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L’ours, un danger pour le pastoralisme pyrénéen 

Les premiers États généraux du pastoralisme ont placé au cœur des débats l’ours et ses prédations croissantes.

La préfète avait fait son effet en affirmant "qu’aucun chèque ne peut remplacer des bêtes élevées depuis des dizaines d’années". Mais Marie Lajus, la représentante de l'État dans l'Ariège, est ensuite partie avant même d’écouter les témoignages des "prédatés", exprimant de manière poignante leur désarroi suite aux attaques particulièrement importantes en Ariège durant l’année écoulée. 

Les premiers États généraux du pastoralisme ont été lancés dans le but d’échanger et d’écouter les acteurs du pastoralisme. Les éleveurs montagnards qui ont payé un lourd tribut du fait de la réintroduction de l’ours slovène dans les Pyrénées ont trouvé là l'occasion de s'exprimer. Cette manifestation d’envergure s'est tenue le 9 décembre à Foix à l’initiative du Conseil départemental et de la chambre d’agriculture de l’Ariège. Il y a été question d’affirmer le poids du pastoralisme pyrénéen selon trois axes : l’économie pastorale, les pratiques favorables à la biodiversité et l’économie touristique engendrée.  

L’absence des associations "pro-ours" et la mise en cause des patous

Mais malgré l’absence des "associations environnementales", qui "ne voulaient pas cautionner un procès à charge aux conclusions déjà écrites", l'ursidé est souvent revenu sur le tapis. Seuls, une courte intervention vidéo du directeur de l’Adet-Pays de l’ours et le témoignage d’une éleveuse favorable à l’ours et adepte de la protection par les patous furent entendus... et fortement sifflés. Car l’agressivité des patous peut parfois être perverse, se tournant vers les randonneurs et pas assez vers les ours de plus en plus envahissants. D’où la mise en cause, par les éleveurs, de l’escalade sans fin des moyens de protection, tout autant que du commerce des chiens…

Les ours slovènes sont une espèce protégée, y compris dans les Pyrénées. Ils seraient une quarantaine sur la chaîne, principalement installés sur le territoire exigu de l’Ariège. Leur changement d’attitude et l’augmentation spectaculaire des prédations ont été soulignés. Grâce à des hivers doux, ils vont se multiplier… Et la France s’est engagée envers l’Europe pour d’autres réintroductions !

Ce que l'Europe a fait, elle peut le défaire

Il est dommage que des propositions de résolution de ce problème n’aient pu voir le jour. D’abord, il faudrait affirmer une vision à long terme pour la montagne et ses utilisateurs - agriculteurs, chasseurs, touristes, forestiers – afin que le pastoralisme spécifique aux Pyrénées soit considéré comme un patrimoine universel à préserver.

Ensuite, si la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées a été une erreur, celle-ci doit être actée et stoppée. Si l’ours brun – en général – est juridiquement protégé, il peut être démontré aux autorités de Bruxelles qu’il ne trouvera pas dans les Pyrénées un territoire suffisant à ses besoins de vie et de développement, d’autant plus que sa population va s’accroître, même sans réintroduction. Ce que l’Europe a fait, elle peut le défaire. Les éleveurs se considèrent comme les cobayes d’une mauvaise expérience: ils veulent que celle-ci s’arrête, et que les députés européens transforment leurs appels en décisions.

Les ours moins en danger que les bergers

Si la présence de l’ours est considérée comme incompatible avec les présences humaines et animales, cela relève alors, tout comme pour le loup, de la gestion de la faune sauvage. Car les techniques de protection des troupeaux contre la prédation ne suffisent pas.

Un dernier argument sociétal : la nouvelle donne alimentaire qui voudrait que l’humanité produise moins de viande pour en consommer moins, mais réserverait la production de cette viande de qualité sur des espaces herbagers, pourrait constituer un atout pour la sauvegarde du pastoralisme.

Les éleveurs ariégeois ont eu des difficultés à faire renaître leurs transhumances particulières (plusieurs vallées, plusieurs espèces). Ils les ont transformées en manifestations festives et pédagogiques afin de faire reconnaître leur métier et leur culture. Ce travail qui retisse un lien essentiel entre l’urbain et le rural doit être préservé. Les ours bruns ne sont pas en danger dans le monde, contrairement aux bergers.

En savoir plus

Le livre collectif Sous la peau de l’ours - L’humanité et les ursidés : approche interdisciplinaire a été publié en 2017 aux éditions Connaissances et savoirs. Cet épais document de 690 pages, disponible en version papier à 51,50 € ou en version électronique pour 16 €, rassemble les communications de vingt-six chercheurs ou indépendants.

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