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Les bons tuyaux des éleveurs gallois

En cinq jours, les éleveurs bretons ont retenu quelques bons conseils de leurs homologues gallois. Reste à s’en inspirer en Bretagne…

Des chiens de troupeau efficaces

Plusieurs nous l’ont dit : « On ne peut rien faire avec des moutons sans chien ». Et nous sommes bien d’accord ! Ce compagnon demeure un outil de travail indispensable sur une ferme ovine. Il permet de gagner en efficacité à tous les niveaux : gain en temps de travail, en performances économiques, en gestion environnementale, en sécurité… Les différents chiens (welsh sheep dog, border, kelpie, croisés…) rencontrés lors de nos visites de ferme étaient indispensables au fonctionnement des élevages.

Des vaches complémentaires des brebis

Tous les éleveurs que nous avons rencontrés élèvent des vaches et/ou des génisses en plus des brebis. Certains fonctionnent avec un système de pension et d’autres sont propriétaires des bêtes. Les bovins et les ovins se complètent dans la gestion du pâturage et les vaches participent à faire baisser la pression parasitaire sur les moutons. On note que généralement les vaches passent les mois d’hiver en bâtiment (contrairement aux brebis) et permettent d’avoir du fumier. C’était l’occasion de faire connaissance avec la Welsh Black, vache locale, très présente dans les élevages gallois.

Des clôtures qui tiennent la route

Les clôtures galloises sont soignées, solides et à la fois esthétiques. Certes, la plupart des fermes que nous avons visitées emploient des prestataires pour leur implantation elles n’en restent pas moins gourmandes en entretien. À noter, toutes les clôtures sont réalisées en grillage Ursus avec des piquets en pin traité espacés de moins de 1,5 m. Traditionnellement, des haies denses permettent de couper des vents forts qui balayent ces collines. Des mesures environnementales aident les fermes à planter des essences arbustives (noisetiers, prunelliers) entre deux rangs de grillage. Ces haies sont ensuite entretenues à l’épareuse.

Le relevé de données de performances sur les fermes

Les éleveurs s’impliquent dans la gestion de leur troupeau et dans la sélection de béliers par un rigoureux suivi de performances. Ainsi, les données de reproduction (fécondité mesurée lors des échographies, prolificité mesurée au sevrage) et de croissance des agneaux (croissance mesurée par des pesées régulières et qualité de carcasse relevée à l’abattoir) sont relevées par les éleveurs. Ces données collectées in situ viennent nourrir les bases de données d’organismes de sélection comme Innovis et augmentent ainsi la fiabilité des index génétique des béliers. Par ailleurs, pour les éleveurs, la lecture de ces données et l’utilisation éventuelle d’un logiciel de gestion de troupeau permettent la prise de décisions en élevage (choix du renouvellement et des réformes, attribution des béliers aux lots de reproduction…).

De la contention astucieuse et pas chère

Sur l’ensemble des fermes visitées, nous avons pu constater qu’une contention efficace est indispensable à la bonne gestion du troupeau. Les éleveurs gallois n’attrapent que rarement une brebis et toutes les manipulations sont effectuées par le biais de parcs de tri judicieusement répartis sur le parcellaire. Ces parcs de contention (ou « yards ») sont la plupart du temps construits à partir de matériaux de récupération (vieux fibrociments, bac-acier, poteaux en bois et glissières de sécurité) mais n’en sont pas moins efficaces et permettent de trier régulièrement les animaux sans devoir ramener tout le troupeau à la ferme. La contention permet donc au Gallois de travailler de manière rapide efficace tout en se préservant physiquement.

Des éleveurs et techniciens pluriactifs

La plupart des éleveurs rencontrés ont un travail à l’extérieur de la ferme, souvent en lien avec l’élevage ovin. Cette pluriactivité leur permet de sécuriser leur revenu… Mais elle leur permet également de garder une ouverture vers l’extérieur, vers d’autres acteurs de la filière, ce qui enrichit d’autant leurs pratiques. Nous avons constaté la même démarche chez les techniciens des différentes structures qui nous ont accueillis. Plusieurs d’entre eux ont également un élevage ovin en plus de leur travail salarié. Ils restent ainsi connectés au maximum avec les problématiques réelles des éleveurs.

Des brebis bien soignées

L’état sanitaire du troupeau est au centre des préoccupations de l’éleveur. Les charges vétérinaires annuelles s’élèvent à une dizaine d’euros par brebis (vaccins, vermifuges strongles et douve, boiteries, etc.) dans les élevages que nous avons visités. Des approches alternatives émergent comme le projet Stoc + porté par Hybu Cig Cymru qui met en place, au travers d’une recherche-action, un plan de prévention sanitaire avec des éleveurs volontaires. Un état initial est fait avec l’éleveur et le vétérinaire de la structure. Une visite est faite l’année suivante pour vérifier que le plan sanitaire est suivi, et sinon, quels sont les freins pour l’éleveur.

Des sols acides chaulés avant cultures

Sans intervention de l’Homme sur les collines galloises, la fougère reprend le dessus très rapidement. Certains l’utilisent comme paillage de bâtiments l’hiver. Les sols lourds et superficiels sont acides, le pH est naturellement égal et/ou inférieur à 5. L’objectif des éleveurs gallois en agriculture conventionnelle est souvent de corriger ce pH à 6,5 pour conduire leurs cultures et leurs besoins en fourrage. L’apport calcique est réalisé sous forme de carbonate de calcium épandu avant les cultures, l’implantation des prairies et en prévision d’une fauche pour enrubannage. Pour une conduite en agriculture en agriculture biologique, aucun amendement n’est réalisé. Les refus ne sont que très rarement coupés, mais peuvent faire l’objet de traitements chimique dans certains cas.

Avis d’éleveur : Kristen Bodros, éleveur d’ovins lait dans les Côtes-d’Armor

"Une gestion de l’herbe liée au contexte pédoclimatique"

"L’ouest du Pays de Galles est caractérisé par ses étendues de prairies naturelles au relief accidenté. La gestion du pâturage est plus extensive que chez nous. Les brebis sont dehors toute l’année à l’exception de quelques jours autour de l’agnelage pour les doubles. Les troupeaux de brebis partagent parfois les mêmes parcelles que les vaches allaitantes. Les meilleures parcelles sont gardées pour la période de l’agnelage. Ce sont généralement celles qui se trouvent autour des bâtiments en fond de vallée. Ces parcelles sont ensuite libérées et sont réservées pour la constitution des stocks. Il y a une prise de conscience aujourd’hui sur la faible valorisation de l’herbe, et de l’amélioration des pratiques de pâturage via des groupes comme Farming Connect."

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