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A cause du loup, moins de progrès génétique en ovins ?

Les sélectionneurs ovins ont pris la parole lors du Salon international de l’agriculture pour alerter sur la situation des élevages face à la prédation et aux risques cachés qu’elle fait encourir à la production.

De gauche à droite : Olivier Maurin (Pyrénées-Atlantiques), Dominique Pauc (Lozère), Nicolas Perrichon (Var) et Mickaël Tichit (Lozère) lors de la table ronde prédation au Salon international de l'agriculture.
De gauche à droite : Olivier Maurin (Pyrénées-Atlantiques), Dominique Pauc (Lozère), Nicolas Perrichon (Var) et Mickaël Tichit (Lozère) lors de la table ronde prédation au Salon international de l'agriculture.
© B. Morel

L’organisme de sélection des races ovines des Massifs (OS Rom) a organisé à l’occasion du Salon international de l’agriculture une table ronde pour permettre aux éleveurs et élus professionnels de s’exprimer sur la situation. Alors que les loups sont désormais présents sur la majorité du territoire français, la prédation fait des ravages sur les troupes ovines, notamment dans le Massif central, peu préparé à ce nouvel écueil. Les éleveurs-sélectionneurs s’inquiètent de l’évolution de la situation, avec la perte de sens pour le métier, la surcharge mentale et le travail supplémentaire. Ces conséquences directes de l’application des mesures de protection, de la surveillance renforcée et le cas échéant, de la constatation des attaques, sont rehaussées d’une dimension peu abordée jusqu’ici.

Des années de travail qui partent en fumée

« Il faut craindre un ralentissement du progrès génétique, alerte Dominique Pauc, éleveur de Blanches du Massif central en Lozère et président de l’OS ROM. Avec des dommages parfois très importants au sein des troupeaux, ce sont autant de brebis à haute valeur génétique qui sont perdues. Un travail sur plusieurs années qui part en fumée ! »

Mickaël Tichit, éleveur de Blanches du Massif central en Lozère admet se sentir impuissant face à la destruction des savoir-faire des éleveurs, la perte de génétique et l’impact négatif fort sur les performances zootechniques après une attaque.

Des pratiques contre-productives pour protéger le troupeau

Le troupeau de Dominique Pauc troupeau a subi sa première attaque l’an dernier, en mai. « Après cela, je rentrais les brebis tous les soirs à 22 h pour les ressortir à 5 h du matin, afin de leur permettre de bien manger. Ce n’est pas une vie. » Il met en garde sur les pratiques qui doivent être mises en place pour protéger le troupeau du loup mais qui vont à l’encontre de tout bon sens. « En plein été, on se retrouve à devoir garder les brebis en bergerie, c’est horrible d’un point de vue du bien-être animal. » Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, renchérit : « On ne veut pas que les jeunes installés vivent l’élevage comme au Moyen Âge, avec des pratiques archaïques, des troupeaux peu productifs faute d’accès à l’extérieur, etc. » Nicolas Perrichon, éleveur de brebis Mourerous dans le Var et président du Cerpam, acquiesce : « Depuis le retour du loup, on note une forte déprise agricole, avec de nombreuses zones de pâturage complètement abandonnées faute de pouvoir y protéger convenablement le troupeau. Il y a un changement de pratiques, qui va rarement dans le sens du troupeau et malgré le loup s’adapte, trouve la faille et cause toujours des dégâts ».

Échanger ses expériences entre territoires prédatés

Pour Olivier Maurin, éleveur de basco-béarnaises dans les Pyrénées-Atlantiques, la profession doit se fédérer pour lutter contre ce problème. « Il faut discuter, échanger entre territoires, se nourrir de l’expérience de ceux qui vivent ça depuis des dizaines d’année. Nous n’avons pas l’intention de lâcher, on a un genou à terre mais on continue à relever la tête. »

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