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Équipement
Un robot de paillage inventé par un éleveur

Henri Bonnefous a conçu dans sa propre bergerie un robot pour programmer le paillage. La machine est en phase d’industrialisation et donne satisfaction aux premiers utilisateurs.

Passionné de technique depuis son enfance, Henri Bonnefous, éleveur dans l’Aveyron, a inventé le premier robot de paillage. « Je voulais trouver une solution simple, fiable et facile à utiliser pour pailler n’importe quand, tout en faisant autre chose ». Vaste programme qui lui a pris trois ans pour mettre au point la machine et l’industrialiser. Après avoir testé un prototype dans sa bergerie de 600 brebis laitières - « mon laboratoire d’étude » -, il s’est entouré des compétences indispensables pour finaliser la conception et construire un robot capable de pailler de façon régulière des aires de largeurs différentes. Fin 2017, 25 machines devaient être en service. Une cinquantaine est prévue pour 2018.

Le robot est construit sur un châssis de quatre mètres de long qui se déplace sur les lisses hautes des tapis roulants de bergeries. Deux portes latérales et une porte arrière, qui sert aussi de piston de poussée, permettent de poser aisément la botte. L’éjection de la paille est effectuée par trois rotors montés sur un arbre vertical. C’est là où réside toute l’ingéniosité du système. Grâce à un procédé mécanique que l’éleveur a fait breveter, les rotors tournent à des vitesses différentes, le plus lent étant en bas. La paille est ainsi projetée à des distances différentes, couvrant toute la largeur de l’aire. Les bras des rotors sont munis de couteaux pour couper la paille.

Épandre une quantité voulue de paille

L’autre difficulté à surmonter était d’épandre une quantité voulue de paille et surtout de faire en sorte qu’il n’y ait pas de reste. « En régulant la pression de la paille sur les rotors, on régule la quantité épandue. Pour connaître la pression, on analyse la quantité d’énergie consommée par les rotors », détaille Henri Bonnefous. La pression est exercée par la porte arrière. Un bloqueur de botte empêche la paille de bourrer les rotors quand on coupe les ficelles. La machine connaissant la longueur de botte à passer, elle régule sa vitesse d’avancement de manière à avoir éjecté toute la paille sur la distance qu’elle doit parcourir. Le paillage peut être programmé sur un ou plusieurs allers et retours et d’un côté ou de l’autre de la machine. Il est également possible de ne consommer qu’un tiers ou que la moitié de la botte ou de pailler plus densément certains parcs. La programmation est gérée par un module informatique déporté à écran tactile. Trois moteurs électriques situés sous le châssis assurent le fonctionnement du robot : piston, rotors, avancement. Deux portes courbes, commandées par des vérins électriques, coulissent autour des rotors pour déterminer le côté d’éjection.

Le robot distribue aussi du foin et des concentrés

Le canal du robot peut recevoir des bottes de 60 à 90 cm d’épaisseur et jusqu’à 120 cm de largeur. L’écartement des roues s’adapte à des tapis roulants de 60 à 90 cm de largeur. Le prix de base de la machine est de l’ordre de 25 000 euros. Elle peut recevoir plusieurs options, notamment un nourrisseur pour distribuer le concentré (jusqu’à six aliments différents), ainsi qu’un caisson pour le minéral. La machine peut distribuer également le foin en bottes rectangulaires : les deux portes ménagent une ouverture vers l’avant et un carter fixé un peu plus en avant (ou le nourrisseur s’il est installé) permet au foin de retomber sur le tapis. La distribution du foin en vrac va être testée prochainement. L’installation de la machine doit être adaptée à chaque configuration de bergerie (coût en sus). Celle-ci doit respecter quelques conditions : une hauteur minimale de 2,20 m au-dessus de la lisse haute du tapis, un accès aisé pour remplir la machine et enfin un tapis de bonne facture pour supporter le poids. Une grande majorité de bergeries remplissent ces conditions.

