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Finir ses agneaux sans surgras

Pour mieux répondre à la demande en viande ovine, une journée de formation en Occitanie mettait l'accent sur l'incidence de l'élevage sur les carcasses et sur l'engraissement des agneaux.

Comment bien valoriser ses agneaux avant leur départ pour l’abattoir. C’était le thème d’une formation Inn’ovin Occitanie, à Pamiers en Ariège, en février dernier. Selon le Comptoir appaméen des viandes (Ariège), le marché évolue. « Non seulement la demande est de plus en plus faible, nous n’arrivons à écouler que 80 à 100 agneaux par semaine, mais en plus elle exige moins de gras ». Du gras blanc et ferme bien sûr. Si la conformation dépend beaucoup de la race et ne se voit pas facilement en vif, l’éleveur peut agir sur l’état d’engraissement.

Le poids à la naissance joue beaucoup sur le gras

De nombreux facteurs liés à l’animal le prédisposent plus ou moins à un engraissement excessif. Le poids de la carcasse reste le premier critère bien sûr, mais aussi le sexe et la race. En effet, à poids de carcasse donné, l’animal est d’autant plus gras que son format à l’âge adulte est faible. C’est la raison pour laquelle les femelles sont plus grasses et que l’augmentation du format d’une race permet d’augmenter le poids de la carcasse tout en conservant un état d’engraissement optimal. La nature des aliments distribués aux agneaux reste en fait secondaire, dès lors que le concentré offre une valeur énergétique de l’ordre de 0,9 à 1 UFV (unité fourragère viande). Le taux de matière azotée totale (MAT) est en cours de révision mais un taux entre 15,5 et 17,5 % de MAT/kg de matière brute convient aux besoins d’agneaux finis en bergerie. A contrario, si la ration en contient moins de 15 %, l’agneau stocke l’énergie en excès sous forme de graisses et il sera donc plus gras. Le poids à la naissance joue beaucoup sur le gras. Les agneaux de faible poids, ou à la croissance lente, ont un métabolisme osseux ralenti. Ils ont donc tendance à faire plus de gras.

Si les retours de l’abattoir affichent plusieurs carcasses en classe 4, il faut commencer par diminuer le poids des carcasses, en les commercialisant plus tôt et en les triant tous les quinze jours. « C’est illusoire de croire qu’un agneau fini s’alourdit sans s’engraisser, » avertit Laurence Sagot de l’Institut de l’Élevage - Ciirpo. Sur le long terme, la génétique peut aussi améliorer la qualité des carcasses. Le rationnement du concentré en finition est aussi un levier puisque cela ralentit la vitesse de croissance et donc de gras.

Du lait puis du concentré

« Rien ne remplace le lait pour faire grandir les agneaux », annonce Laurence Sagot. À un mois et demi d’âge, les principaux critères économiques sont déjà établis, à savoir l’état d’engraissement, la conformation, le poids carcasse et l’indice de consommation. Autrement dit, il faut des agneaux lourds au sevrage pour économiser de l’aliment (24 kg à 70 jours selon les résultats d’une comparaison du Centre de recherche et d’expérimentation ovine de Glane).

Les agneaux légers (21 kg selon les résultats de ce même essai) coûteront 15 kg d’aliment de plus, que le concentré soit à volonté ou rationné. Entre un aliment à haute énergie (0,92 et 0,95 UFV) ou à basse énergie, lequel choisir demandent les éleveurs présents. « À vos calculatrices ! », répond-elle. Par exemple, avec un aliment à haute énergie, l’agneau consommera 1 kg par jour; à basse énergie, 1,2 kg. À chacun de calculer combien vaut l’UFV. Quant à l’intérêt d’un aliment de démarrage premier âge, la réponse est simple pour Laurence Sagot : aucun, à moins qu’il ne soit médicamenteux. Dans tous les cas, il est déconseillé de changer d’aliment en cours de lot et encore plus de donner un aliment bovin, qui contient du cuivre.

Prendre un bon départ, six semaines avant l’agnelage

Pour les aliments fermiers, ne surtout pas aplatir les céréales, car elles rendent alors le mélange acidogène et colorent le gras. Parmi les différentes cérales, l’avoine n'affiche que 0,71 UFV (tableau ci-contre). « Insuffisant, la croissance patine », justifie-t-elle. Le triticale, en revanche, semble plaire à certains éleveurs. Le blé ne peut représenter que 40 % de la ration, car il est acidogène. Aux céréales doivent être ajoutés des compléments azotés, pourvus en minéraux, vitamines et chlorure d’ammonium. Afin d’éviter que les animaux ne trient, un éleveur conseille les nourrisseurs à haut rebord. Parmi les compléments azotés (tableau ci-contre), le lupin blanc est le plus énergétique. Mais, avec les protéagineux (pois, fèves, lupin, etc.), la vitesse de croissance est plus lente ; les agneaux restent donc plus longtemps sur la ferme.

« Un agneau, ça se démarre six semaines avant l’agnelage », affirme, catégorique, Laurence Sagot. Les brebis doivent donc être bien nourries durant ces dernières semaines de gestation ; il en va de la facilité d’agnelage, du poids et de la vigueur à la naissance. Bref, de la mortalité et des capacités de développement de l’agneau. « L’écart de poids à la naissance, se retrouve à l’abattoir car cet écart est très difficile à rattraper, même avec une bonne alimentation de l’agneau ». Conclusion : le meilleur atout de finition de vos agneaux reste leurs mères.

Trois points de repère pour trier ses agneaux

La pesée n’est pas un indicateur suffisant pour évaluer l’état d’engraissement. Évaluer l’état d’engraissement optimum, c’est-à-dire en classes 2 ou 3 selon la grille Europ et le circuit de commercialisation (certains valorisant mieux la classe 2, d’autres la classe 3), nécessite de les palper individuellement.

Le dos : palper l’épaisseur du gras déposé sur les côtelettes.
La queue : si du gras entoure la queue, la carcasse risque d’être trop grasse.
Les côtes : si les côtes sont difficilement décelables, l’animal est trop gras.

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