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Assemblée générale régionale de la FNO
Loup, ours, zonage et agneaux laitiers en débat en Occitanie

En préparation de son congrès annuel, la Fédération nationale ovine fait sa tournée des régions de France. Focus sur l’Occitanie.

Le 30 janvier dernier, la région Occitanie accueillait les représentantes nationales de la FNO à Alaigne, dans l’Aude, à l’occasion de l’assemblée générale régionale de la fédération. L’Occitanie, qui sera l’hôte du congrès annuel de la FNO, qui se tiendra du 18 au 20 avril à Rodez (1), a rassemblé une quarantaine d’éleveuses et d’éleveurs. L’ambiance conviviale n’a pour autant pas fait oublier aux participants l’importance de certains sujets d’actualités qui méritaient d’être au moins discutés, si ce n’est résolus. Parmi les thèmes abordés tout au long de la journée, deux d’entre eux ont suscité de nombreuses réactions dans l’auditoire et provoqué des débats passionnés. La prédation, qui hante toujours l’esprit des éleveurs, est revenue dans les discussions à travers le Plan national d’action loup pour la période 2018-2023, dont la consultation publique se terminait la veille. Mylène Foussier, l’animatrice de la FNO, rappelle : « Les négociations du plan loup ont commencé en juillet 2016. Aujourd’hui, ce plan ne prend pas en compte toutes nos attentes et malgré quelques avancées, on est encore loin du compte ». La présidente de la FNO, Michèle Boudoin, complète : « Par exemple, nous avons obtenu les 40 tirs de prélèvement, mais ceux-ci sont calculés en fonction de la population de loups et non pas en fonction de la pression de la prédation dans une zone donnée. Ça n’a pas de sens ! ».

"Je ne veux pas être responsable d’attaques de chien sur des randonneurs"

Cécile Giboureau, éleveuse en Ariège, tire la sonnette d’alarme à propos des chiens de protection dont les éleveurs savent trop peu souvent se servir et qui, finalement, peuvent causer plus de dégâts que de bénéfices. « Je ne veux pas avoir la responsabilité de l’agression d’un randonneur parce que je ne parviens pas à maîtriser mes chiens ! » renchérit-elle. Allégation soutenue par Antoine Chrysostome, éleveur des Pyrénées-Orientales et maire de sa commune, membre de l’Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales (USAPR), qui affirme que la question des chiens de protection fait partie des nombreux sujets sur lesquels l’association se bat. L’éleveuse ariégeoise fait également part de ses inquiétudes concernant l’ours, dont 37 des 40 représentants de l’espèce dans les Pyrénées seraient présents sur seulement onze communes ariégeoises. Timoléon Resneau, président de la FDO de l’Aude, conclut sur la prédation : « Nous sommes tous d’accord sur un point, c’est qu’on se sent complètement abandonné par le gouvernement ».

Les éleveurs doivent être les seuls bénéficiaires de l’ICHN

Outre la prédation, l’autre sujet d’actualité qui suscite beaucoup de passions est la refonte de la carte des zones défavorisées simples. En effet, le nouveau zonage établi à l’échelle européenne ne se base plus sur des critères socio-économiques liés au territoire mais sur des critères biophysiques. Il comprendra ainsi des communes définies selon plusieurs critères biophysiques (ou contraintes naturelles) communs à tous les États membres de l’Union européenne, mais également des communes répondant à des critères définis au niveau national, on parle alors de « contraintes spécifiques ». De nombreuses communes historiquement considérées comme des zones défavorisées se retrouvent aujourd’hui exclues de la carte, suscitant la colère et l’incompréhension des éleveurs. Les représentants agricoles ont rejeté en bloc ce nouveau découpage. De plus, l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) pourrait être élargie aux cultures végétales, augmentant encore le nombre de bénéficiaires pour une même enveloppe. La FNO rappelle que les ICHN doivent impérativement être liées à l’élevage et les participants ont acquiescé à l’unanimité cette revendication.

Trouver une complémentarité entre agneau laitier et agneau allaité

Le ton est un peu plus monté entre les éleveurs laitiers et allaitants lors de la réflexion autour de la valorisation des agneaux laitiers. En effet, en Occitanie se trouve l’AOP Roquefort, un des trois bassins laitiers ovins de France. Cette production, économiquement et culturellement très importante pour la région, ne met pas moins en porte-à-faux les éleveurs de brebis allaitantes lorsque les agneaux laitiers sont déversés sur le marché. « Suite aux États généraux de l’alimentation, on s’est fixé comme objectif de doubler les volumes de produits sous signes de qualité, mais pour quels débouchés ? questionne André Delpech, éleveur de brebis allaitantes dans le Lot. Le marché est complètement engorgé avec les agneaux laitiers ». Jérôme Redoules, président de la FDO du Tarn, tente de tempérer les échanges : « Il faut reconnaître que s’il n’y avait pas les agneaux laitiers pour alimenter les abattoirs de la région, ceux-ci n’en mèneraient pas large. Cependant, le problème qui se pose, c’est que ces abattoirs font pression sur les éleveurs allaitants pour aligner leurs prix sur les agneaux laitiers ». La complémentarité gagnant-gagnant entre agneau laitier et allaitant est donc clairement une problématique qui cristallise beaucoup de ressentiment des deux côtés, mais des chantiers sont en cours pour tenter de redresser la situation. La journée de l’agneau devrait voir le jour en 2019 et permettrait aux jeunes consommateurs de découvrir la viande d’agneau grâce à l’approvisionnement des cantines scolaires en agneau issu des bassins laitiers. La FNO va faciliter la mise en place d’une filière structurée de viande d’agneau qui prendra en compte et valorisera cette particularité et souhaite que la filière ovine soit la première à appliquer ces acquis issus des États généraux de l’alimentation.

(1) Plus d’informations sur le congrès 2018 de la FNO sur www.congresfno-occitanie2018.fr

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