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Mes brebis pâturent dans le vignoble où je travaille

Nicolas Mercuzot est installé depuis 2018 en Indre-et-Loire où il partage son temps entre ses brebis et son activité salariée d’ouvrier viticole.

Nicolas Mercuzot est installé depuis 2018 en Indre-et-Loire où il partage son temps entre ses brebis et son activité salariée d’ouvrier viticole.
Nicolas Mercuzot est installé depuis 2018 en Indre-et-Loire où il partage son temps entre ses brebis et son activité salariée d’ouvrier viticole.
© DR

Fin 2016 un important changement dans ma vie professionnelle (j’étais alors cadre de la fonction publique territoriale depuis 20 ans après un DUT de génie civil comme formation initiale) m’a amené à réfléchir sur mon parcours et à une reconversion. Il était important de me recentrer sur des valeurs plus personnelles de donner un autre sens à mon travail, plus en accord avec moi-même.

Le projet de devenir berger est vite apparu comme une évidence. Afin de valider ce choix, j’ai multiplié les rencontres auprès d’éleveurs ovins aux alentours de chez moi ou sur des systèmes d’exploitation proches de celui que j’envisageais.

Embauché comme ouvrier viticole à Chinon

Entre janvier et avril 2017, j’ai fait mûrir mon projet et j’en ai tracé les contours. Cela a aussi été l’occasion de partager ce projet au sein de mon foyer.

Habitant à proximité de Chinon (Indre-et-Loire), je me suis fait embaucher en mai 2017 par un vigneron qui réfléchissait à introduire des brebis dans ses vignes, d’après une expérience qu’il a eue en Nouvelle-Zélande. Afin d’acquérir les connaissances techniques qui me manquaient, j’ai réalisé un CS ovin à Montmorillon d’octobre 2017 à avril 2018. Ce parcours d’enseignement, cumulé à mes compétences acquises sur le terrain, m’a permis de consolider mes orientations techniques.

J’ai pu ainsi dresser le tableau de mes contraintes d’installation : je n’allais pas pouvoir bénéficier de la DJA car j’ai eu 43 ans en 2018. Mon projet est atypique, avec une capacité d’investissement limitée et je ne suis pas propriétaire de foncier. Les 26 premières brebis sont arrivées en février 2018 en parallèle de la création de l’entreprise "Les brebis d’à côté".

Ma plus grande difficulté est de trouver du foncier disponible dans une région plus orientée vers les céréales ou la vigne. Petit détail qui peut avoir son importance, je ne suis pas issu du milieu agricole. Je suis accueilli sur deux sites distants d’environ huit kilomètres. Il s’agit d’un parc de château et des parcelles autour du domaine viticole ou je travaille. Les brebis ont à disposition une dizaine d’hectares de prairies et bénéficient du pâturage hivernal dans les vignes.

Au vu de mes contraintes et de mes envies je décide de travailler en plein air intégral en ayant le moins de charge possible notamment en termes d’alimentation. J’ai choisi de travailler avec des brebis de race bizet, intéressantes par leur rusticité, pour leurs qualités maternelles… et parce que je les trouve belles.

Aujourd’hui je suis toujours double actif avec un temps plein comme ouvrier viticole et mon troupeau compte 60 brebis.

Besoin de stabiliser le foncier pour faire des clôtures fixes

Le gros de mon travail consiste à gérer mes parcs en filet et le déplacement du troupeau. Le fait d’être salarié oblige à beaucoup anticiper les interventions. Heureusement, mon patron est partie prenante du projet et se montre donc très compréhensif. J’ai aussi mis en place des échanges avec mon maître de stage du certificat de spécialisation : je participe à son chantier de tonte et il m’échange ma force de travail contre du foin de luzerne pour pour finir mes agneaux.

Après quatre ans d’installation, je ne regrette absolument pas ce pari d’avoir laissé une situation professionnelle aisée pour tenter l’aventure de l’élevage. J’ai eu la chance de faire de belles rencontres et d’avoir un soutien familial très fort. Le contact avec les brebis est très satisfaisant, de même que le travail au troupeau avec ma chienne et le retour de mes clients. Je commercialise en effet tous mes agneaux en vente directe.

Des axes de progression se dessinent tout de même. Je dois gagner en régularité sur mes agneaux et il faudrait que je parvienne à stabiliser mon foncier avec la mise en place de parcs en clôture fixe afin de me faciliter le travail. J’ai pour objectif de faire croître mon troupeau jusqu’à une centaine de brebis, à condition de trouver les terres nécessaires, de façon à équilibrer un peu plus le rapport entre-temps de travail salarié et mon temps sur mon entreprise.

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