La prédation étend son nombre
Abandon de certaines estives, transhumances de retour précoces, incidents avec les promeneurs et désespoir des éleveurs, voici le résultat d’une saison de plus confrontée à la prédation.
Abandon de certaines estives, transhumances de retour précoces, incidents avec les promeneurs et désespoir des éleveurs, voici le résultat d’une saison de plus confrontée à la prédation.
Au sortir de l’été, le bilan de la prédation est terrifiant. Ours et loup semblent s’être donnés le mot pour décimer les troupeaux ovins en estive et acculer les éleveurs et bergers au désespoir. Les petites avancées cédées par le gouvernement lors de la révision du plan loup en juin dernier sont en passe d’être annulées ou du moins suspendues, à l’instar des tirs de prélèvements, jugés déjà trop nombreux à cette époque de l’année. En effet, début septembre, le préfet coordonnateur du plan loup a ordonné aux préfectures des zones prédatées d’interdire jusqu’à nouvel ordre les tirs de prélèvement simples et renforcés ainsi que les tirs de défense renforcés, étant donné que 89 loups ont déjà été éliminés cette année, sur les 100 fixés par l’État. Un chiffre a nuancé car comme le rappelle Claude Font, responsable du dossier prédation à la Fédération nationale ovine (FNO), « 82 loups ont été tués lors de tirs de défense et un seul par un tir de prélèvement. Ça montre que nous sommes dans le vrai en voulant défendre nos troupeaux. Notre rôle, ce n’est pas la régulation du loup, mais la défense de nos troupeaux ».
Les éleveurs doivent rester en capacité de défendre leurs troupeaux
Si le quota de 100 loups est atteint, la FNO demandera que les tirs de défense simples soient maintenus. « Nous ne pouvons pas laisser les éleveurs sans aucune capacité à défendre leurs troupeaux », s’exclame Claude Font. Dans les Hautes-Alpes, les éleveurs grondent après le dérochement de 97 brebis, suite à une attaque. Appuyés par la FDSEA et les JA, ils ont bloqué pendant trois jours la préfecture. Sans résultat, puisque leur demande de pouvoir procéder à des tirs de défense en cœur de parc national a été refusée. Un groupe d’éleveurs armés et cagoulés a alors annoncé qu’ils allaient passer à l’action, en tuant des loups au sein du parc national des Écrins. Cependant, des tirs d’effarouchement au cœur du parc, pourtant interdits par la loi pourraient être mis en place de manière expérimentale en étant effectués par les lieutenants de louveterie ou la brigade loup. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’est d’ailleurs prononcé en faveur d’une telle mesure le 29 août sur C News.
L’ours gronde, les brebis dérochent
Dans les Pyrénées-Atlantiques, les éleveurs ont manifesté leur ras-le-bol après le dérochement d’un troupeau. Les propriétaires du troupeau comptabilisent 15 brebis mortes, 36 euthanasiées et plus de 300 disparues. La responsabilité de l’ours n’a cependant pas été clairement établie, bien que sa présence soit avérée dans la zone de pâturage du troupeau. Suite aux discussions avec les associations d’éleveurs et les élus locaux des Pyrénées, les pouvoirs publics ont annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelles réintroductions d’ours pour le moment, bien que la population soit de 43 individus et que le seuil de viabilité prévu dans le plan national en demande 50 au minimum. Les syndicats agricoles et associations d’éleveurs ont décidé de boycotter les discussions tant que l’État ne mettrait pas un terme définitif aux réintroductions. De plus, les éleveurs demandent l’obtention de tirs létaux plutôt que d’effarouchement qui ne semblent pas être efficaces.
Les montagnes tout feu tout flamme contre le loup
L’Usapr, association qui réunit les maires et élus des communes en zones de prédation, a pour objectif de sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens à la question épineuse de la prédation du loup. L’association a appelé les communes, les maires et les éleveurs à ériger des bûchers ou à éclairer la montagne dans la nuit du vendredi 13 septembre, relayant ainsi un mouvement européen (Allemagne, Suisse et Italie) pour la quatrième année consécutive. « Nous voulons montrer par cette action symbolique que des gens vivent sur les territoires prédatés et que, malgré l’énergie déployée sur le dossier, les choses ne font qu’empirer », explique Cathy Davoine, coordinatrice de l’Usapr. La prédation dépasse le volet agricole car, avec l’abandon de certaines zones, il faut s’attendre à une recrudescence d’incendies et d’avalanches. Sans parler des accidents entre promeneurs et chiens de protection…