Porte ouverte au Gaec Multiporcs à Montilliers en Maine-et-Loire
260 truies en multiplication sous air filtré nouvelle génération
En réalisant un bloc neuf de 260 truies sous air filtré dans lequel toutes les cochettes seront engraissées, Claude et Pierre Fardeau assurent la pérennité de leur activité de multiplicateur.
En réalisant un bloc neuf de 260 truies sous air filtré dans lequel toutes les cochettes seront engraissées, Claude et Pierre Fardeau assurent la pérennité de leur activité de multiplicateur.













Au Gaec Multiporcs, la réalisation de ce nouvel ensemble de 260 truies en multiplication matérialise le passage de témoin à terme entre Claude Fardeau, éleveur à Montilliers dans le Maine-et-Loire depuis 1983, et son fils Pierre, qui a intégré le Gaec en 2014. "Le bloc naissage de l’élevage existant de 140 truies arrivait en fin de vie", expliquait Pierre Fardeau, à l’occasion de la porte ouverte organisée avec son groupement Cooperl le 2 septembre dernier. "Nous n’avons donc gardé que les post-sevrages et les engraissements existants pour engraisser les mâles. Pour la partie naissage et l’engraissement des femelles, nous sommes partis d’une feuille blanche avec notre technicien bâtiment Cooperl, Régis Rézeau, pour monter un ensemble de bâtiments répondant aux exigences de la multiplication et à l’objectif de performances techniques de haut niveau." Dans le cahier des charges figurait en première ligne la nécessité de pérenniser dans le temps l’activité de multiplication. "Au vu de la présence de nombreux élevages à proximité, la filtration est la réponse à cette exigence", estime Régis Rézeau. Avec l’expérience accumulée auprès des sélectionneurs et des multiplicateurs du schéma Nucléus, les techniciens bâtiments de la Cooperl ont progressivement adapté les modules de filtration de l’air entrant, initialement destinés à des équipements industriels, aux bâtiments porcins. "Nous les intégrons désormais dans le bâtiment, alors que jusqu’ici, les éléments de filtration étaient regroupés dans un caisson indépendant, en amont de l’entrée d’air", explique Régis Rézeau. Ce concept, aussi appelé "mur filtrant", a été développé avec la société Safnor. Selon le technicien, il a pour principal intérêt de diminuer le coût de la filtration, même s’il occupe une surface importante du bâtiment. "Mais son principal intérêt réside dans sa plus grande longévité, nettement plus élevée que celle des unités de filtration confinées dans un caisson extérieur, soumis à la corrosion", précise Pascal Massot, de la société Safnor. "Par ailleurs, la maintenance des équipements est facilitée par un meilleur accès. On est moins limité par la surface, ce qui permet d’augmenter le nombre de filtres. Les pertes de charges sont moins élevées, la consommation diminue, et leur durée de vie augmente."
Cette filtration de l’air n’est que la partie la plus visible de toute une conception du bâtiment qui vise à obtenir un meilleur état sanitaire possible des animaux (voir pages suivantes). Les mouvements d’animaux ont été particulièrement adaptés à cet objectif, avec une marche en avant stricte et quatre quais d’embarquement différenciés pour l’envoi des porcs charcutiers, des cochettes, des porcelets mâles engraissés sur l’autre site et la réception des cochettes grands parentales. Le bâtiment naissage est distinct de l’engraissement, les deux bâtiments communicant par un couloir fermé à ses deux extrémités par des portes coupe-feu.
Les deux éleveurs ont également mis l’accent sur la qualité de l’eau, avec un tableau de départ complet du circuit de distribution conçu par Eau Sûre, la filiale de Cooperl pour tout ce qui concerne le traitement de l’eau. Ce tableau comprend deux pompes à chlore, l’une pour traiter l’eau de boisson à faible dose, l’autre pour surchlorer l’eau destinée aux cooling situés en amont des filtres d’entrée d’air afin d’éviter les surdéveloppements bactériens. Cette deuxième pompe est également utilisée pour l’ajout d’un agent mouillant dans l’eau destinée au prétrempage des salles. La ligne d’eau spécifique aux traitements médicamenteux est équipée en amont d’un stérilisateur UV, utilisé pendant les phases de traitement par l’eau de boisson pour éviter l’emploi d’une eau chlorée. Le tableau est complété par un Aéroclean, qui permet le nettoyage du biofilm en envoyant successivement de l’air et de l’eau dans les canalisations.
