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Ensemble pour la santé animale et l’agroécologie

Née pour assurer un suivi collectif des élevages, l’Association vétérinaires éleveurs du Millavois a souvent été en avance sur son temps. Elle accompagne aujourd’hui ses adhérents vers la transition agroécologique.

Les nouveaux projets sont souvent développés de façon collaborative par un petit groupe d’éleveurs avant d’être proposés à l’ensemble des adhérents. La formation est au cœur de ces actions. © Avem
Les nouveaux projets sont souvent développés de façon collaborative par un petit groupe d’éleveurs avant d’être proposés à l’ensemble des adhérents. La formation est au cœur de ces actions.
© Avem

Depuis quarante ans, les fondamentaux n’ont pas changé : « L’Avem s’est construite sur l’échange de savoirs, apportés par les vétérinaires, et de savoir-faire, amenés par les éleveurs. C’est le croisement des deux qui permet d’avancer beaucoup plus vite », explique Patrice Combettes, vice-président de l’Association vétérinaires éleveurs du Millavois. Il s’agissait ni plus ni moins d’inventer collectivement une nouvelle relation entre éleveurs et vétérinaires, basée sur « la transparence et la confiance », ajoute Olivier Patout, vétérinaire. L’association compte aujourd’hui 165 adhérents (deux tiers en ovin lait) dans le bassin de Roquefort. Ses actions sont d’abord zootechniques et vont bien au-delà de la santé animale. Au fur et à mesure des besoins ressentis, elle s’est engagée dans de nouvelles problématiques (agriculture biologique, économie de l’exploitation, environnement, agronomie, développement international, agroécologie, bien-être animal…), anticipant souvent les évolutions à venir de l’agriculture, les problématiques environnementales et les demandes sociétales.

Une politique sanitaire basée sur l’écopathologie

Le groupe vétérinaire, précurseur de l’Avem, est né en 1979, au cœur de la lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac, de la rencontre entre Larzac-Université et le Centre d’étude et de formation appliquée à l’élevage (Cefale) créé par Michel Fontaine, directeur de l’école vétérinaire de Lyon. Suite à une enquête réalisée par ses étudiants auprès des éleveurs du Larzac, un suivi régulier a été mis en place. Il est fondé sur l’écopathologie animale, qui étudie le lien entre les pathologies, l’environnement de l’animal et les pratiques des éleveurs. « Les facteurs environnementaux (alimentation, bâtiments, gestion des prairies, économie…) pèsent plus que les facteurs microbiens, détaille Olivier Patout. Toute la politique sanitaire de l’Avem est basée sur ce principe. Sur la santé, nous avons une vision globale du troupeau, qui correspond particulièrement bien à l’élevage ovin où les pathologies se gèrent en groupe. » Formation des éleveurs et prévention sont au cœur de cette nouvelle approche de la santé animale.

Mutualisation du coût du sanitaire

L’Avem est créée en 1987 avec une cinquantaine d’éleveurs sur les mêmes principes de fonctionnement que les groupes vétérinaires conventionnés, réunis au sein de la Fédération des éleveurs vétérinaires en convention. Parmi ceux-ci, l’arrêt du paiement à l’acte au profit d’une mutualisation de l’ensemble du suivi, y compris les visites d’urgence et les déplacements. La cotisation est composée d’une part forfaitaire et d’une part variable selon le nombre de brebis et de visites. L’éleveur a le choix entre deux ou trois visites annuelles de suivi (de 2 à 3 heures) aux stades physiologiques clés de la brebis. L’association propose également une dizaine de formations par an sur des thématiques sanitaires et agronomiques. Les éleveurs ont donc conventionné avec trois vétérinaires et une agronome pour assurer ce suivi global.

Une expertise reconnue sur le lait de brebis bio

Au sein du conseil d’administration, les décisions font généralement consensus, après de larges temps de discussion. Ce qui n’empêche pas la réactivité de l’association, pionnière en de nombreux domaines et aiguillon d’organismes institutionnalisés moins agiles face à l’innovation. Dès 1990, elle contractualise avec la laiterie Papillon le suivi d’éleveurs bios et développe une expertise reconnue sur la production de lait de brebis bio. Aujourd’hui, la moitié des adhérents de l’Avem sont en bio. En 2000, elle sera la première à travailler sur les bilans NPK et la gestion des effluents d’élevage en ovins lait, avec, en ligne de mire, la durabilité des élevages. L’Avem participe avec le Parc naturel régional des Grands Causses à l’installation de filtres à sable plantés de roseaux pour épurer les eaux blanches.

En collaboration avec le Ceta de l’Herbe au Lait, situé sur la même zone géographique, l’Avem a proposé à ses adhérents l’enquête technico-économique qui permet d’approcher le prix de revient du lait hors prime. « Ces enquêtes nous ont permis de mettre de gros clignotants sur des choses que nous, vétérinaires, n’avions pas mesurées, par exemple l’impact économique des brebis improductives, et sont le support de réunions d’éleveurs sur une approche comparative des résultats », explique Olivier Patout.

Transition vers l’agroécologie

En réponse aux sévères sécheresses du milieu des années 2000, l’association a lancé plusieurs projets agronomiques afin de redonner de la résilience aux systèmes de production. Un travail mené avec l’Inra de Toulouse. Le premier, Divèrba, a permis de rechercher des populations locales de luzernes et sainfoins mieux adaptées aux conditions de milieu et de réintroduire de la biodiversité dans les prairies. Il a débouché sur un programme de sélection participative et la création d’une Maison de la semence, organisation collective dédiée à la diffusion de ces fourragères. Le projet agroécologique Salsa a permis de construire une méthode de diagnostic qui vise à « remettre de la cohérence technico-économique et environnementale dans les exploitations ovins lait », détaille Patrice Combettes. L’idée étant que l’amélioration de la cohérence globale du système permettra de diminuer les impacts environnementaux, tout en maîtrisant l’autonomie et les aspects économiques et sociaux. Ce diagnostic va être déployé chez la majorité des adhérents afin de les accompagner vers l’agroécologie. L’Avem a obtenu en 2015 pour l’ensemble de ses activités d’élevage le label GIEE (Groupement d’intérêt économique et écologique).

Solidaire avec les éleveurs sénégalais

Au début des années 2000, l’Avem a initié un partenariat avec des éleveurs sénégalais pour les aider à constituer des stocks fourragers destinés à nourrir leurs troupeaux de moutons en fin de saison sèche. L’idée était de le faire collectivement et d’introduire de la mécanisation (motofaucheuse…) pour gagner du temps. Cette action a abouti à la création de huit Cuma, certaines équipées aujourd’hui de matériel plus lourd (tracteur, faucheuse, outil de travail du sol…). Du matériel d’occasion, préparé par les réseaux Cuma de l’Aveyron et de la Lozère, qui participent également au financement, sous forme de microcrédit.

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