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Andy Tschetter
À la rencontre des éleveurs et de la filière ovine de l'Ouest du Canada

Passionné d’écriture et de revues agricoles, Andy est un éleveur canadien qui nous raconte son hiver à la rencontre de la filière ovine de sa région.

Au milieu du rude hiver Canadien, Andy Tschetter parcourt les routes de l’Alberta et de la Colombie britannique pour aller à la rencontre d’éleveurs et d’acteurs de la filière ovine. Mi-janvier, il s’est rendu à Tofiel pour rencontrer le gérant du marché aux enchères Beaverhill auction services. C’est devenu un marché clé pour les éleveurs de moutons et de chèvre de l’ouest canadien depuis la création de l’entreprise en 2004. Les jours de marché, une équipe de 15 personnes s’active pour assurer les ventes. De janvier à juillet, il se vend environ 1 000 têtes les 2e et le 4e lundi de chaque mois. D’août à décembre, ce sont environ 1 500 animaux qui sont vendus chaque semaine. La plupart des animaux arrivent le jour de vente, mais certains arrivent la veille entre 15 h et 20 heures. Le potentiel commercial de ce marché est important. Beaverhill auction est le marché de prédilection pour de nombreux petits producteurs qui préfèrent y vendre leurs agneaux de fin d’été engraissés à l’herbe afin de faire plus de bénéfice qu’avec ceux vendus à la fin de l’automne.

Afin de savoir comment les brebis et les agneaux canadiens se nourrissaient durant l’hiver, Andy s’est rendu à Wetaskiwin pour rendre visite à un ami. En effet, malgré de rudes conditions, les animaux mangent un fourrage vert, un mélange d’herbe et de luzerne. Mark Hofer, l’éleveur, explique que ces éléments étaient récoltés à un stade précoce, au moment où le taux de sucre dans les plantes est le plus élevé. Le foin est séché pour ne laisser que 20 % l’humidité et mis en botte entre 12 et 24 heures après la coupe. Alors, même en plein milieu de l’hiver, les brebis de Mark paissent de l’herbe verte. Avec cette stratégie d’alimentation, plus aucun concentré et graines de céréales ne sont distribués aux animaux.

La Rideau Arcott, une race à forte prolificité

Stefan Keiser, 31 ans, est un féru de connaissance sur les ovins. Étant en charge d’EweCan Genetics, créé par ses parents, il met beaucoup de passion et d’énergie pour continuer à agrandir et améliorer sa société et la génétique ovine dans la région. Il mène notamment des recherches dont l’objectif est d’augmenter, par la voie génétique, la prolificité des brebis de race Rideau Arcott. Afin d’avoir de meilleurs agneaux finis, il a notamment inclus de la génétique de Charollais afin d’amener de la conformation. Tout comme la race Canadien Arcott, les Rideau Arcott ont été développées dans des centres de rechercher d’Ottawa en 1968. Il s’agit principalement d’un croisement entre les races Finnesheep, Suffolk, Shropshire, Dorset et Frison de l’Est avec l’ajout de quelques individus issus des races Border Leicester, North Country Cheviot, Nomeldale et Corriedale. Il s’agit d’une race sexuellement mature assez tôt avec un taux élevé de fertilité chez les brebis. Elles donnent notamment naissance à de nombreux jumeaux et des triplés. Les quadruplés sont plus fréquents que les agneaux simples. Les brebis peuvent mettre bas à sept mois et les agneaux ont la prise de poids la plus rapide des races canadiennes.

La tonte pour fêter la fin de l’hiver

Les hivers étant longs dans l’Est canadien, il faut savoir fêter l’arrivée du printemps. La tonte des moutons est donc devenue un événement festif pour toute la région accompagnant l’arrivée de température plus douce. La toison des agneaux étant devenue importante à la mi-avril, il est important pour les éleveurs de la région de tondre les moutons dès l’arrivée de températures plus douces. Chez Andy, la tonte s’étale généralement sur deux jours. Andy et ses compagnons tondent les béliers et agneaux le premier jour. Tous les jeunes gens de la région se rassemblent durant ces deux journées, déchargés de tout autre travail lié à l’élevage, pour tondre les moutons de la région. La plupart d’entre eux sont devenus d’excellents tondeurs en améliorant chaque année leur technique de tonte. Le tondeur le plus rapide de la région est Karl Teshetter. Tous les ans, il vient aider les éleveurs de la région à tondre avec quelques-uns de ses collègues. Passionné de tonte depuis son plus jeune âge, il est rapide dans les techniques de retournement d’agneaux. Il transmet ses connaissances acquises grâce à la pratique à tous les jeunes tondeurs du coin. Celui qu’on appelle dans la région oncle Paul est chargé de gérer la presse à laine, il s’agit d’une presse hydraulique qui transforme les toisons en balles de 1,5 mètre de long environ, maintenues dans des sacs en nylon. Après l’école, tous les enfants de la région viennent observer la tonte et ils sont autorisés à se jeter sur les sacs de laine. Les jeunes femmes sont généralement chargées de garder les planchers propres et de ramasser la laine qui aurait échappé à la presse d’oncle Paul. Pour nourrir les tondeurs, de grands repas sont préparés dans la salle communale. À la fin de la journée, les gens du coin partagent des verres de vins pour fêter une bonne journée de travail. Pour une laine de bonne qualité, une bonne alimentation est nécessaire. De plus le climat froid de l’Amérique du Nord permet aux moutons de développer des toisons épaisses. Mais, tout comme le bon vin, les gènes de la bonne laine canadienne viennent de France. Ils ont été importés grâce à l’acquisition notamment de Mérinos de Rambouillet. Les premiers animaux issus de cet élevage sont arrivés aux États-Unis en 1840. Ils sont rapidement devenus célèbres au Canada pour leur capacité à résister aux rudes hivers. Le Canada produit plus de deux millions de kilos de laine par an. Il s’agit encore d’un marché de niche qui se développe.

De la nourriture déshydratée pour survivre au long hiver

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