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Pourquoi vacciner
Les entérotoxémies, menaces pour l'agneau d'herbe

Les parasites peuvent agir comme facteur favorisant des entérotoxémies. Vacciner les agneaux et les brebis permet alors de protéger le troupeau.

Frédéric Virieu, éleveur, et son vétérinaire, Pierre Autef, ont dû faire face à des cas d’entérotoxémie
Frédéric Virieu, éleveur, et son vétérinaire, Pierre Autef, ont dû faire face à des cas d’entérotoxémie
© dr

Fin avril, Frédéric Virieu, éleveur de 200 brebis viande à Bellac (Haute- Vienne), présente à son cabinet vétérinaire pour autopsie trois sujets morts sans symptômes visibles. Il s’agit d’un lot d’agneaux d’herbe âgés d’environ deux mois, pâturant avec leurs mères depuis l’âge de huit jours. Ils n’ont bénéficié d’aucun traitement (monieziose, coccidioses, strongyloses gastro-intestinales), ni de vaccination.

Clostridium perfringens de type A ou D

Les brebis ont, elles, été vaccinées contre les entérotoxémies et le tétanos pendant l’hiver (Coglavax®), quelques semaines avant la mise bas. L’éleveur, suite à des cas sporadiques de mortalité subite sur trois brebis attribués à l’entérotoxémie, a décidé de vacciner ses adultes. Les agneaux consomment de l’herbe en quantité non négligeable, la production laitière des brebis étant moyenne. Depuis deux jours, le temps est orageux…

A l’autopsie, le cadavre est en bon état de conservation, légèrement ballonné. A l’ouverture une congestion importante du tissu conjonctif sous cutané et des muqueuses est notable. Le rein est pulpeux, on note un épanchement péricardique, le rumen est plein d’herbe en quantité normale, la caillette renferme également des particules d’herbe mêlées à du lait digéré, ce qui révèle une mort subite.

L’ensemble des lésions et les circonstances concluent à une entérotoxémie ; les caractéristiques nécropsiques peuvent indiquer une entérotoxémie de type A ou D; une mise en culture à partir de contenu intestinal pour isolement, dénombrement des clostridies voire identification de la toxine devrait être réalisée pour un diagnostic de certitude. Les entérotoxémies sont des intoxinations à point de départ intestinal, conséquences d’une prolifération de bactéries du genre Clostridium, et particulièrement de Clostridium perfringens ; la multiplication « explosive » de ces bactéries peut apparaître à la suite de facteurs multiples entraînant une modification et un déséquilibre de l’écosystème intestinal.

Deuxième injection souhaitable

En plus du diagnostic clinique et nécropsique d’entérotoxémie, une analyse coprologique rapide (Ovassay®) avait permis de mettre en évidence une forte excrétion d’oeufs de strongles gastro-intestinaux ainsi que quelques ookystes de coccidies. Le traitement du reste du lot a consisté en une vaccination entérotoxémie, même si la vaccination ne produit son effet protecteur que de manière différée, à titre préventif : une injection sera donc réalisée par l’éleveur alors qu’une deuxième injection de primovaccination aurait été souhaitable pour une réponse immunitaire complète (Coglavax® 2 ml en sous-cutanée deux fois à quatre semaines d’intervalle) associée à un traitement strongylicide (Ivermectine par voie orale). L’effet de la vaccination ne sera complet et durable qu’après la seconde injection de primo vaccination. La pédagogie de ce cas peut être détaillée de la façon suivante : l’autopsie est indispensable à partir de deux ou plusieurs cas de mortalité brutale dans un intervalle de temps très court (ici : trois morts en 24 heures). Les causes de mort subite sur des agneaux de cet âge peuvent être diverses : foudroiement, intoxications végétales, parasitisme interne massif, septicémies, pasteurelloses à Mannheimia haemolytica. Les commémoratifs mettent sur la piste de l’entérotoxémie : mise à l’herbe, pousse d’herbe brutale...
La prise en compte et la maîtrise du parasitisme interne (nematodirose, coccidioses, monieziose, strongyloidose, autres strongyloses gastro-intestinales) sont fondamentales, ces parasites pouvant agir comme facteur favorisant des entérotoxémies par modification de l’éco-système intestinal et responsables de microtraumatismes de la muqueuse. La vaccination des gestantes contre les entérotoxémies et le tétanos permet une protection des agneaux par voie colostrale, mais cette protection n’excède pas deux mois d’âge.
Le rapport coût/bénéfice de la vaccination contre les entérotoxémies n’est plus à démontrer dans les systèmes herbagers ; dans ce cas, il peut se chiffrer à la perte de trois brebis estimées 110 euros chacune, perte de trois agneaux estimés 120 euros chacun, soit 690 euros contre un coût de vaccination que l’on peut estimer en moyenne à 240 euros pour l’ensemble du troupeau soit une économie de 450 euros.
De plus, la vaccination bien conduite des brebis gestantes permet également une protection de celles-ci et de leurs agneaux contre le tétanos ; les ovins y sont particulièrement sensibles et les occasions de le contracter nombreuses: plaies de tonte sur les adultes, bouclage auriculaire, ombilic, coupe de queue sur les très jeunes, remplacements des dents sur les agnelles et antennaises. Cette affection est quasiment toujours mortelle et peut prendre une allure contagieuse sur des sujets non protégés. Une sérothérapie ou séroprévention antitétanique (Tétaniserum®) lors d’intervention à risque est alors indiquée, en l’absence de vaccination à jour.

FACTEURS FAVORISANTS LES ENTÉROTOXÉMIES


Facteurs physiologiques

• nouveau-né : flore non installée pas d’effet barrière

• jeunes et adultes : stress, variations température, pression atmosphérique (orages)


Facteurs alimentaires

• passage brutal d’aliments non digérés dans l’intestin :

- ration peu fibreuse, à faible taux cellulosique

- excès d’azote soluble

- absence de transition

• variation de consommation des animaux:

- particularités individuelles, dominants

- appétence

- variation température : diminution de 10 °C entraîne une augmentation de 20 % d’ingestion

- pica


Autres facteurs

• antibiosupplémentation

• parasitisme interne

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