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L’ambition internationale des ovins au Sommet de l’élevage

Rendez-vous annuel très attendu par les professionnels des filières ruminants, le Sommet de l’élevage est une vitrine pour les ambitions de la filière ovine française.

Du 3 au 6 octobre, la Grande Halle d’Auvergne, à Cournon, était en ébullition. Avec l’événement annuel qu’est le Sommet de l’élevage, c’est toute la France des ruminants qui se donne rendez-vous dans le Puy-de-Dôme pour discuter des nouveautés des quelque 1 681 exposants, pour assister aux très nombreuses et diverses conférences ou encore pour participer aux différents concours de race. Cette année, les présences d’animaux étaient en demi-teinte, avec des allées parfois bien vides à cause de la résurgence de maladies telles que la fièvre catarrhale ovine (FCO) ou la maladie hémorragique épizootique (MHE).

30 % d’animaux en moins au pôle ovin

« Nous attendions 454 ovins et seuls 310 sont réellement présents », appuie Marine Penon, de la chambre d’agriculture Auvergne Rhône-Alpes, en charge de l’organisation du hall. Aucun éleveur de Charmois n’a souhaité amener d’animaux, excepté trois spécimens pour la présentation des races ovines. Les concours nationaux Southdown et Charmois, prévus respectivement jeudi et vendredi, ont donc été annulés. Le dépit était lisible sur les visages présents dans le hall ovin. « Nous sommes venus avec un peu moins d’animaux que prévu mais ceux qui sont là ont été traités à l’insecticide et testés en PCR », explique François Tahon, de l’OS Races ovines des massifs.

Avec 115 000 visiteurs, le Sommet de l’élevage grimpe en pole position des salons européens de l’élevage. Rayonnement dont profite la filière ovine française qui, elle aussi, a de grandes ambitions sur la scène internationale pour les mois et années à venir.

« La filière ovine prend part à la reconquête de la souveraineté alimentaire de la France, annonce Patrick Soury, président d’Interbev Ovins et du programme Inn’Ovin. Pour ce faire, il nous faut parvenir à produire de la viande et du lait de qualité malgré le défi du renouvellement des générations. Avec un départ pour une installation, nous sommes en passe de réussir cette mission. Pour montrer les atouts de la filière ovine française et son attractivité pour les jeunes porteurs de projet, nous lançons en 2024, année olympique, les Ovinpiades internationales. » Des jeunes du monde entier seront amenés à découvrir la France ovine, à travers des épreuves qui se tiendront sur les différents sites d’importance pour la filière (le Ciirpo, Fedatest, etc.) avec une remise des prix le 31 mai à la Bergerie nationale de Rambouillet (Yvelines). « Il est toujours intéressant de tisser des liens avec les autres pays producteurs pour gagner en compétences et en ouverture d’esprit », reprend Patrick Soury.

Un Erasmus pour les lycées agricoles

La ville de Clermont-Ferrand candidate pour le titre de capitale européenne de la culture. Derrière le chef-lieu du Puy-de-Dôme, ce ne sont pas moins de 600 communes et 13 départements du Massif central qui rejoignent l’élan et l’agriculture est loin d’être oubliée dans le projet. « Les traditions et l’identité d’un territoire sont très souvent liées aux activités agricoles qui vont alimenter la culture locale », soutient Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, lors de l’inauguration du salon auvergnat. La ville de Clermont-Ferrand prévoit par exemple la mise en place d’échanges européens entre lycées agricoles et professionnels, sur le modèle du programme Erasmus.

« L’élevage et la culture sont intrinsèquement liés, appuie Michèle Boudoin, éleveuse de brebis dans le Puy-de-Dôme et présidente de la Fédération nationale ovine (FNO). Les troupeaux entretiennent les paysages de la chaîne des Puys et des volcans d’Auvergne. Tous les week-ends, ces magnifiques territoires accueillent les citadins venus se ressourcer. Il est donc primordial de faire connaître l’élevage au grand public. »

Le partage de la montagne en débat

Ce partage de l’espace agricole et naturel a d’ailleurs fait l’objet d’une conférence très suivie, organisée par la région Auvergne Rhône-Alpes. Comment concilier activités de loisirs de montagne et pastoralisme ? « Le modèle de l’élevage régional et du Massif central est basé sur la valorisation de l’herbe et du pâturage. Le pastoralisme est ancré dans notre ADN, défend Jacques Chazalet, éleveur ovin et président du Sommet de l’élevage. Certes, l’élevage n’est pas la seule activité sur les territoires ruraux, mais sans lui, pas d’économie rurale, pas de dynamisme et de vie sur ces territoires. »

Éleveurs, conseillers agricoles et professionnels du tourisme ont apporté chacun leur éclairage sur des situations variées de partage de l’espace mais avec toujours un point commun : la situation a été conflictuelle à un moment donné. « L’élevage est lié au territoire, c’est une relation complexe, qu’il est facile de caricaturer. D’où l’importance d’apporter un regard scientifique et objectif à chaque situation », explique Fabien Candy, de l’Association départementale d’économie montagnarde (Adem) de la Drôme. Avec 12 % de la surface de la région Auvergne Rhône-Alpes dédiée au pastoralisme, la question du partage et de la cohabitation est primordiale. Dans la Drôme, l’agglomération de Valence-Romans-sur-Isère a souhaité recenser les conflits liés à ce multi-usage des surfaces. « 55 % des conflits recensés sont dus à des questions de droit de passage, de gêne des troupeaux. Vient ensuite l’épineuse question des chiens de protection dans 14 % des conflits relevés », développe Aurélien Calmettes, chef de projet randonnée et pastoralisme pour l’agglomération. Avec le développement du tourisme de montagne « quatre saisons » et non plus cantonné aux activités d’hiver, les bergers et éleveurs ont dû adapter leurs pratiques et mettre de l’eau dans leur vin. « Les alpages perdent de leur authenticité, de leur histoire. Ils s’apparentent de plus en plus à des parcs de loisirs », se désole un éleveur de vaches laitières en Savoie. « Dans notre région, l’activité agricole est le terreau de l’activité touristique dans notre région. Il faut que cette seconde n’empêche pas la première sans quoi elle se fera elle-même du mal », argumente Richard Randanne, éleveur ovin transhumant dans la chaîne des Puys. Sur son estive, ce sont 1 600 brebis qui paissent tout l’été, tandis que le parc des volcans d’Auvergne accueille chaque année plus d’un million de vacanciers, sur les seuls sites du Puy-de-Dôme et du Puy-Marie.

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