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Des innovations pour suivre la pousse de l’herbe

La journée « Innovez au pâturage » a mis en lumière de nouveaux moyens pour suivre la croissance des prairies. Réseau de mesure, herbomètre, drone ou satellite apportent une information de plus en plus précise.

Le 22 septembre, au lycée agricole de Montmorillon, la gestion de l’herbe avait des airs futuristes avec la présentation d’innovations pour suivre la pousse de l’herbe lors de la journée « Innovez au pâturage » organisée par les chambres d’agriculture et les lycées agricoles de la Nouvelle-Aquitaine, l’Inra et l’Institut de l’Élevage. Pour suivre la croissance des prairies, en plus de l’observation directe, le plus simple est actuellement de se servir des informations diffusées régulièrement dans le Bulletin pousse de l’herbe. Depuis 2011, les chambres d’agriculture de Poitou-Charentes observent la croissance de l’herbe en se basant sur les mesures de hauteurs d’herbe à l’herbomètre dans 12 élevages. Diffusées sur le site de la chambre régionale ou envoyé directement par mail, ces mesures, complétées des sommes de températures et de précieux commentaires, permettent d’anticiper la gestion des prairies (mise à l’herbe, enrubannage, foin, ensilage, débrayage de parcelles…).

Herbomètre sur smartphone ou tracté derrière un quad

L’herbomètre, l’outil de mesure de la hauteur de l’herbe, évolue pour devenir plus simple d’utilisation. Grâce à une application sur smartphone, l’herbomètre grasshopper (TrueNorthTechnologies.ie) localise la parcelle et enregistre facilement les mesures d’herbe. Les données sont ensuite aisément envoyées par mail. Cet outil, qui sert principalement aux conseils, est vendu 300 euros auprès de l’Institut de l’Élevage.

Plus élaboré, le Pasturmeter est un herbomètre à accrocher derrière un quad. Les diodes captent jusqu’à 2 000 mesures par minute en roulant à 12 km/h. Cette remorque est vendue aux environ de 5 000 euros en Nouvelle-Zélande par Cedax. L’herbomètre est cependant encore peu utilisé par les éleveurs. « On a nos références visuelles de hauteur par rapport à nos bottes, témoigne ainsi André Delpech, éleveur dans le Lot. Mais, avec 36 parcelles et 1 000 brebis, l’aide de mesures objectives et l’enregistrement de ces données permettent de mieux se rendre compte de la pousse de l’herbe pour prendre les décisions au bon moment ».

Mettre en relation les photos du drone et les mesures à l’herbomètre

À l’avenir, des outils de télédétection pourront donner une image de la biomasse présente. C’est ce qu’explique Jean-Philippe Bernard de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime : « en mesurant les réflectances de différentes longueurs d’onde et en les combinant sous forme d’indice, on peut évaluer l’état végétatif ou physiologique de la prairie observée ». Avec son drone Airinov, il programme un itinéraire de vol pour quadriller la prairie. Il lance en l’air l’appareil qui suit immédiatement la trajectoire enregistrée et, en 7 minutes, 87 photos des 5 hectares sont prêtes à être analysées. « On peut photographier 50 hectares en un seul vol d’une demi-heure. Par contre, le traitement informatique derrière est encore assez long… » Si les images commencent à être exploitables en grandes cultures (pour le blé dur et le colza notamment), il reste encore des recherches à mener pour les prairies. C’est le but du programme Herdect qui débute cette année et qui vise à créer un modèle mettant en relation la réflectance et les mesure à l’herbomètre. En attendant les résultats de ce projet, les mesures par drone peuvent être utiles pour cartographier l’hétérogénéité des sols ou repérer la présence de drains par exemple. « Ces mesures aériennes sont comme des analyses de sol, prédit Jean-Philippe Bernard. Elles ne remplacent pas les conseillers mais apportent de nouvelles informations auxquelles on n’accédait pas facilement auparavant. »

« Demain, les mesures seront surtout données par le traitement des photos par satellites, prédit pour sa part Éric Pottier du service fourrage de l’Institut de l’Élevage. À l’avenir, il sera possible d’aller sur un site internet pour consulter l’état de ses cultures couplé à des données météo et des prévisions de croissance. »

Les lycées passent au pâturage tournant

Le pâturage tournant se base sur des temps de séjour inférieur à 7 jours (objectif de 3 à 4 jours) et un temps de repos et de repousse d’au moins 21 jours par paddock au printemps (30 jours en été et 40 jours à l’automne). Le lycée de Montmorillon s’est lancé cette année dans le pâturage cellulaire pour ses 600 brebis romanes et charmoises qui arpentent 36 cellules de 28 ares en moyenne. Les premières impressions sont plutôt bonnes. Les brebis se sont très vite adaptées aux clôtures électriques et elles ont gardé un plutôt bon état.

La clôture Kiwitech sépare les cellules

Au lycée de Bressuire aussi, le campus des Sicaudières est adepte depuis trois ans du pâturage cellulaire. Les 200 brebis vendéennes pâturent huit hectares, divisés en 26 cellules par le système de clôture Kiwitech à trois fils et piquets légers en fibre de verre. Toutes les parcelles sont alimentées en eau par un réseau fixe à même le sol avec des bassines de 50 litres facilement déplaçables. Le nourrisseur à agneaux est facilement attelable au quad qui est équipé, devant, d’un arceau de franchissement de clôture. Le quad roule, au ralenti, sur la clôture qui s’abaisse sous le poids de l’engin.

Des clôtures connectées

Recevoir un SMS de sa clôture n’est plus de la science-fiction. De nombreux fabricants proposent du matériel pour piloter à distance sa clôture électrifiée. Ainsi, le fabricant allemand Horizont place dans ses électrificateurs un GPS qui mémorise sa position et informe l’éleveur par SMS si le boîtier bouge de plus de 300 mètres. De quoi repérer facilement les voleurs et sauver un matériel qui peut coûter, avec les panneaux solaires, près de 1 000 euros. L’alimentation électrique de la clôture peut aussi être contrôlée par l’envoi de SMS. Chez Gallagher aussi, les électrificateurs se pilotent à distance par une télécommande ou par SMS. Contre le vol, ils peuvent être reliés à des alarmes lumineuses ou sonores.

Chez le fabricant français Lacmé, c’est une nouvelle application sur smartphone ou tablette qui permet de diriger l’électrificateur. La LBox permet ainsi d’électrifier ou non sa clôture mais aussi de connaître les éventuelles pertes de charges. Un système d’alerte par notification avertit l’utilisateur en cas de pertes de courant trop importantes.

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