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Conversion
"Notre passage en bio entraîne peu de changements"

Le passage en agriculture biologique n'est pas toujours synonyme de bouleversement. Pour Gilles Fraslin et Nicole Sellier, la conversion de l'atelier ovin devrait se faire en douceur.

Gilles Fraslin et Nicole Sellier se sont installés il y a quelques années à Bouvron (Loire-Atlantique), en reprenant une exploitation de 33 hectares et son atelier de poules pondeuses. Passionné de moutons, Gilles Fraslin y a rapidement créé un atelier ovin. Aujourd'hui, l'exploitation compte 110 brebis et 1 100 poules. Tous les agneaux et les oeufs sont vendus en direct. « Nous avons créé un GIE avec une productrice de volailles, explique Nicole Sellier. Nous vendons ses produits et elle les nôtres. Cela nous permet d'être présents sur sept marchés chaque semaine et dans deux magasins de producteurs. » Les agneaux sont abattus à Craon (53) puis découpés et mis en caissettes sous vide à l'atelier De la terre à l'assiette, à Puceul (44).
Par éthique, et parce qu'ils s'en devinent assez proches, les deux éleveurs se sont posés la question de la conversion à l'agriculture biologique. Olivier Linclau, du GAB 44, les a aidés à étudier la faisabilité de cette conversion. Plusieurs points clés ont été examinés : la partie végétale (assolement, rotations, potentiel des sols, fertilisation, plan d'épandage...), l'alimentation (ration, autonomie alimentaire), l'approche sanitaire, les bâtiments et matériels et l'approche économique. Les souhaits des éleveurs ont été pris en compte, à savoir continuer la vente directe avec une prévision d'augmenter à 1 200 poules et 120 brebis et garder la même qualité de vie avec un revenu équivalent.

La partie végétale

L'exploitation compte deux grands types de rotations : des prairies temporaires en permanence avec du pâturage et 3-4 ans de prairies temporaires suivis de plusieurs années de cultures. Les prairies sont à base de légumineuses. Plus de 95 % des sols sont sains et séchants et 91 % de la SAU est pâturable. La fertilisation se fait uniquement par apport de fumier sur les cultures automnales et printanières. Du carbonate fin est apporté tous les deux ans. « Les pratiques culturales actuelles montrent que les changements pour la conversion au bio seront peu nombreux » constate Olivier Linclau.
Les apports sur céréales peuvent se poursuivre tels qu'ils se font actuellement. Des apports sur prairies temporaires sont aussi possibles. Le fumier devra être composté pour des raisons sanitaires s'il est épandu sur prairies, mais pas pour les cultures. Le carbonate fin sera remplacé par du carbonate grossier pour optimiser la structure et le fonctionnement interne du sol (avec un prix inférieur).

L'alimentation

La ration des brebis repose à 63 % sur le pâturage, 33 % sur le foin, 3 % sur des céréales (triticale) et 1 % sur du pois. Les brebis ne reçoivent du complément que 2-3 mois par an autour de la mise bas (50 kg/an). La ration des jeunes comprend 85 % de pâturage (agneaux d'herbe), 10 % de foin, 3 % de céréales (triticale) et 2 % de maïs grain.
Tous les fourrages et aliments sont produits sur l'exploitation. La ration des poules comporte 47 % de maïs grain, 17 % de céréales, 30 % de soja, 3 % de calcaire et 3 % de CMV. Les achats extérieurs représentent 18 tonnes dont 14 tonnes de soja sur 46 tonnes consommées. Là aussi, peu de changements seront nécessaires. L'autonomie alimentaire des ovins peut être maintenue sans problème. Les éleveurs souhaiteraient éventuellement introduire de la luzerne et augmenter l'autonomie pour les poules.

L'approche sanitaire et la reproduction

Du fait notamment de sols sains, il y a peu de problèmes sanitaires hormis les myiases. Les éleveurs n'administrent qu'un antiparasitaire de synthèse une fois par an. Ils n'utilisent pas de méthodes alternatives sauf en volaille. La reproduction des ovins se fait uniquement par lutte naturelle, sans utilisation d'éponges.
Le traitement antiparasitaire systématique devra être supprimé. Il faudrait donc remettre la résistance au parasitisme dans les objectifs de sélection. Une meilleure observation du troupeau devrait aussi permettre de limiter les ennuis de santé. Contre les myiases, une cure de zinc de 1 g/jour/brebis ou une deuxième tonte quand les mouches sont présentes sont des solutions. Et l'utilisation de méthodes alternatives de stimulation et prévention est à mettre en place (cure de chlorure de magnésium, huile de foie de morue...).

Les bâtiments et le matériel

Parce qu'ils changent leurs poules chaque année et doivent préparer la nouvelle bande avant l'arrêt de la première, les éleveurs ont besoin de deux bâtiments. Mais l'un est toujours vide l'hiver. Ils ont donc eu l'idée de l'utiliser comme bergerie à cette période. Les deux bâtiments de 400 m2 sont utilisés en alternance un an sur deux. Il y a un nettoyage complet avec désinfection après les ovins et après les poules. L'élevage dispose par ailleurs de 180 m2 qui ne servent qu'aux ovins. Le troupeau est toujours dehors en journée. L'exploitation peut stocker 90 tonnes de fourrage et paille et 25 tonnes de céréales. 75 % du matériel utilisé provient d'une Cuma.
Le passage en bio nécessitera peu de changements. Les éleveurs devront seulement voir avec leur organisme certificateur s'ils peuvent loger une production bio et une production conventionnelle dans le même bâtiment, dans l'hypothèse où un seul atelier passerait en bio. La création d'un parc de tri est par ailleurs prévue. Au niveau du matériel, la présence sur le territoire de producteurs bio et conventionnels souhaitant utiliser des méthodes alternatives est un avantage.

 

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