La fraction solide du raclage sera exportée vers un méthaniseur
L’environnement constitue également un poste d’investissement important, avec le choix des racleurs Trac en engraissement. La fraction solide issue du raclage sera exportée vers un méthaniseur en cours de construction. Cette unité de méthanisation met en commun le plan d’épandage de 80 exploitations parties prenantes dans le projet. À l’issue de la phase de production de gaz, le digestat sera transformé en trois produits distincts : une fraction solide issue d’une séparation de phase, un liquide pauvre en phosphore issu d’une décantation, et des boues séchés avec la chaleur du cogénérateur qui produit l’électricité. Ces trois produits, dont les teneurs NPK sont différentes, seront ensuite renvoyés vers les exploitations partenaires en proportion de leurs besoins pour atteindre les objectifs de fertilisation organique (130 kg d’azote et 65 kg de phosphore à l’hectare). Au Gaec Multiporcs, ils serviront à compléter la fraction liquide issue des racleurs et le lisier des truies et des porcs charcutiers mâles engraissés sur le second site de l’exploitation pour fertiliser les 130 hectares de SAU. "En mutualisant le plan d’épandage de toutes les exploitations concernées, ce projet va permettre d’atténuer la pression actuellement très forte sur le foncier liée beaucoup plus à des besoins d’épandage qu’à la volonté des agriculteurs de s’agrandir", estime Claude Fardeau.
Tous ces équipements ont un coût qui se traduit par un montant d’investissement élevé (2,2 millions d’euros pour 260 truies, 672 places de post-sevrage et 1 440 places d’engraissement, voir détail ci-contre). "Le statut de multiplicateur et la prime génétique attribuée aux cochettes commercialisées nous permettent d’investir dans certains équipements qu’on ne pourrait pas acquérir si on n’était que naisseur-engraisseur", fait remarquer Claude Fardeau. Par ailleurs, Cooperl attribue une aide à la filtration et un financement spécifique aux multiplicateurs qui mettent leurs bâtiments sous air filtré. "Nos sélectionneurs et nos multiplicateurs doivent raisonner leur activité sur le long terme pour rentabiliser les investissements nécessaires à leurs activités", souligne Mickaël Bordier, responsable génétique Cooperl. "Leur pérennité dans un marché très concurrentiel ne peut être assurée que par un statut sanitaire élevé. C’est pourquoi il est indispensable d’investir dans des équipements efficaces comme la filtration ou le traitement de l’eau pour garantir cette pérennité", conclut-il.
Les fournisseurs
Terrassement Tisserond
Maçonnerie et élévations Rossard
Charpente Rose-Eludis
Ventilation, alimentation, chauffage, présoupe Asserva
Aménagements intérieurs Trac, couvertures de fosses Calimat
Traitement de l’eau Eau Sûre
Filtration Safnor
Pompe de relevage du co-produit solide PCM
Silos Rousseau
Caillebotis béton Fournier
Silo-tour CES
Broyage maïs et transferts Castell
Coordination sécurité Coplan
Conception Service bâtiment Cooperl
L’exploitation en chiffres
2 associés (Claude et Pierre Fardeau) et 2 salariés
260 truies en multiplication LW x LR Nucléus avec engraissement (2 170 places sur deux sites).
Conduite en 5 bandes, sevrage à 21 jours
130 hectares de SAU
60 vaches allaitantes
Des équipements source de valeur ajoutée
Le matériel et les équipements choisis au Gaec Multiporcs ont été choisis avant tout pour apporter de la plus-value technico-économique. Malgré l’augmentation du coût du bâtiment, ils permettront d’abaisser le prix de revient et de sécuriser le statut sanitaire des animaux.