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Du 23 février au 3 mars
Les ovins défrisent le Salon de l’agriculture

La 56e édition du salon de l’agriculture a été riche en évènements ovins : Ovinpiades, rencontres, concours et ventes aux enchères. Un cocktail réussi qui séduit.

Le salon de l’agriculture a drainé plus de 630 000 visiteurs dans les allées des sept halls d’exposition. Dans le hall 1, sous la bannière Inn’ovin, la filière ovine montrait la réalité de l’élevage au grand public. Quand Anselme Bosset arrive avec un agneau dans les bras, les familles s’arrêtent quelque temps pour s’interroger sur le métier d’éleveur. Avec l’aide d’un animateur au micro, le jeune éleveur ardéchois explique les naissances, ce que mangent les brebis ou la passion qui l’anime au quotidien.

Outre les nombreux représentants des races ovines, bien appréciés des petits et grands, les visiteurs ont pu déguster l’agneau sous toutes ces formes. Sur le stand de la région Nouvelle Aquitaine, on ne lésine pas sur les moyens de faire découvrir les labels ovins de la région. L’IGP agneau du Périgord a eu droit à son heure de gloire. Une dizaine de convives était attablée en écoutant les conseils de préparation et de dégustation de Luc, chef cuisinier. « La croyance populaire véhicule l’idée que c’est une viande avec une forte odeur et un goût fort, mais il s’agit dans ce cas de bêtes un peu trop vieilles. Le vrai agneau est doux et tendre. » Et tout le monde a l’air de penser la même chose, notamment Léa, 12 ans, qui avoue ne pas aimer manger de la viande « sauf aujourd’hui ». Les autres IGP régionales, telles que l’agneau Limousin et l’agneau des Pyrénées sont aussi passés à la casserole, aux bons soins de Luc. Pour la deuxième année consécutive, les ventes aux enchères d’agneaux se sont tenues le mercredi 27 sur le ring ovin du salon de l’agriculture. L’occasion pour grands magasins, bouchers et restaurateurs d’accéder pour un instant à la gloire en remportant un lot de trois agneaux. Le record revient cette année à l’Intermarché de Cognac, qui a acquis un lot de trois charollais, originaires du sud-est de la Creuse pour la modique somme de 1 800 euros. Patrick Soury, président d’Inn’ovin, organisateur de ses ventes aux enchères, rappelle que « tous les jours, les éleveurs travaillent dur pour produire de la qualité. » Un des heureux acheteurs d’un lot de d’agneaux vendéens, race à l’honneur pour cette édition, a souhaité remercier éleveurs et organisateurs de la vente, permettant de « découvrir d’excellents produits de nos régions en donnant l’opportunité aux bouchers de proposer la meilleure qualité à leurs clients. »

Sport et laine sont compatibles

Toujours sur le ring ovin, les animaux ne sont plus vendus mais primés. Les concours des races Ile-de-france, Texel, Southdown, Bleu du Maine, Suffolk, Rouge de l’Ouest Charmoise, Berrichon du cher, Mouton Vendéen, Hampshire, Charollais, Avranchin, Cotentin ou Rousin se sont succédé. Jeudi après-midi, c’est la qualité de la laine et de la peau qui étaient appréciées. Les deux juges, Antoine Brimboeuf, éleveur ovin, et Christelle Jeannet, artisane lainière en Haute-Loire, rappellent que chacun a le pouvoir de soutenir la filière laine française en faisant le choix d’acheter chez les producteurs et les artisans locaux. Les laines sont jugées selon leur finesse de fibre, le tassé, c’est-à-dire la densité et l’homogénéité avec la comparaison des fibres à l’épaule et à la cuisse. « Chaque race a une laine particulière, plus ou moins fine, plus ou moins dense. C’est à nous d’adapter notre jugement et de prendre en compte la spécificité des races et de la conduite du troupeau. Un troupeau en bergerie n’aura pas la même qualité de laine que celui qui passe l’année dehors », explique Christelle Jeannet. Le Salon est toujours l’occasion de rappeler les grands évènements ovins à venir, d’autant que cette année, le grand public sera aussi concerné avec le mondial de tonte au Dorat (Haute-Vienne). « Nous attendons 300 compétiteurs de 34 nationalités différentes, qui seront supportés par 50 000 visiteurs », détaille Christophe Riffaud, le président de l’association qui organise l’évènement. Le sport aura la part belle, mais le mondial sera aussi la vitrine de l’élevage français et du patrimoine national avec la présentation de différentes espèces et races françaises et une offre de bouche tournée vers la gastronomie française. Les tondeurs et trieuses de l’équipe de France en ont profité pour faire une démonstration de leur savoir-faire aux visiteurs du salon.

