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Royaume-Uni
Simon Jones est seul pour élever 1 000 brebis

Issu d’une famille d’éleveurs ovins passionnés, Simon Jones conduit un troupeau d’un millier de brebis à l’ouest de l’Angleterre.

Le Worcestershire n’est pas qu’une sauce, c’est également un comté au nord-ouest de Londres. C’est un territoire fortement tourné vers la production ovine, avec notamment tous les deux ans, le pendant anglais de notre Tech’ovin, le NSA Sheep event. C’est aussi là qu’est installé Simon Jones, dit Sam, sur Brooke House farm, l’exploitation familiale qu’il a repris après le départ en retraite de ses parents. À l’arrivée sur la ferme, le visiteur est impressionné par la dizaine de bâtiments, collés les uns aux autres qui constituent le corps de l’exploitation. Principalement des hangars de stockage, pour les récoltes de 202 hectares de cultures et prairies, mais aussi une bergerie qui a, dans le passé, accueilli plus de 2 000 brebis. Et le visiteur est encore plus surpris quand il apprend que Sam est quasiment seul sur l’exploitation, simplement épaulé deux jours dans la semaine par Mickaël, le fils de l’agriculteur voisin. Ses amis et sa famille viennent aussi leur prêter main-forte en période d’agnelage et Sam discute quotidiennement avec ses parents des travaux agricoles. L’élevage ovin est ancré dans l’ADN de la famille et lui-même le dit, ses parents ne décrocheront jamais vraiment. Chaque année depuis dix ans, Sam soustrait 100 brebis à son cheptel, pour arriver aujourd’hui à un troupeau « raisonnable » de 1 100-1 150 brebis. Les frais vétérinaires étaient très importants pour les 2 000 brebis et la charge de travail beaucoup trop élevée pour un gain économique trop faible.

700 euros économisés sur le temps de tri

Sam Jones souhaite par contre augmenter le nombre d’agneaux vendus sur l’année. Pour cela, il a fortement amélioré la surveillance des gestations avec les échographies, il en fait en moyenne deux par brebis. « Mon objectif est d’atteindre 2,05 agneaux vendus par brebis et je pense que bientôt je dépasserai la barre des 2,01 agneaux », annonce l’éleveur anglais. En 2016, Sam a vendu 2 217 agneaux, dont 880 agnelles à un prix moyen de 96 euros vif. Ses animaux sont abattus à un poids compris entre 43 et 45 kg à l’abattoir local Farmers Fresh et sont ensuite pour la plupart exportés en France et en Suisse. Pour faciliter son tri d’agneaux avant que l’abatteur ne vienne chercher les animaux, Sam Jones a investi dans une cage de tri automatique à cinq voies Prattley. Il l’utilise aussi tous les jours pour surveiller le GMQ de ses agneaux. Ce nouveau système permet de réduire de deux tiers le temps de travail ce qui fait économiser à l’éleveur quasiment 700 euros. La cage de tri automatisée a coûté plus de 13 500 euros mais son utilisation est d’une grande aide pour l’éleveur et le bien-être des animaux est également augmenté puisqu’ils n’ont plus qu’un seul passage à faire contre près de cinq avec la vieille machine (pesée, lecture de la boucle, allotement, etc.).

Une nurserie bien conçue

Simon Jones souhaite progresser dans ses pratiques agricoles pour être le plus proche de la demande du marché. Il intègre dans sa conduite d’exploitation aussi bien la dimension écologique, le bien-être animal que son propre confort de travail. Lors de la période d’agnelage, qui est un temps fort sur l’exploitation puisqu'un millier de brebis donnent la vie à peu près en même temps, Sam Jones a fait de nombreuses améliorations dans sa bergerie. Les cases d’agnelage sont alignées et bien identifiées pour les traitements à faire et la gestion des animaux. Les brebis avec deux agneaux sont mises dans les mêmes rangées, même chose pour les brebis avec des triplés. Les cases sont pourvues d’un système d’abreuvoir fait maison, il s’agit d’un tuyau en PVC. Celui-ci est découpé en surface à intervalle régulier (une ouverture par case) pour permettre à la brebis de boire. Cela évite que l’eau soit renversée et qu’elle stagne ou que la brebis y mette des saletés. Sam Jones gagne également beaucoup de temps sur l’installation et le démontage des cases d’agnelage, soit moitié moins de temps qu’avec des abreuvoirs normaux. Les adoptions sont également bien gérées. Les agneaux orphelins sont placés dans des cages triangulaires plus petites avec leur mère d’adoption. Ces cages sont numérotées, cela permet à l’éleveur de savoir précisément la date d’entrée et de sortie de chaque brebis et agneaux. Enfin, l’éleveur a mis en circulation des chariots pour emporter les agneaux nouveau-nés d’un bâtiment à un autre ainsi qu’une cage montée sur son quad lorsque les agneaux sont en âge d’aller au pâturage.

Moins d’antibiotiques et un meilleur accès aux concentrés

L’accès aux concentrés était un problème pour l’éleveur : « j’avais beaucoup d’avortements liés à des blessures que les brebis se sont faites dans la précipitation pour avoir accès à l’auge. Et puis après l’agnelage, il arrivait fréquemment que des agneaux se fassent piétiner par les autres brebis lorsque j’amenais les concentrés. » Sam Jones a donc investi dans des nourrisseurs 3-en-1, permettant de faire chuter de 65 % les accidents sur les agneaux et de limiter à un cas d’avortement sur un lot de 350 brebis. « Cela marche tellement bien que je vais acheter deux autres nourrisseurs pour l’année prochaine », s’enthousiasme l’éleveur. Autre avancée importante sur Brook House farm, la réduction des antibiotiques. En 2018, après une consultation avec son vétérinaire, Sam Jones a voulu anticiper l’arrêt de commercialisation prévu l’année suivante d’une molécule anti-abortive, l’oxytétracycline. Près de la moitié du troupeau a également mis bas sans que l’éleveur n’ait recours à la pénicilline. « Cet agnelage a vraiment été stressant car c’était la première que je faisais sans antibiotiques, mais il s’est bien passé et cela a démontré qu’ils ne sont pas toujours essentiels », se remémore Sam. L’éleveur veille à ce que les bonnes pratiques d’hygiène soient appliquées, telles que l’application d’iode sur l’ombilic des agneaux trois fois les premières 24 heures, le trempage des boucles d’identification dans une solution désinfectante avant de les poser et limiter au maximum l’humidité dans la bergerie. Pour lutter contre les parasites, Sam Jones s’est équipé système de désinfection des toisons, pour un investissement d’environ 8 550 euros. Les brebis passent dans un tunnel dans le prolongement du couloir de contention et sont arrosées par des sprays de liquide antiparasitaire. « C’est principalement pour lutter contre les vers, qui peuvent se développer très fortement au printemps et causer beaucoup de douleur aux animaux infectés ». L’année passée, seulement deux brebis ont présenté une accumulation d’asticots. Seuls les agneaux présentant des risques sont traités, cela permet d’économiser de l’eau et du produit, ainsi que du temps de travail.

Chiffres clés :

Brook House Farm a été acheté par la famille de Simon Jones en 1938.

1 100 -1 150 brebis
53 ha de cultures (avoine, blé, orge, etc.)
20 ha de prairies temporaires
130 ha de prairies permanentes

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