée avant utilisation (voir ci-dessous). « Un volume de 120 m3 aurait suffi. J’ai volontairement surdimensionné la poche pour éviter qu’elle ne soit vide, notamment sur les périodes sèches d’été. » L’éleveur est pleinement satisfait de son installation, tant en termes de fonctionnement que d’équipements. « Tout est automatisé. Il y a très peu de surveillance et d’entretien. » Si la citerne d’eau de pluie destinée au lavage descend en dessous d’un certain seuil, elle est alors automatiquement alimentée par l’eau de source. Par précaution les premiers temps, l’éleveur a surveillé chaque semaine les filtres des pompes de lavage pour s’assurer qu’il n’y avait pas de risque d’encrassement. « Ils étaient très propres. De même, il n’y a pas eu de problèmes de bouchage des buses des rampes de trempage. »

L’ensemble du dispositif de récupération et de traitement a coûté 45 000 euros, tout compris. L’installation nécessite bien entendu d’avoir des réseaux d’eau de pluie et d’eau de source complètement séparés.
Une eau filtrée et désinfectée avant usage
La collecte de l’eau de pluie est réalisée à partir de tous les bâtiments neufs de l’élevage (verraterie-gestante, maternité), ainsi que du bâtiment d’engraissement et des hangars photovoltaïques. « Tout est regroupé en un même point bas central, pour être remonté ensuite près du local de traitement de l’eau », détaille Arnaud Lidurin. Après le passage par un premier filtre en inox (tamis), l’eau transite par une fosse en béton de 15 m3 (6 mètres de surface sur 2,5 mètres de profondeur). « La fosse a été couverte dans un deuxième temps afin de maintenir une eau claire et éviter la prolifération d’algues. » L’eau est ensuite stockée dans une poche de 250 m3, dont la hauteur une fois pleine avoisine 1,5 mètre. Son remplissage se fait par le dessous par un large tuyau (de type Ecopal). Elle dispose d’un trop-plein sur le dessus. Reprise par une pompe vers le local de traitement, l’eau passe par un filtre de 100 microns avant d’être désinfectée par chloration puis par une lampe à rayons ultraviolets.