Aimez la viande, mangez-en mieux

Le stand de l’interprofession du bétail et de la viande dévoilait sa nouvelle campagne de promotion collective riche en légume. Avec le slogan "aimez la viande, mangez-en mieux" et la signature "Naturellement flexitarien", Interbev rappelait que tout le monde, de l’éleveur aux consommateurs, peut avoir un impact positif sur le terroir et la santé en mangeant la juste quantité d’une viande de qualité. Très contemporain, le stand du salon organisait des concours de cuisine pour allier légumes et viandes. Un peu plus loin, le "flexi’studio" proposait des séances de fitness tout en rappelant l’importance d’une alimentation équilibrée contenant des protéines animales. Enfin, un jeu appelait les familles à se reconnecter avec la nature, les hommes et les animaux qui font la richesse de nos campagnes.

L’Inra joue la pédagogie au Salon

Dans le hall 4 du Salon de l’agriculture, les équipes de l’Inra expliquaient, avec beaucoup de pédagogie, la vie secrète des plantes et des animaux. Parmi les scientifiques présents, ceux du domaine expérimental de la Fage en Aveyron invitaient le grand public reconnaître, à l’aveugle, différents aliments contenus dans des sacs. « C’est une façon d’expliquer l’intérêt de la fibre dans la rumination » sourit Sara Parisot, directrice de l’unité expérimentale. Les chercheurs montraient aussi comment ils tentent d’améliorer la santé et la robustesse des brebis laitières, notamment grâce à l’étude des gènes et de leur fonction. L’Inra a déjà identifié un gène majeur qui intervient dans la résistance aux mammites, ce qui permettra de sélectionner les brebis sur ce critère. « Nous cherchons aussi à comprendre les gènes impliqués dans la résistance aux conditions climatiques, détaille Sara Parisot. Certaines brebis se remettent bien des aléas climatiques alors que d’autres, confrontées aux mêmes conditions, sont affectées plus durablement ».

Des brebis-nounous pour les agneaux au lait artificiel

Autre équipe à jouer la pédagogie, celle de l’unité de physiologie de la reproduction et des comportements basée à Nouzilly dans l’Indre-et-Loire. Avec des vidéos, des courts diaporamas et un quiz « Que sais-tu des moutons ? », ils s’interrogent avec les visiteurs sur comment l’animal de ferme appréhende son environnement et comment il se construit dans l’élevage avec ou sans la présence d’homme. Ils étudient notamment la relation d’attachement qui se construit, à travers le temps, entre la brebis et son agneau. « Nous avons démontré que les agneaux élevés au lait artificiel sont plus maigres, ont davantage de mortalité et ont un arrière-train plus souillé, explique Raymond Nowak de l’équipe neuro-éthologie du développement des comportements socioémotionnels. Il y a d’une part le facteur alimentaire du lait reconstitué mais aussi un facteur psychologique et social. » En montrant des photos de cerveaux pris avec de l’imagerie par résonances magnétiques, sa collègue Élodie Chaillou confirme que ces agneaux élevés avec une alimentation artificielle ont une maturation différente de l’hypophyse. Les scientifiques de l’Inra ont donc cherché à remplacer le lien avec la mère par l’introduction de brebis adultes, des sortes de tutrices qui guideraient les plus jeunes. « Ces brebis-nounous interagissent spontanément avec les agneaux et semblent en retirer du bien-être. Les agneaux aussi montrent des signes de bonne santé avec moins de diarrhée et un pelage plus propre. En plus de l’apprentissage progressif de l’alimentation solide, la présence d’adulte pourrait aussi contribuer à un partage du microbiote intestinal. »

« Ça nous a vraiment amusés de vulgariser nos travaux. Ça nous forcer, nous scientifiques, à communiquer différemment, à s’éloigner du jargon scientifique pour simplifier nos propos tout en mettant entre parenthèses notre rigueur obsessionnelle" conclut Raymond Nowak.

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