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La Romane de plain-pied dans le règlement zootechnique

En partageant sa base de sélection avec des éleveurs du Portugal, l’OS Romane passe à l’échelle européenne et se fortifie. La race prolifique a aussi des ambitions dans la génomique.

Le nouveau règlement zootechnique européen (RZUE) bouscule les organismes de sélection (OS) et il ne fallait pas moins d’une assemblée générale extraordinaire à l’OS Romane pour bien intégrer ces changements. En effet, depuis août 2019, l’OS romane a étendu sa zone d’action jusqu’au Portugal. L’organisme de sélection profite ainsi des nouvelles possibilités d’extension de zone offerte par le RZUE en application depuis novembre 2018. « Depuis 2015, nous échangeons avec huit éleveurs de 700 brebis Romane extrêmement motivés et en demande de travailler avec nous », explique Hubert Mony, le président de l’OS. En gérant le livre généalogique des Romanes au Portugal, la coopérative française y est officiellement reconnue comme OS. C’est, à ce jour, la seule race ovine française à étendre ainsi sa zone au-delà des frontières nationales. Même les bovins ne l’ont pas encore fait ! « En rajoutant 700 brebis et la cotisation de huit nouveaux adhérents, nous montrons que nous sommes plus forts à travailler ensemble », apprécie le président, éleveur en Côte-d’Or. Des éleveurs espagnols pourraient aussi prochainement intégrer l’OS et ajouter ainsi 4 000 brebis à la base de sélection.

Des essais pour laisser le contrôle de performance à l’éleveur

Autre changement avec le RZUE, l’indexation génétique, auparavant réalisée (gratuitement) par l’Inra, est maintenant confiée à la nouvelle structure (payante) Geneval. Le RZUE impose aussi aux OS de devenir responsable du contrôle de performance. Pour cela, l’OS Romane a actuellement signé 28 conventions avec des organismes de contrôles de performances qui couvrent 37 départements. « On récupère la délégation de tous ceux qui indiquent code 64 », résume Céline André, la directrice. Dans la zone Bourgogne, Franche-Comté, Aube et Loiret, c’est un contrat multipartite qui a été signé avec l’OS Mouton Charolais. Cependant, la situation n’est pas encore satisfaisante et l’OS craint des zones grises, dépourvues de contrôle de performance. « Nous testons depuis juillet dans le Puy-de-Dôme, le contrôle de performance réalisé par l’éleveur lui-même. »

Quatre naissances sur dix en triple

En 2018, la race Romane comptait 103 adhérents au contrôle de performance officielle pour plus de 30 000 brebis ayant mis bas. « Le nombre de brebis romane a ainsi quasiment doublé depuis 2005, apprécie Franck Sablayrolles, le nouveau commercial de la structure. Nous sommes ainsi devenus la première race ovine en contrôle de performance officielle. » En vingt ans, la taille des troupeaux a augmenté et les troupeaux en contrôle de performance comptent désormais 103 brebis et ceux adhérent à l’OS, 420 brebis.

Pour les troupeaux des adhérents, la prolificité atteint 2,11 et la productivité à 30 jours 1,79. 45 % des naissances se font en contre-saison. Le nombre de naissances triples augmente et concerne désormais 42 % des cas contre 32 % il y a 20 ans. « Des éleveurs s’installent en Romane – des jeunes et des céréaliers – et nous exportons de plus en plus d’animaux », se réjouit aussi le président, résolument positif.

Résistance au parasitisme et assignation de parenté

La race se prépare aussi à prendre progressivement le train de la génomique. Cela pourrait commencer par des prises de sang des animaux pour assigner la paternité. « Avec des troupeaux de plus en plus grands, il devient de plus en plus compliqué de s’assurer de la paternité des agneaux, explique Hubert Mony. Les éleveurs mettent plusieurs béliers dans les lots et on ne sait plus qui est le père. Cela risque d’impacter la fiabilité des index. » L’analyse génétique de chaque agneau permet de s’assurer de l’ascendance. Mais cela a un coût actuellement estimé à 23 euros. « Nous voulons développer la vente d’animaux pour que la marge dégagée par ces ventes nous aide à prendre en charge ces analyses », précise le président. C’est ce qui se fait déjà sur la résistance au parasitisme et les béliers sont testés en station sur ce critère. L’OS réfléchit aussi à sélectionner ses animaux pour ne garder que les plus résistants aux mammites ou ceux porteurs du gène culard. « Il faut qu’on garde une longueur d’avance sur la génétique », conclut le président.

Après l’assemblée générale dans le Gers en 2019, la Romane poursuit son tour de France et sera Montloué dans l’Aisne le 25 mars pour sa prochaine assemblée générale, ordinaire cette fois.

Le Mouton Charollais croise la Romane

En faisant son assemblée générale à Charolles (Saône-et-Loire), la race romane a logiquement invité la race Mouton Charollais à se présenter. « Nous avons, nous aussi des éleveurs sélectionneurs répartis sur toute la France », remarque Morane Cassotti, la technicienne de l’OS, en décrivant les caractéristiques des 6 800 brebis inscrites chez 110 éleveurs sélectionneurs. En plus de son agnelage facile et de sa prolificité élevée de 176 %, la race Moutons Charolais présente des bonnes aptitudes bouchères qui peuvent intéresser les éleveurs de Romane pour le croisement terminal. Laurent Solas de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a confirmé cet intérêt en comparant 177 agneaux Romane purs à 155 issus d’un croisement entre Romane et Charollais. « Le bélier charollais diminue l’âge d’abattage d’une petite semaine et le rendement carcasse augmente de 0,6 %. Les carcasses sont mieux conformées et moins grasses et l’on peut espérer 5 euros de marge en plus par agneau. » « Nos béliers améliorateurs de croissance, de conformation et de gras sont vendus entre 450 et 800 euros lors de ventes à Charolles, détaille Morane Cassotti. Il y a un vrai travail de sélection et ça serait dommage de ne pas en profiter… »

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