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Tech-Ovin
L’élevage ovin s’est retrouvé à Bellac

Le rendez-vous incontournable de la filière ovine était riche avec plus de 200 exposants et de nombreux concours et conférences susceptibles d’intéresser les 15 000 visiteurs annoncés.

Dans une atmosphère toujours conviviale, le salon Tech-Ovin favorise les rencontres entre éleveurs, exposants, organismes professionnels, OP et syndicats afin d’échanger sur l’actualité de la filière, découvrir nouveautés et innovations, faire des affaires ou tout simplement passer un moment entre confrères. Les 6 et 7 septembre, comme tous les deux ans, à Bellac en Haute-Vienne, il a permis aux 15 000 visiteurs annoncés de rencontrer quelques-uns des 200 exposants français et internationaux.

« Je viens pour la première fois mais je ne regrette pas, apprécie Gilbert Damien, éleveur de la Creuse. Je me suis notamment attardé chez les fabricants d’aliments du bétail et sur le stand de l’Afpa qui propose des formations à la soudure ». « Nous avons eu de bons contacts avec de nouveaux ou de futurs éleveurs qui cherchent de la technique » explique de son côté Élodie La Berthonnière de l’Alliance Pastorale. « On vient plus pour avoir des contacts que pour vendre directement sur la foire » confirme Geoffrey Mathis qui commercialise le matériel de contention IAE. Philippe Martinot, éleveur caprin des Deux-Sèvres en reconversion ovine, en a par exemple profité pour comparer les parcs de contention mobile et prendre des contacts pour compléter son troupeau de Suffolk.

Des innovations ovines mises en lumière

« Tech-Ovin est un lieu d’échange et de rencontre, apprécie Laurent Pascal, éleveur de Charente. On y parle de contention, de génétique, de sanitaire, de parc de tri plutôt que de gros tracteurs. Pour ma part, je préfère mettre 700 euros dans un bélier que 10 000 euros dans une option bling-bling d’un engin agricole… » « De plus en plus d’éleveurs s’intéressent à la RFID, perçoit aussi Vincent Morice de Datamars. Ils veulent arrêter de modifier par écrit et deviennent progressivement des geeks… ». Les laboratoires vétérinaires étaient également présents malgré leur frustration de ne pas pouvoir directement communiquer aux éleveurs sur leurs médicaments vétérinaires.

En plus des bergers futés (voir page 8), les entreprises ont aussi leur concours durant lequel elles font démonstration de leurs dernières innovations. Le premier prix est attribué à la coopérative Cialyn pour son parc de contention mobile. Ce parc camembert, donc la surface est facilement modulable, peut contenir jusqu’à 60-80 brebis selon le gabarit. Conceptualisé et commercialisé par Cialyn, le parc est fabriqué par l’entreprise Agrimeca et son prix à la vente avoisine les 550 €. Le nominé pour la seconde place est l’entreprise Vigifence pour son boîtier connecté qui alerte à distance en cas de dysfonctionnement de la clôture électrique. L’appareil, vendu 200 euros environ, fonctionne avec l’internet des objets qui a une meilleure couverture que les réseaux 3G/4G. Sans carte SIM mais avec un abonnement de quatre euros par mois, le boîtier se place au point le plus éloigné de l’électrificateur et envoie un SMS en cas de problème. À l’occasion de la remise des prix aux entreprises innovantes le jeudi 7, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA a déclaré : « Tech-Ovin est un salon qui a beaucoup changé depuis sa création. Ici, tous les éleveurs, du plus jeune au plus âgé, montrent leur attachement à la modernisation de leur production. L’innovation est au cœur de l’agriculture et les moutonniers français montrent leur motivation et mobilisation ! ».

