Le gène des mammites antagoniste de la croissance
L’Inra a localisé une mutation facilitant les infections mammaires mais permettant aussi une croissance plus rapide des brebis.
Les mammites sont des inflammations de la glande mammaire principalement liées à des infections. Certaines brebis sont génétiquement plus sensibles que d’autres aux mammites. Les gènes de prédisposition aux infections mammaires sont restés longtemps inconnus mais les généticiens de l’Inra de Toulouse ont réussi à détecter un variant génétique associé à des inflammations chroniques sévères. En comparant le génotypage de 1 009 béliers avec la concentration de cellules somatiques mesurée sur leurs filles, les chercheurs ont d’abord localisé une zone du génome ovin. Puis, en séquençant complètement trois animaux et en réalisant un test fonctionnel sur la protéine, ils ont réussi à localiser la mutation responsable. Cette mutation se trouve dans le gène codant pour la protéine Suppressor of cytokine signaling 2 qui interagit avec de nombreux effecteurs, dont l’hormone de croissance.
Un compromis à trouver entre santé et production
La station expérimentale de l'Inra de La Fage à Roquefort-sur-Saulzon dans l'Aveyron a suivi pendant trois ans la croissance de 18 brebis dotées de zéro, un ou deux allèles du gène mutés qui augmentent les mammites. Les brebis portant deux allèles mutés pesaient en moyenne 16 kilos de plus à l’âge adulte et étaient 10 % plus grandes pour 14 mesures morphométriques que les brebis aux allèles sauvages.
La mutation permet donc d’avoir des brebis plus grandes mais aussi plus sensibles aux mammites. « Cette opposition génétique complexifie les programmes de sélection, expliquait Rachel Rupp de l’Inra lors des dernières journées 3R. Actuellement présente dans environ 15 % de la population ovine, cette mutation est à surveiller pour ne pas que la sélection d’animaux plus lourds soit aussi celle de brebis aux mamelles plus fragiles. »