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En Gaec pour partager le travail et les réflexions

Les deux associés du Gaec de la Fontaine du Sureau apprécient d’avoir du temps libre et un égal avec qui échanger.

Le secret d’un couple qui dure ? Thierry Orcière et Nicolas Honhon n’ont pas de recette mais il travaille ensemble sans trop d’accrocs depuis huit ans au sein du Gaec de la Fontaine du Sureau à Lezoux dans le Puy-de-Dôme. S’il n’y a pas de liens familiaux entre ces deux associés, les deux hommes de 36 et 34 ans se connaissent de longue date car leurs parents étaient déjà associés ensemble au sein de ce Gaec. « On a toujours connu cette façon de se partager le travail », explique, avenant, Thierry Orcière.

Aujourd’hui, l’exploitation compte un élevage ovin avec 1 500 brebis Blanches du Massif central menées en trois agnelages en deux ans, 135 hectares de prairies, 50 hectares de cultures et trois poulaillers label en intégration. Dans le Gaec, le travail est reparti par atelier. « C’est plus simple à gérer, observe Nicolas qui s’occupe davantage des animaux tandis que Thierry a davantage la responsabilité des cultures et des prairies. Mais on essaie de savoir tout faire et on est interchangeable sur un poste ou un autre. C’est même l’intérêt du Gaec de pouvoir partir et se faire remplacer sans crainte. »

Plus serein en cas d’imprévus ou de maladie

Hors période de foin, de récolte et d’agnelage, les associés se relaient le dimanche où ils ne sont présents qu’une fois sur deux. « Même si c’est bien d’être tranquille un dimanche sur deux, cela reste dur à expliquer à nos compagnes qui sont aux 35 heures avec leurs samedis, leurs dimanches et leurs cinq semaines de congé, concède Nicolas. La vie n’est plus la même qu’avant. Même en étant agriculteurs, la norme sociale d’aujourd’hui, c’est de partir en vacances, d’avoir du temps libre et de voir grandir ses enfants sans être prisonnier de la ferme ». Les deux associés espèrent cependant s’organiser encore davantage pour étendre ce repos à un week-end sur deux. Chaque année, ils prennent chacun une dizaine de jours de congé par an ainsi que quelques week-ends. Dans ce cas-là, ils anticipent et se transmettent les consignes avant le départ. En cas de problème, un coup de fil permettra de demander des précisions à l’autre. « On est plus serein aussi en cas d’imprévus ou de maladie », apprécie Thierry.

« À deux, il faut être d’accord. Sinon, on ne le fait pas »

Il n’y a pas vraiment de temps formel de discussion dans le Gaec. « On discute en travaillant et on planifie nos activités en indiquant notamment les périodes où l’on a besoin d’être à deux », explique Thierry. Le planning n’est pas écrit mais chacun sait où est l’autre. Ils savent surtout quand l’autre n’est pas là, ce qui est de plus en plus le cas pour Thierry Orcière qui a intégré le bureau de la coopérative Copagno et y passe au moins un jour par semaine.

Les codécisions de la coexploitations sont prises à deux. « Il faut être d’accord, sinon on ne le fait pas », résume Thierry. C’est ce qui s’était passé pour le projet de système d’alimentation pour la bergerie ; Thierry avait fait des devis mais Nicolas, pas convaincu, a mis son véto. « Nous avons globalement la même vision du fonctionnement de l’exploitation et des investissements à y faire, reconnaît Nicolas Honhon. On arrive souvent à se mettre d’accord et on ne fait pas trop extravagance sur les investissements ». D’autant plus qu’une bonne partie du matériel est pensée en Cuma. Le contexte plutôt positif de la filière ovine aide aussi à apaiser le climat. « Nous n’avons pas rencontré de crise majeure qui pourrait tendre les finances et les relations, convient Thierry. Quand nous avions fait nos études prévisionnelles d’installation il y a 10 et 8 ans, nous tablions plutôt sur un prix de l’agneau plus bas qu’actuellement ».

Chacun son chez-soi

Les bénéfices du Gaec étant imposés ainsi que le revenu des associés, Thierry et Nicolas s’étaient un moment posés la question de changer de statut juridique. Mais le Gaec reste le seul statut qui permet d’avoir la transparence des aides PAC ainsi que pour d’autres subventions.

« On n’est pas loin du mariage quand on est associé, remarque Thierry. On passe du temps ensemble et il y a des enjeux financiers. Pour que ça marche, il faut savoir faire des concessions et s’adapter à la décision de l’autre ». Pour Bernard Honhon, 75 ans, le père de Nicolas, le fait d’avoir chacun son habitation un peu éloignée de l’exploitation a pu aider à ce que les éleveurs ne se marchent pas sur les pieds. Il se souvient aussi comment c’est mieux d’être plusieurs face aux coups durs. « Quand il a fallu envoyer 83 brebis pleines à l’équarrissage à cause de chiens, on a pu se soutenir. Alors que quand on est seul, on est seul avec ces emmerdes… » Dernier conseil de celui qui a passé plus de 30 ans en Gaec, « il faut faire un règlement comme si on se séparait douloureusement demain ». Préparer le pire pour vivre le meilleur…

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