Succès des mini-conférences techniques

Cette 10e édition de Tech-Ovin a débutée par l’inauguration officielle avec la présence d’Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, Corinne Hourcade-Hatte, maire de Bellac et Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine. Avec son bâton de berger, discret hommage à Jean-Michel Anxolabéhère disparu l’an dernier, Claude Souchaud, le président d’Aposno, la structure organisatrice de Tech-Ovin, a guidé les visiteurs à travers les allées du salon, là dégustant un burger d’agneau de Poitou-Charentes ou une tranche d’ossau-iraty, là se faisant expliquer brièvement la sélection génétique ou la découpe d’agneaux. Lors des discours, la présidente de la FNO a rappelé que « le salon Tech-Ovin est LE salon des moutonniers, c’est l’événement de la rentrée des éleveurs et du renouvellement des générations ».

Près de 70 conférences, présentées sous un format de 20 minutes chacune, ont permis aux éleveurs, aux professionnels de la filière et aux étudiants de découvrir ou d’approfondir leurs connaissances sur des sujets tels que la fabrication d’autovaccin, l’autonomie alimentaire ou l’amélioration des performances grâce à l’insémination. La participation à ces conférences était forte et l’intérêt des visiteurs pour celles-ci a été démontré au vu des nombreuses questions posées aux intervenants.

Des sourires et de l’espoir pour l’avenir

Les visiteurs ont aussi apprécié le pôle laine, la présence d’une vingtaine de races, les démonstrations de chiens de troupeaux ou les explications techniques pour transformer l’herbe en revenu. Autre nouveauté de ce 10e Tech-Ovin, un pôle brebis laitière présentait sous une même tente les animaux, les filières et les produits des trois bassins laitiers français. « Même si les éleveurs corses ont été touchés par la sécheresse et le serotype 4 de la fièvre catarrhale, nous nous devions d’être là avec le Comité national brebis laitières » explique Philippe Teinturier de l’organisme de sélection de la brebis Corse.

Pour répondre à la thématique de cette édition 2017 - Des brebis pour notre avenir -, le pôle avenir montrait toutes les possibilités d’emplois et de formation dans la filière. Très impliquées dans la transmission d’exploitations, les chambres d’agriculture ont organisé une session d’accueil d’actifs qui a rassemblé 18 porteurs de projets. Trois jours de visites d’élevage et de conférences sur l’installation et les techniques ovines étaient spécialement organisés pour eux. Chaque participant a reçu un livret avec les 91 offres d’exploitations françaises recensées sur le site repertoireinstallation.com. « Si certains ont des projets très avancés, nous accueillons aussi de doux rêveurs auquel nous montrons la réalité de l’élevage ovin, explique Marie-Laure maraîcher de la chambre d’agriculture de Haute-Vienne. Chaque année, nous installons quatre ou cinq jeunes par an suite aux différentes sessions que nous organisons. ».

À la fin du salon, Claude Souchaud, le président de Tech-Ovin avait le sourire aux lèvres. « C’est au-delà de nos espérances, la fréquentation est en hausse et même les exposants les plus acariâtres se disaient satisfaits. J’ai été surpris de voir des éleveurs de toute la France. Les visiteurs venus de loin, de l’Aveyron, de l’Est ou du Sud-Ouest, se sont montrés extrêmement intéressés par la technique présente à Tech-Ovin », conclut-il sans oublier de remercier les nombreux bénévoles qui ont contribué à la bonne ambiance du salon.

Le salon des moutonniers de France

Quatre inventions futées et primées

Le concours du berger futé permet aux éleveurs ayant mis au point des astuces d’être récompensés pour leur inventivité.

