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Des ateliers riches en technique à Carmejane

Sept ateliers thématiques ont été proposés aux participants de la journée technique sur la ferme expérimentale de Carmejane.

Ce sont plus de 110 éleveurs ovins et 70 élèves des lycées agricoles qui ont participé à la journée technique sur la ferme expérimentale de Carmejane, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le 12 avril dernier. Malgré le froid et la pluie battante présents toute la journée, les participants ont pu assister à sept ateliers thématiques portant sur les expérimentations et des innovations pratiques. Cet évènement a lieu une fois tous les deux ans et permet de rendre compte des résultats des expérimentations menées sur la troupe ovine de la ferme expérimentale de Carmejane. L’atelier « la contention pour réduire la pénibilité » a suscité un grand intérêt chez les éleveurs qui ont pu découvrir des installations permettant de travailler plus confortablement, plus vite et plus efficacement. Sylvain Béhéty, responsable du pôle technique de la coopérative l’Agneau soleil et Pierre-Guillaume Grisot, ingénieur à l’Institut de l’élevage ont présenté notamment une cage de contention qui serre les brebis par les flancs. Le couloir d’amenée à la cage est en pente, ce qui permet à l’animal d’être à la hauteur de l’éleveur et celui-ci peut travailler sans « se casser le dos ». La cage est activée par une pédale large sur laquelle l’éleveur marche, lui laissant ainsi les mains libres pour les manipulations. Sylvain Béhéty rappelle également à l’assistance quelques règles pour mettre en place un couloir de contention qui fonctionne bien. « Il faut jouer sur l’instinct grégaire des brebis c’est pourquoi un couloir en U est la meilleure disposition possible. La brebis ne voit pas celle qui est devant et n’a qu’une envie, c’est de ne plus être seule ! ».

Il faut se montrer plus intelligent que les brebis !

Sylvain Béhéty insiste sur un autre trait comportemental ovin : « la brebis est une proie et se comporte comme telle : une fois immobilisée, elle ne cherche plus vraiment à se débattre ». Ce principe a été utilisé pour concevoir le couloir motorisé « restrainer ». La brebis est immobilisée, tenue par les flancs sans que ses pattes ne touchent le sol. C’est le manipulateur qui décide de la vitesse et du sens de la marche du tapis roulant. Vincent Briançon, qui élève 200 brebis en système agropastoral dans les Hautes-Alpes, qui assiste à la démonstration, reconnaît : « la contention moderne devient indispensable, on ne peut pas continuer à s’user au travail ». 

Dans un autre bâtiment, Jean-Christophe Natorp, vétérinaire à l'Agneau Soleil, Marie Breissand, de la chambre d'agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et Laure Eon, du GDS 13, exposaient les clés de la prévention en élevage ainsi que des indications sur les traitements alternatifs. La phytothérapie et l’homéopathie ont été mises à l’essai sur la ferme expérimentale de Carmejane sur des brebis sur la période entourant l’agnelage et sur des agneaux tout juste nés ou jeunes. Afin de limiter les risques de renversement de vagin, les experts recommandent une complémentation en zinc pendant 10 jours avant la mise bas, à hauteur de 0,5 g par brebis, mélangé à du sel. En prévention de la coccidiose chez l’agneau, il est préférable de distribuer de l’argile à volonté et de donner accès aux agneaux à de l’eau à laquelle est ajouté 10 % de vinaigre de cidre pendant une semaine avant qu’ils ne commencent à manger. Pour traiter le début de diarrhée d’un agneau, la tisane de foin est bien indiquée. L’éleveur fait infuser du foin de pré de bonne qualité pendant trois heures dans de l’eau à 37 °C. Plus loin, le directeur de l’exploitation de Carmejane, François Demarquet et Caroline Barbot de la chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence reprenaient les notions essentielles à connaître pour utiliser au mieux les prairies.

Gérer ses prairies et les animaux dans celles-ci

Bien que la météo n’ait pas permis à l’atelier de se dérouler in situ, les éleveurs ont pu réviser ou découvrir les points essentiels pour avoir de l’herbe tôt au printemps et réussir un pâturage précoce. Il est important d’anticiper la mise à l’herbe et ne pas se laisser dépasser par l’herbe. Lors de la mise à l'herbe au printemps, la hauteur d'herbe ne doit pas dépasser 10 cm et, s'il y a des surfaces suffisantes, il est même préférable de mettre les animaux plus tôt puisque à cette période la pousse est très active. Les animaux doivent bénéficier d’une transition alimentaire lors de la mise à l’herbe sur au moins une semaine avec une complémentation en ration sèche (foin ou paille) et un apport minéral, surtout en magnésium. Les deux intervenants ont tenu à rappeler les étapes pour bien gérer le pâturage tournant. La hauteur d’herbe doit impérativement être comprise entre 6 et 15 cm et il faut laisser un temps de repousse suffisant pour que la parcelle puisse reconstituer ses réserves, soit trois semaines au printemps et six à sept semaines en été. Dans un autre atelier, l’Institut de l’élevage et le Cerpam détaillaient le projet Clochète, qui vise à équiper certaines brebis d’un troupeau de balise GPS couplée à un accéléromètre. Ces capteurs embarqués permettent d’alerter l’éleveur en cas de franchissement de la limite de la parcelle par la brebis et cela va encore plus loin avec une surveillance du comportement au pâturage. L’accéléromètre pourrait indiquer par exemple si les temps de rumination sont bons ; la balise GPS permet de visualiser les zones du parcours les plus fréquentées par les animaux. Enfin, un comportement anormal, comme la fuite devant un prédateur, peut également être détecté.

En vente directe, un revenu horaire de 22,80 euros

Enfin une intervention sur la vente directe a été assurée par des conseillers des chambres d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes et par Rémi Leconte de la maison régionale de l’élevage. Cet atelier a particulièrement plu à Marc Morpain, éleveur de 250 brebis. Il commercialise ses agneaux en vente directe et avoue avoir été surpris par l’exemple donné et la marge nette dégagée par agneau. Selon l’exemple de l’exposé, avec un prix final client de 13 euros TTC du kilo de viande, l’éleveur se fait une marge nette de 25 euros par agneau soit une rémunération horaire de 22,80 euros. « On apprend certaines choses et on révise aussi nos acquis, ça nous fait des piqûres de rappel », ajoute Marc Morpain. « C’est une très bonne journée, c’est intéressant pour nous. La bonne organisation nous permet de faire tous les ateliers, remarque l’éleveur Vincent Briançon. Pour ma part j’ai fait l’atelier sur les GPS et sur la contention. C’est bien d’être informé de ce qui se fait à Carmejane ! ».

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