Gain de temps et économie de paille

Delphine et Stéphane Trouche ont installé deux robots il y a un an pour pailler les quatre aires de couchage de la bergerie (520 brebis laitières). Le paillage est effectué pendant la traite : chaque machine épand une demi-botte le matin et une demie le soir. Les balles de 200 kg sont amenées avec une griffe montée sur palan. « Avant, le paillage à la main nous prenait une heure et demie par jour, explique l’éleveur. Cette année, tout le lait était en qualité super A. Le robot de paillage y a sans doute contribué. La litière est toujours propre quand les brebis reviennent de la traite. De plus, nous avons économisé de la paille. »

Le Gaec Reynès-Raoul élève 450 brebis laitières. Un robot assure le paillage des deux aires de vie. L’adaptation a été délicate à faire car le tapis ne faisait que 60 cm de largeur et s’appuyait contre des poteaux. Les rails ont été doublés et la machine déportée sur un côté ; elle passe au centimètre près. Julien Reynes, éleveur, estime le gain de temps à trois quarts d’heure par jour et l’économie de paille à 10 %. Chez Gilles Vieilledent, trois robots ont été posés récemment pour pailler les cinq aires de couchage (400 brebis). Ils sont équipés d’un nourrisseur et d’un caisson à minéral. Les robots distribueront également le foin. Jusqu’à présent, toutes ces opérations étaient effectuées avec les tapis mais la manutention était manuelle. Un progrès technique également : les apports de concentrés pourront être fractionnés pour stimuler l’appétit et il sera possible de distribuer plusieurs catégories de foin en même temps. Tout cela pour un peu moins de 100 000 euros.

D’autres équipements pour automatiser le paillage

Après la traite et l’alimentation, le paillage est le dernier poste gourmand en main-d’œuvre à bénéficier de l’automatisation. Ce n’est que depuis 2013 avec l’arrivée de l’autrichien Schauer sur le marché français, que les éleveurs ont pu découvrir les avantages du paillage automatisé. Après avoir fait ses preuves sur quelques exploitations, le système Strohmatic est désormais diffusé à plus grande envergure. L’importateur pour la France, Tardif-Vassal, annonce une trentaine d’exploitations équipées sur le Grand Ouest, principalement des exploitations bovines laitières avec logettes, des ateliers de taurillons et de veaux de boucherie. L’automate Strohmatic distribue de la paille courte en plus ou moins grande quantité, ce qui permet une économie substantielle de paille. L’Autrichien a fait évoluer son installation pour répondre aux besoins des éleveurs, avec notamment l’arrivée récente d’une table d’alimentation. Elle précède le démêleur capable de contenir, suivant les versions, 2, 4 ou 6 balles, de manière à offrir plus d’autonomie à l’automate.

Un automate haut débit chez Euromark

Cet automne, le constructeur français Euromark a présenté sa ligne de paillage automatique Agri 1500 GPM Spread. Développé en collaboration avec la société Gastineau, cet automate se démarque par son broyeur à 216 couteaux et 56 contre-couteaux assurant une coupe de 2 à 8 cm (tamis) et un défibrage de la paille. Alimenté par un tapis convoyeur accueillant deux balles rondes ou carrées, il accepte la paille longue et offre un débit de 50 kg/minute. La paille est ensuite dépoussiérée par un cyclone équipé d’un filtre de nouvelle génération conforme aux normes de sécurités, la poussière de paille étant considérée comme un produit explosif. Une trémie tampon réceptionne la paille avant qu’elle soit acheminée par des chaînes à spire au-dessus des zones à pailler. Cette trémie permet de pailler à des heures tardives sans mettre en route le broyeur. Cette solution développée pour les logettes des vaches devrait être déclinée cette année pour les aires paillées. Dans la version logette, des doseurs assurent la distribution de la paille avec une quantité ajustable de 0,3 à 2 kg par l’intermédiaire d’un vérin pneumatique. Ce système à vis et à doseurs pilotés n’est pas limité en termes de longueur de circuit et permet de sélectionner des zones à pailler. Euromark annonce un tarif de 50 000 euros pour le broyeur, auquel s’ajoutent 200 euros par logette.

Bientôt une pailleuse suspendue chez Altec

Solution de simplification du paillage qui fait ses preuves depuis longtemps, la pailleuse suspendue devrait prochainement accéder à la robotisation, comme le confirme le spécialiste Altec. Profitant de son expérience dans l’automatisation acquise dans la mise au point de son robot d’alimentation Colibri, le constructeur travaille désormais au développement d’une pailleuse suspendue automatisée. Visant une commercialisation pour la fin 2018, Altec souhaite apporter une complète automatisation, dès le chargement des balles cubiques à l’aide d’un convoyeur et avec une solution autonome pour la découpe et le retrait des ficelles.

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