Les syndicats se mobilisent contre le loup
Les chiffres de la prédation font l’effet d’une douche froide pour la profession des éleveurs de moutons.


Nous devons sensibiliser nos concitoyens à la situation désespérante que nous vivons et ainsi dépasser le cadre purement politique, s’exclame Marc Baudrey, responsable du dossier prédation pour la Confédération paysanne. Quand on explique aux gens que la prédation coûte chaque année 35 millions d’euros à la société, ils tombent des nues. C’est un non-sens, les campagnes se vident et à côté de ça, on met des millions pour réintroduire des prédateurs ! ». Le syndicat agricole a manifesté Place de la République en plein cœur de Paris, le 18 décembre dernier. Une petite centaine d’éleveurs et de bergers se sont mobilisés pour battre le pavé et afficher près de 12 000 pancartes, pour rappeler le nombre affolant de brebis victimes du loup cette année. Une délégation du syndicat était attendue le même jour aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique pour faire part de leurs revendications : révision du plan loup puisque l’objectif de 500 loups est déjà atteint, révision du statut de protection du loup, gérer mieux les tirs, revalorisation de l’indemnisation, prise en compte des pertes indirectes (avortement, baisse de production sur plusieurs années, etc.). « La France traîne des pieds pour donner des avancées significatives aux éleveurs, poursuit Marc Baudrey, mais l’Union européenne ouvre les yeux sur la problématique du loup et perçoit que l’élevage de plein air est menacé. » Pour les manifestants présents, le gouvernement est en train de les sacrifier pour une prétendue sauvegarde de la biodiversité.
Privilégier le pastoralisme à l’ensauvagement des territoires
Les représentants de la FNO ont pour leur part rencontré début janvier le préfet coordonnateur du Plan loup ainsi que l’administration territoriale. Face à l’objectif largement dépassé d’une population de 500 loups, Michèle Boudoin, présidente du syndicat ovin et Claude Font, responsable du dossier prédation à la FNO, ont rappelé aux pouvoirs publics l’augmentation du nombre d’attaques sur les troupeaux et de fait, l’éloignement toujours plus important du « Zéro attaque » plébiscité par les éleveurs. Dans un communiqué de presse diffusé après la rencontre avec le préfet coordinateur Pascal Mailhos, la FNO, la FNSEA, la FNB, les JA et l’APCA rappellent au gouvernement les promesses que celui-ci a tenu il y a un an, à savoir d’acter « la primauté de l’avenir du pastoralisme sur l’ensauvagement irréversible et catastrophique pour les territoires. » Un éleveur du Var témoigne de la situation dans laquelle il se trouve : « J’ai cinq chiens de protection pour 400 brebis. S’il faut en mettre plus, je le ferai mais ce n’est pas viable. Je me battrais pour continuer car mon métier c’est ma passion, mais je comprends le découragement de certains de mes confrères face à cette impasse que nous vivons. »
Rendre la DDT responsable des chiens
Las des conflits qu’engendrent les chiens de protections en montagne avec les randonneurs mais aussi en plaine et sur les fermes, les membres de la FNO ont eu une idée originale et symbolique, pour mettre l’État au pied du mur et l’engager à prendre ces responsabilités. Chaque détenteur de chiens de protection est appelé à envoyer la plaque d’identification du chien en remplaçant le nom du propriétaire par la DDT de son département.
12 031 victimes du loup en 2018
Entre le 1er janvier et le 30 novembre 2018, 12 031 victimes des loups ont été recensées, soit près de 1 000 de plus que l’année précédente à la même période. Sur l’année écoulée, 23 départements dans cinq régions de France étaient concernés par la protection des troupeaux, soit 2 624 dossiers déposés et un total de 24,7 millions d’euros dépensés dans les moyens de protection. Pour les indemnisations des dommages causés par la prédation, l’État a versé 3,44 millions d’euros. 47 loups ont été tués soit en tir de défense soit en tir de prélèvements et quatre loups ont été tués illégalement.