Le grand gagnant du concours est le Gaec du Petit Poirat, dans la Vienne, représenté par Romain Dauchier. Lui et son associé, Thomas Beton, ont mis au point des cornadis empêchant les agneaux de passer à travers et de se retrouver hors de l’enclos. L’astuce consiste à faire passer comme une guirlande de tuyau dans la longueur des cornadis pour diviser en deux l’espace où la brebis met sa tête. Cela n’empêche pas les adultes de manger mais effraie suffisamment les agneaux pour qu’ils ne tentent pas de passer. Thomas et Romain auront mis un mois et demi pour mettre au point le système et bien qu’il gêne un peu pour les traitements sur les têtes ou les cous, le gain de temps et l’aide au quotidien sont des réelles plus-values de cette installation « anti-passage cornadis ».
La médaille d’argent revient à Mélanie Chasseigne, éleveuse en Centre-Val de Loire, qui a confectionné un système d’accrochage rapide de deux claies. Simple récupération et soudure de morceaux métalliques ensemble, son astuce est néanmoins très intéressante et permet de s’affranchir des petits bouts de ficelles !
Le troisième prix est attribué à Éric Breyrat, éleveur dans la Drôme, qui a adapté des balises de chasse GPS, afin de toujours pouvoir localiser ses brebis au pâturage. Smart Troupeau, l’application développée par un fabricant dans les environs de Grenoble, permet à Éric de voir sur son smartphone et sur son ordinateur la position géographique de ses bêtes sur un fond de carte satellite. Une balise coûte environ 250 € et la batterie dure huit jours, avec une précision de plus ou moins deux mètres. Il a été aidé dans la réalisation de son projet par le Conseil départemental de la Drôme et le concept pourrait être récupéré pour aider à gérer les problèmes causés par le loup.
En quatrième position, Arnaud Oble, responsable de la ferme du lycée agricole de Bressuire a présenté son abri mobile Ovi fresh, pouvant protéger jusqu’à 60 brebis de la chaleur estivale. Son prototype, entièrement démontable et pliable est facile à transporter avec sa structure légère. Déjà, Arnaud pense à la suite et aux améliorations possibles, telles que l’installation d’un treuil ou de skis pour faire passer l’abri par-dessus les clôtures.

Le concours de tonte a assuré un vrai show avec les commentaires en direct, bilingues et enflammés des spécialistes. Les meilleurs tondeurs – Martin Jeanneau Martin en junior, Felix Cesbron en intermédiaire, Gilles Grancher en sénior et Julien Dincq en open – et les meilleurs ramasseurs de laine – Lucie Grancher – ont été chaleureusement applaudis devant un public nombreux. Un succès populaire de bon augure pour le mondial de tonte à Le Dorat en 2019 !

Les Trophées de l’élevage de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne ont été remis à Stéphane Lorgue, éleveur de 700 brebis sur 113 ha à Bellac, et Alain Chabrier, éleveur de 490 brebis sur 65 ha d’herbe à Saint-Priest-Ligoure, dans la catégorie « élevage performant ». Ce prix doté de 100 euros récompense les élevages « qui tournent » techniquement. Le prix « jeune plein d’avenir » a récompensé Alexandre Roudaud, installé en 2016 à Saint-Paul, qui a augmenté sa troupe en faisant correspondre sa production ovine avec la demande du marché. Les prix ont été remis en présence de Christiane Lambert de la FNSEA, Michèle Boudoin de la FNO, Claude Souchaud de Tech-Ovin, Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse et Jean-Marie Delage, président de la Chambre.

À la Foire aux béliers de Bellac qui s’est tenu le jeudi 7 septembre en parallèle de Tech-Ovin, les vendeurs avaient le sourire. « On compte dessus pour vendre nos béliers, expliquaient par exemple Benoît et Marie-Pascale Poillot, venus de Côte d’Or avec 28 Suffolk. Nous y venons depuis 53 ans et on ne louperait la foire pour rien au monde. » Arrivés la veille, ils ont eu le temps de pailler, alimenter et brosser les béliers pour être prêt à l’ouverture. À 8 h 30, ils avaient déjà vendu 19 béliers… « Il faut venir tôt pour avoir du choix, recommande Jean-Pierre Josselin, le président d’Oson, ou venir à la fin pour négocier les béliers qui n’ont pas été vendus. »

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