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Dans le Maine-et-Loire
Un système bien intégré dans son milieu

Pour Jean-Marc Gaborit, la qualité de vie et une bonne intégration du système dans son milieu sont essentielles. Une conduite extensive et la collaboration avec des voisins l’aident à atteindre ses objectifs.

Éleveur de 500 brebis Mouton Vendéen, Jean-Marc Gaborit assure que « la qualité de vie est ma priorité. Et c’est le milieu qui dicte les limites du système ». Dans cette optique et parce que ses sols superficiels ont un potentiel limité, il a fait le choix d’un chargement réduit qui permet de concilier autonomie fourragère, faible consommation d’intrants et faible impact sur l’environnement. Les prairies à flore variée associent trois graminées (dactyle, fétuque, ray-grass anglais) et trois légumineuses (trèfle blanc, lotier, trèfle incarnat). « J’ai moins de problèmes sanitaires et je suis plus autonome en protéines. » Les parcelles, de moins de trois hectares, sont divisées en deux et pâturées par 100 à 150 brebis/ha pendant un à trois jours. « Le trèfle, qui a besoin de lumière, peut ainsi se développer et il y a moins de parasitisme. » La reproduction est organisée pour favoriser le pâturage. Si un tiers des mises bas a lieu en novembre-décembre, pour la production d’agneaux de Pâques, les deux tiers ont lieu de mars à mai et les brebis sont mises à l’herbe dès que les agneaux ont huit jours. Jean-Marc Gaborit fait aussi de l’enrubannage, ce qui limite le besoin en concentré. Il cultive 10 hectares d’orge et triticale et si possible du colza fourrager en interculture. Et il fait pâturer ses brebis sur une exploitation voisine.

Pâturage de prairies et cipan chez des voisins

« Sur l’exploitation laitière voisine, il est parfois utile de déprimer des prairies trop avancées de ray-grass ou trèfle blanc fétuque, explique-t-il. Le pâturage et le piétinement de 50-100 brebis/ha au printemps favorisent la pousse du trèfle et réduisent les adventices. Les vaches retrouvent des prairies de grande qualité. » Les brebis y pâturent aussi parfois des cultures intermédiaires pièges à nitrates (cipan) en novembre-décembre, évitant une destruction chimique ou mécanique. L’exploitation étant distante de trois kilomètres, Jean-Marc Gaborit y amène ses brebis dans une bétaillère en copropriété avec ses voisins et une autre éleveuse. Et parce qu’elle n’est pas clôturée pour des ovins, il entoure chaque parcelle de deux rangs de fil électrique puis la divise pour assurer un pâturage tournant. « En général, je ne manque pas de fourrages, précise-t-il. Je vends souvent du foin et veille à avoir du stock pour l’année, notamment pour l’été. Mais le pâturage chez des voisins permet de décharger mes prairies et de réduire le parasitisme sans rentrer les brebis en bergerie. J’ai parfois à disposition 10-15 ha pendant deux ou trois mois, sans contrepartie financière. Ces dernières années, j’y ai eu moins recours parce qu’il n’y a pas eu à faire pâturer les cipan et que mes voisins ont commencé à produire des bœufs qui valorisent les prairies. Mais c’est une pratique très intéressante, pour les moutonniers et pour des éleveurs bovins ou des céréaliers qui peuvent ainsi détruire leurs couverts sans avoir recours à des produits chimiques. Cette pratique, qui va dans le sens d’Ecophyto, devrait être encouragée. » Au final, Jean-Marc Gaborit parvient ainsi à une autonomie de 100 % en fourrages et 40 % en concentré.

Organisation collective des foins

L’intégration du système dans son milieu passe aussi par l’implication de l’éleveur dans son environnement professionnel. Il travaille ainsi en commun avec deux exploitations voisines, celle sur laquelle il fait pâturer ses brebis et une autre en bovins viande. Les labours sont faits en commun avec du matériel en Cuma. Et les foins sont organisés collectivement sur les 90 ha de fauche des trois élevages. Une faneuse et une andaineuse ont été achetées en commun. Le round-baller, le tracteur et la remorque sont en Cuma. Et un exploitant prête un télescopique. La décision de faucher est raisonnée globalement sur les 90 ha. 15-20 ha peuvent être fauchés en une journée. Chacun décide du temps de séchage de son foin, mais le fanage, l’andainage et le pressage se font à trois. « À l’origine, nous avions tous des responsabilités professionnelles. Il était difficile de trouver trois à quatre jours de rang pour faire du foin. Avec cette organisation, nous n’avons plus ce problème. Il y a un gain de temps, de la commodité et de l’efficacité. Le matériel est performant et il n’y a pas à atteler et dételer en permanence. Le pressage est fait de suite après l’andainage et la qualité du foin est améliorée. Quand le temps le permet, la récolte peut se faire en 15 jours. Et parce que nous avons des productions et des systèmes variés, nous ne nous bousculons jamais. » L’organisation collective ne repose pas sur une banque de travail formelle mais la répartition du travail est équitable. Le plein du tracteur est par contre attribué à l’exploitation concernée.

Recherche de valeur ajoutée et de sécurité

La quasi-totalité des agneaux est vendue avec un contrat volume-prix à l’année. L’essentiel est commercialisé en Agneau d’Anvial, marque de Ter’Elevage, qui implique la finition avec un aliment riche en oméga 3 et a permis en 2016 un prix de vente moyen de 7,40 €/kg. 80 agneaux/an sont vendus en direct au Leclerc de Segré, en association avec deux autres éleveurs, avec en 2016 un prix moyen de 7,70 €/kg. Jean-Marc Gaborit ayant toujours misé sur la génétique, l’élevage vend aussi 30 à 150 agnelles de reproduction par an. Au final, avec un faible niveau d’investissement, une bonne maîtrise des intrants et une bonne valorisation des agneaux et agnelles, l’exploitation permet une rémunération de 2 à 2,5 Smic/UMO.

Chiffres clés

80 ha, dont 70 ha d’herbe
500 brebis
8,3 brebis par hectare de surface fourragère principale
1,2 agneau/brebis/an de productivité numérique
2 à 2,5 smic/UMO de rémunération permise

Avis d’expert

« Un bon équilibre économie, environnement, travail »

« Une des forces du système de Jean-Marc Gaborit est un bon équilibre entre les trois piliers de la durabilité. L’efficacité économique est bonne avec plus de 40 % d’EBE/produit. L’impact environnemental est faible avec notamment une fertilisation minérale limitée, de 30 UN/ha, sans apport de phosphore ni potasse, et une consommation de concentré peu élevée, de 150 kg/brebis. Enfin, le choix d’un système spécialisé et le travail en commun avec les voisins permettent une bonne efficacité du travail. »

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