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Un jour avec
Jean-Léon Camblong, collecteur de lait de brebis

Onetik collecte 5,7 millions de litres de lait de brebis, 20 millions de vache et presque 2 millions de chèvre dans les Pyrénées-Atlantiques.

7h

Jean Camblong sort l’un de ses trois camions-citernes, stockés dans le hangar de sa ferme familiale de vaches allaitantes, à Louhossoa, au Pays basque. Outre cette ferme, qui constitue son activité secondaire, il possède une entreprise de transport de fret routier de proximité. Y travaillent sa fille Idoia, qui collecte sur la côte basque et un salarié, qui ramasse le lait de chèvre trois fois par semaine, de nuit. Un troisième camion leur sert de mulet, c’est-à-dire de roue de secours « car on ne peut pas se permettre de ne pas collecter ne serait-ce qu’un jour », justifie-t-il.

Son seul client est la coopérative laitière Berria, fournisseur de la laiterie Onetik, de Macaye.

De février à avril, Jean effectue une tournée spécifique de lait cru, auprès des meilleurs associés coopérateurs en AOP ossau iraty. Le reste de l’année, du 11 novembre au 31 juillet, il distingue une tournée AOP et une tournée non AOP. Toutefois, en début et fin de campagne, des accords de collectes entre laiteries permettent d’optimiser la tournée.

7h30

Jean arrive à Jaxu dans la première ferme, à flanc de montagne. Joakin Etcheverria, l’éleveur, vient de finir la traite. « Je ne peux pas arriver avant la fin de la traite du matin et au moins 1h avant celle du soir, car les tanks doivent être lavés avant la traite suivante », explique-t-il. Jean est content que des jeunes s’installent pour maintenir cette production en montagne. En trente ans, il a vu s’amenuiser la production laitière sur la côte basque.

9h

À chaque fois les mêmes gestes, tirer le tuyau, mesurer le niveau de lait, aspirer jusqu’à la dernière goutte, convertir les centimètres de la règle de mesure en volume selon le tableau de conversion de chaque tank figurant dans la laiterie. « La responsabilité est lourde. Toute erreur serait au détriment de la laiterie ou de l’éleveur », avoue-t-il. Puis il inscrit sur un tableau le volume du jour. Il repose délicatement la règle à l’horizontale sur le rebord de la cuve ou d’un évier, pour que l’éleveur puisse lui-même voir quel était le niveau de lait.

Une fois le tuyau réenroulé, Jean enlève l’échantillon de lait prélevé à chaque arrêt de la collecte, pour coller l’étiquette correspondante et replacer un nouveau flacon, pour l’arrêt suivant.

Remonté dans le camion, il reporte le précieux litrage sur une feuille et sur son ordinateur de bord. Le volume de chaque éleveur est donc noté trois fois.

« Les agriculteurs font les détachés, mais ils savent très bien combien ils ont trait. Si le volume noté est erroné, ils savent être précis », prévient-il. La réputation d’un laitier se fait sur sa rigueur et sa ponctualité.

10h

Marcel Darrieumerlou, administrateur de la coopérative, l’invite à faire une pause et prend des nouvelles. Il fait froid depuis quelques jours, les volumes baissent chez quasiment tous les éleveurs. Jean ne donne que les tendances, jamais les chiffres, ni les noms, car « c’est confidentiel ». Pourtant, ce sont ces conversations qui lui plaisent dans ce métier. Les bavards, les taciturnes, les radoteurs, il s’en amuse. Il est salué même par d’anciens associés coopérateurs passés à la concurrence et par des habitants. Par contre, ceux qu’il craint, ce sont les fêtards alcoolisés à l’aube le dimanche matin, « un accident est si vite arrivé sur ces routes de montagne. »

13h30

Pause déjeuner, côté Pays basque sud, puisque les bars français sont fermés pour cause de pandémie. Il y retrouve sa fille, qui réalise une très longue tournée : 190 kilomètres pour aller chez 43 producteurs, mais pour ne collecter que 17 000 litres.

Idoia reprendra l’entreprise familiale d’ici quelques mois quand Jean partira à la retraite. À l’image des fermes qui se transmettent de génération en génération, Jean est fier que sa fille prenne sa suite. Ils s’appellent d’ailleurs grâce au Bluetooth du camion une bonne dizaine de fois par jour, malgré les zones blanches qu’ils traversent.

14h

Un éleveur lui a laissé une liste de courses pour des produits de traitement, car Jean est le pont quotidien entre la laiterie et les éleveurs. D’ailleurs quand il parle d’Onetik, il dit « on ».

Jean a ses tanks préférés : les plus modernes, ceux qui affichent le litrage en appuyant sur un simple bouton. « Pourquoi les cuves ne sont-elles pas standardisées afin de nous éviter sur chaque ferme, une table de conversion différente, source d’erreur ? », se demande-t-il le sourire en coin.

Dans certaines exploitations, la grille des volumes de l’année passée reste affichée, permettant ainsi de voir l’évolution des volumes. Il s’amuse à trouver des explications aux variations : l’arrivée d’un jeune sur l’exploitation, un accident de la vie, la nomination d’un éleveur en tant que maire… La moyenne par ferme est à 390 l/j.

16h30

Arrivé à la laiterie après environ 10 000 litres collectés chez 26 producteurs et 180 kilomètres parcourus. Il prélève un échantillon de la citerne, puis se rend au laboratoire des chauffeurs où il range dans un frigo les échantillons de chaque éleveur et procède à une recherche d’antibiotique dans un prélèvement de la citerne. Puis, un laboratoire testera la présence de Escherichia coli, L9 listeria, S9 salmonelle et SC staphylocoque à coagulase. Il suit une formation tous les cinq ans pour se remettre à niveau avec ces analyses.

Une trace d’antibiotique, un résidu de produit, un tank en panne, il serait alors obligé d’aller jeter toute la collecte. « C’est rare, ça n’arrive même pas une fois par an », tempère -t-il.

Pas de problème cette fois, il vide donc sa citerne. Enfin, il lance le lavage du camion.

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