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Énergies renouvelables
Des moutons sous les panneaux solaires

Un investisseur souhaite installer une vingtaine de grands parcs solaires sous lesquels pourraient être élevées des brebis. Une opportunité de diversification pour tirer profit du soleil.

En élevant des moutons sous les panneaux photovoltaïques, on peut combiner production d’agneau et d’électricité. Un investisseur — la société Helioprod adossé au groupe d’immobilier Fulton — envisage d’implanter des parcs solaires qui laissent de la place aux moutons. La France dispose actuellement de 6 gigawatts crêtes (GWc) d’installation solaire. Elle s’est engagée à implanter 8 GWc d’ici à 2020. L’Ademe et négaWatt visent eux 140 GWc solaire en 2050 pour parvenir au scénario d’une France avec 100 % d’énergie renouvelable.

Dans ce marché en croissance, la société Helioprod a de l’ambition et elle espère installer 2 GWc, soit 2 000 hectares de panneaux d’ici cinq à dix ans. « Cela représente 20 à 30 projets de 30 à 100 hectares, explique Philippe Perrette d’Helioprod. En misant sur des grands parcs qui diluent les frais de raccordements et grâce à des panneaux cinq fois moins coûteux qu’il y a cinq ans, nous visons des coûts de production de 6 à 7 centimes du kilowattheure, soit à peu près le prix du marché.

Une rémunération de 1 000 à 1 250 euros par hectare et par an

Les régions ciblées sont bien sûr les plus ensoleillées, depuis le sud de la Bretagne jusqu’au pourtour méditerranéen. Cependant, des installations peuvent être imaginées dans toutes les régions de France en fonction de la proximité de raccordement, des subventions des collectivités territoriales ou du nombre de projet sur la même zone.

En fonction de l’ensoleillement, de l’orientation ou de l’éloignement du réseau, l’exploitation du parc photovoltaïque peut permettre de rémunérer le propriétaire des terrains de 1 000 à 1 250 euros par hectare et par an. « Cette rémunération peut améliorer considérablement la situation économique de certains agriculteurs, apprécie Philippe Perrette. Cela peut être une façon d’éviter la friche et de garantir une activité agricole sur ces terres pendant 25 ou 40 ans. » Cela peut aussi permettre d’apporter un complément de retraite à des agriculteurs sans successeur qui ne souhaitent pas céder leurs terres. Un jeune éleveur sans terre pourra alors s’y installer sans payer de fermage. Il pourra même être rémunéré de 150 à 200 euros par hectare et par an pour assurer une présence et une surveillance du site.

Un accompagnement technique vers le 100 % pâturage

Concrètement, après la signature de l’accord, des études de raccordement et d’impact sont lancées et un permis de construire est demandé. Ces deux à trois années avant les travaux sont l’occasion pour argumenter et augmenter l’acceptabilité du projet face à un voisinage parfois réticent. Les travaux d’aménagement comprennent la clôture du parc et les branchements électriques mais aussi la création d’un réseau d’eau pour l’abreuvement du bétail.

Fixés à un mètre de hauteur, les panneaux solaires laissent les animaux déambuler sous les structures entièrement démontables au terme des 25 ou 40 ans de contrat. Larges de trois mètres, les bandes de panneaux, inclinées généralement à 30°, sont espacées de trois mètres pour ne pas se faire d’ombre. La lumière passe donc dessous et l’herbe y pousse facilement. L’ombre des panneaux permet même de garder la fraîcheur de l’herbe plus longtemps. Pour implanter les bonnes espèces et conseiller l’éleveur vers le 100 % pâturage, Helioprod veut faire appel au cabinet-conseil spécialisé dans la gestion des pâturages PâtureSens. Dans ces régions ensoleillées, la présence d’un abri sommaire sous les panneaux permet en effet d’envisager en effet un élevage sans bâtiment. Les solides clôtures entourant le parc sont aussi là pour dissuader les prédateurs comme les voleurs. Par contre, dans ces projets, la possibilité de garder les aides PAC en utilisant ces surfaces est encore incertaine.

Des énergies renouvelables qui gardent une vocation agricole

En savoir plus

Helioprod

La société Helioprod a déjà construit une vingtaine de grands bâtiments solaires pour des éleveurs bovins de l’Aveyron et du Cantal. Adossée au groupe d’immobilier Fulton, l’entreprise a aussi développé des unités de méthanisation. Elle souhaite aujourd’hui investir dans des parcs solaires et agricoles.

pp@helioprod.com – 06 82 60 97 97 - www.helioprod.com

Quatre ans d’expériences dans les Pyrénées-Orientales

« Je suis assuré d’avoir des pâtures de qualité pendant au moins 30 ans » apprécie Jean-Pierre Château, éleveur de brebis à Ortaffa dans les Pyrénées-Orientales. Sur 68 hectares et sous 300 000 panneaux solaires, il mène ses 320 brebis bio tarasconnaises, rouges du Roussillon et croisées. « J’ai 5 hectares en propriété mais je pâturais environ 150 hectares de friches et de garrigues. Le parc solaire se situait sur ma zone de pâture et c’est ainsi que j’ai intégré le projet ».

Un abri contre la pluie et le soleil

Depuis 2013, il utilise cette surface enclose pour y placer ces bêtes, jour et nuit, de fin mai à fin octobre. Une entreprise vient faucher les refus après lui à la fin de l’automne. « Je suis usufruitier du parc mais je n’ai pas d’obligation d’entretien ou de résultats. J’ai les codes et les clefs des portails sécurisés et je viens dans l’un des onze parcs quand je veux avec mes animaux et mes patous. Il y a un point d’eau sur place et je déplace les bacs selon les besoins. » Avant d’implanter les panneaux solaires, l’aménageur (Juwi) avait pris soin de semer du sainfoin, de la luzerne, du dactyle, du ray-grass et différents types de trèfles. « C’est un peu mon estive, apprécie l’éleveur. Les tables font un abri pour les bêtes contre la pluie et le soleil. L’herbe y est moins brûlée en été ». Par contre, les traverses soutenant les panneaux sont un peu basses (de 50 à 80 cm de haut) et les animaux s’y blessent parfois le dos. Avant de s’installer, Jean-Pierre Château a reçu une formation sommaire à la sécurité électrique lui recommandant surtout de ne toucher à rien…

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